BARRETTE ET LES SPÉCIALISTES

Le conflit s’envenime

La FMSQ refuse de se laisser intimider et ripostera aujourd’hui

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Vers une grève des médecins spécialistes [comme en 1970 ?->http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/2093.html]

L’intransigeance des médecins spécialistes pourrait mener à la promulgation d’une loi spéciale à leur endroit, alors qu’une entente semble encore possible avec les médecins omnipraticiens, a déclaré mardi le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Ce dernier accuse aussi les spécialistes d’avoir formulé des « menaces voilées » concernant l’éventualité d’une loi spéciale.

Cette apparente tentative pour isoler la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) est très mal reçue dans les rangs de la principale intéressée, où on glisse qu’on ne se « laissera pas intimider ». La fédération ripostera, mercredi, dans un point de presse auquel elle a convié les médias. « Ce n’est pas vrai que nous avons menacé de mettre en oeuvre des moyens de pression [dans l’éventualité d’une loi spéciale] », ajoute Nicole Pelletier, directrice des affaires publiques à la FMSQ.

Le blitz de négociation se poursuit entre Québec et les médecins pour étaler les hausses salariales négociées en 2006. Mais, aux dires du ministre Barrette, il n’y a qu’avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) que le dialogue soit constructif.

« La FMOQ est dans un mode beaucoup plus de résolution », a expliqué le ministre. À l’inverse, avance-t-il, « la FMSQ est arrivée avec une proposition sans chiffres. Ils nous demandent de leur donner ce qu’ils veulent dans un premier mandat et de parler du deuxième mandat après. Ça ne marche pas comme ça ! » Multipliant les entrevues, mardi, il a même comparé l’attitude des spécialistes à vouloir « le beurre, l’argent du beurre, la vache, la laitière et la ferme. On ne peut pas tout avoir dans la vie ! » Dans une autre entrevue, il a parlé de la position « rigide et dogmatique » des spécialistes. Bref, les attaques se sont multipliées toute la journée, alors qu’un ton beaucoup plus conciliant est utilisé pour parler des médecins omnipraticiens.

Le ministre pourrait donc réserver l’exclusivité d’une loi spéciale à ses anciens collègues. « Il est très possible qu’on s’entende avec une des deux fédérations et qu’on ait à prendre certaines actions, incluant une loi spéciale, avec l’autre », a-t-il confirmé.

Il affirme que le temps presse. « C’est dans les deux prochaines semaines que cette affaire doit se régler, dit-il. Ce n’est pas un ultimatum, mais un moment donné, il faut arriver au retour à l’équilibre budgétaire. Après quatre mois de négociations, il faut aboutir ! »

Un enjeu de 1,2 milliard

Où en sont, au juste, les négociations ? D’abord, le ministre Barrette a précisé que c’est une somme totale de 1,2 milliard de dollars qu’il cherche à étaler dans le temps, idéalement sur neuf ans, un chiffre qui dépasse les estimations avancées par le passé. Cet écart serait causé par les sommes dues aux médecins pour les années passées, mais qui n’ont pas été versées sous le gouvernement péquiste de Pauline Marois.

Selon M. Barrette, ces arrérages totalisent 440 millions de dollars. « Si le PQ avait respecté les paramètres du contrat et pas perdu le contrôle des finances publiques, ça aurait été un étalement d’environ 750 millions », a expliqué le ministre en entrevue avec Paul Arcand. Le gouvernement précédent avait suspendu le versement des hausses aux médecins en raison des élections, au printemps dernier. À son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral n’a pas davantage libéré les sommes, toujours gelées par les négociations.

Les discussions avancent avec la FMOQ, concèdent les deux parties. « Il y a du progrès », indique Jean-Pierre Dion, directeur des communications. « La FMOQ a fait un effort substantiel depuis la semaine dernière », selon le ministre Barrette. Mais de ce rapprochement « encourageant » à la signature d’une entente, il y a un pas. La FMOQ aurait proposé un étalement sur sept ans.

Avec la FMSQ, il faudrait plutôt parler de fossé, puisque la fédération souhaite que les hausses soient étalées dans un premier mandat libéral. « Ça signifie qu’on remettrait le Québec en déficit dès la première année après un retour à l’équilibre budgétaire », s’est insurgé Gaétan Barrette.

M. Barrette a affirmé que la FMSQ n’avait pas détaillé quelles pourraient être les conséquences auxquelles le gouvernement s’exposerait avec une loi spéciale. « Il n’y a pas eu de menaces comme telles, il y a eu des menaces voilées en nous disant : “ voici, s’il y a une loi spéciale, vous verrez bien comment ça va aller dans les quatre prochaines années ”. »

Les discussions autour du versement des indemnités des deux premières années sont particulièrement difficiles, puisque c’est dans ces délais que le gouvernement veut atteindre l’équilibre budgétaire.

Selon M. Barrette, les discussions pourraient se régler dans quelques jours avec un peu de bonne volonté. « Nous sommes rendus à un point où nous n’avons plus à nous rencontrer comme tel, a-t-il dit. Je pense qu’on peut s’échanger des fichiers parce que là, on a fait le tour du sujet c’est une question de chiffres. Alors je leur ai très clairement dit que j’étais disposé aujourd’hui à recevoir une vraie proposition complète à laquelle je répondrai. On peut s’échanger ça, ça peut aller très vite. Cette situation peut se régler dans les prochains jours des deux côtés. »


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