En 2003, nous avons connu «Nous sommes prêts». En 2008, nous nous sommes faits susurrer «Les deux mains sur le volant». Nous connaissons les résultats: un apprenti sorcier qui veut être partout sauf à l'endroit où il devrait être, un apprenti sorcier qui veut tout faire et dont nous ne voyons pas le début d'un accomplissement. Depuis 2003, le Québec se retrouve à vivre un profond coma. Notre apprenti sorcier a déjà qualifié le chef de l'opposition officielle de l'époque, de girouette. Force est de reconnaître qu'il mérite, lui, le qualificatif de moulin-à-vent: beaucoup de mots, beaucoup de promesses, beaucoup de projets et finalement le vide absolu.
Qui plus est, notre apprenti sorcier, durant la dernière campagne électorale provinciale, qualifiait d'irresponsables, d'alarmistes tous ceux et toutes celles qui s'inquiétaient de l'état des finances publiques du Québec. Ajoutons à ce tableau que celui qui règne sous les cieux outaouais, lui, n'a pas vu venir la présente récession, pas plus malin non plus.
Ce qui fait en sorte que le bon peuple que nous sommes, canadien du côté pile et québécois du côté face, nous nous retrouvons «pognés» entre le marteau et l'enclume. Et comme le soulignent les commentateurs, notre apprenti sorcier en plus d'avoir les deux mains sur le volant, les a aussi dans nos poches. Tout ça pour notre bien, nous faisons-nous dire; pauvres de nous, comme aurait dit Sol.
«Gouverner, c'est prévoir»: cette formule est bien connue, elle date du XIXe siècle. Gouverner, c'est scruter le futur. Gouverner, c'est imaginer l'avenir, pour l'orienter ou s'en prémunir; c'est réfléchir au-delà de la durée d'un mandat dont l'élu est investi par ses concitoyens. Ce n'est pas notre réalité, tant du côté face que du côté pile, nous devons constater que nous sommes plus au ras des pissenlits que dans un embelli quelconque. Cette faculté de prévoir qui devrait être la qualité première de toutes personnes politiques est dangereusement absente, comme nous pouvons le constater sur les deux rives de la rivière des Outaouais. Ce qui fait en sorte que nous devrons encore payer pour les mauvais «castings» que nous avons faits il y a quelques années.
Globalement, ce n'est pas tant de payer des impôts, des taxes ou des contributions diverses qui est dramatique, c'est de nous faire conter fleurette en nous faisant promettre des baisses «de ci» ou «de cela», que les délais d'attente vont diminuer, que le CHUM va lever de terre dans la prochaine année, que le Plan Nord est la trouvaille du siècle, que la centrale du Suroît est indispensable pour notre sécurité énergétique, que le Parc du Mont Orford sera revitalisé, que les défusions vont améliorer les services, que le monde de la construction est blanc comme neige, que les finances publiques sont roses bonbons. Nous pouvons continuer cette liste «ad nauseam».
Il faut aussi nous reconnaître un certain degré de responsabilité dans ces situations: nous aimons mieux fantasmer sur un quelconque mirage que sur des lendemains où nous déchanterons en coeur. Existe-t-il une quelconque personne qui aura le courage politique de nous donner l'heure juste aujourd'hui, les nécessaires correctifs à apporter, le tout dans un partenariat social, pour que nous ayons des demains ou des surlendemains moins catastrophiques? Je continue à rêver.
Bernard Fournelle
Granby
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