Endettement québécois

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On nous avait promis la liberté infinie. Le résultat n’est pas à la hauteur.





La nouvelle date d’il y a deux semaines, et pourtant, elle sera encore longtemps dans l’actualité: les ménages québécois sont parmi les plus endettés en Amérique du Nord.


La question en est d’abord une de finances personnelles: en un mot, le commun des mortels gagne moins qu’il ne dépense.


Les cartes de crédit sont remplies, les factures sont toujours plus nombreuses, les dettes de différentes natures s’accumulent. La vie pèse de plus en plus.


On panique, on suffoque, on étouffe. Combien sont-ils, aujourd’hui, à toujours redouter d’une manière ou d’une autre le jour où leurs finances craqueront?


Le premier réflexe, pour certains, c’est d’inviter les individus à se responsabiliser.


C’est le fameux: en as-tu vraiment besoin du comptable-vedette Pierre-Yves McSween.


En posant cette question simple, McSween a rappelé un principe cardinal, celui de la responsabilité individuelle. Nous sommes chacun responsable de notre propre sort, de notre destin.


L’individu ne devrait pas se laisser dicter sa vie par ses seules impulsions, par ses seuls désirs.


Comment être en désaccord avec cet appel ?


À terme, il aura un bien plus grand plaisir à ne pas dépenser pour un machin inutile que de se laisser aller à sa frénésie consommatrice. L’épargnant est un homme heureux.


Mais il faut voir dans quel monde nous évoluons.


L’individu, aujourd’hui, est de moins en moins protégé contre le délire de la consommation.


Il est soumis aux pressions d’un capitalisme devenu fou. Partout, il est agressé par la publicité. Partout, on l’incite à consommer.


Il lui faut un écran plasma toujours plus gros, une voiture toujours plus neuve, un téléphone intelligent toujours plus performant. S’il ne se soumet pas à cette injonction à la consommation, il se sent déclassé, dévalorisé et incapable de suivre le rythme.


Le snobisme ambiant jouera contre lui. On lui dit: consomme ou crève.


Pire encore: la propagande publicitaire cultive notre insatisfaction. Elle excite nos désirs sans jamais offrir autre chose pour les combler que des produits périssables. Elle nous pousse dans les boutiques en nous disant qu’on y trouvera ce qui nous manque pour être heureux.


Nous vivons dans une société qui cultive de moins en moins les grandes vertus.


Autrefois, il y avait d’autres modèles à suivre que celui de l’homme riche, tout-puissant parce que capable de satisfaire ses désirs sans la moindre contrainte.


Modèles


Il y avait la figure du héros, qui trouvait du sens dans son existence en affrontant de grands défis et de grandes aventures.


Il y avait la figure du prêtre, qui cultivait une existence spirituelle.


Il y avait la figure du savant, dont le savoir était une immense richesse.


À ceux-là, on ne promettait pas nécessairement une vie fortunée, mais une existence avec une vraie richesse intérieure.


Peut-être faudrait-il redécouvrir l’héritage de ces figures oubliées et se demander ce qu’il a à nous dire.


On nous avait promis la liberté infinie. Le résultat n’est pas à la hauteur.




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