Le sort des crucifix de l’Assemblée nationale du Québec est définitivement scellé. Ils sont maintenant suspendus, côte à côte, derrière une vitrine, entre les Salons bleu et rouge; un endroit communément appelé le « parquet ». Les travaux se sont terminés lundi, veille de rentrée parlementaire.
Pendant l’ère de Maurice Duplessis, un premier crucifix avait été accroché en 1936 derrière le fauteuil du président de l’assemblée. En 1982, il avait été remplacé par un autre de l’artisan Romuald Dion, qui estimait l’original de piètre qualité.
Le second a été au cœur d’une vive controverse dans les dernières années. Beaucoup estimaient que la laïcité de l’État passait aussi par le retrait symbolique du Christ en croix de l’endroit où sont votées les lois.
Mais de nombreux politiciens ont longtemps plaidé qu’il s’agissait d’un « objet patrimonial », qui représente l’importance du catholicisme à une autre époque.
Pourtant, le premier crucifix s'est longtemps retrouvé au fond d’une boîte aux archives de l’Assemblée nationale. Et ce n’est que tout récemment que sa véritable identité a pu être confirmée, grâce à des analyses plus poussées, puisque les historiens ignoraient auparavant s’il s’agissait de celui du Salon bleu ou du Salon rouge, toujours perdu.
La marque patrimoniale du crucifix prend dorénavant une autre dimension avec ce débat qui a mené à son retrait par la voie d’une motion adoptée à l’unanimité en mars dernier. Il s’agissait d’un compromis proposé par le gouvernement caquiste en vue de l’adoption de sa loi sur la laïcité, pour « rassembler le maximum de Québécois ». Le crucifix a finalement été retiré en catimini en juillet.
« Depuis septembre 2019, peut-on lire au bas de la vitrine, les deux crucifix sont exposés afin de témoigner de leur importance dans l’histoire et le patrimoine parlementaires québécois. »
Le coût de l'installation s'élève à plus de 4500 dollars.
Un fond bleu rafraîchi
Lorsque le crucifix a été retiré au courant de l’été, le souvenir de sa présence demeurait, en raison de la décoloration du tissu bleu sur le trône du président.
Des travaux ont permis de l’effacer à jamais.
Selon toute vraisemblance, la première période des questions de la session, qui se tiendra le mardi 17 septembre, sera donc la première sans la présence du Christ en croix depuis 1936.
Mathieu Dion est correspondant parlementaire à Québec