Centres jeunesse, CHSLD, cliniques externes en pédiatrie, oncologie… Les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) pourront bientôt exercer dans plusieurs nouveaux milieux, a appris Le Devoir. Les programmes sont prêts, mais le financement des places à l’université se fait attendre.
Les universités en sont à peaufiner une refonte complète des programmes de formation pour accueillir les nouvelles cohortes dès l’automne 2017. Québec leur a aussi fixé des cibles d’inscription pour remplir la promesse libérale de former 2000 IPS en dix ans.
Mais l’argent pour financer cette révolution dans le monde de la « super infirmière » tarde.
« Nous n’en sommes plus à l’étape des voeux pieux. Il faut passer à l’action. Ça presse », lance la présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), Lucie Tremblay, en entrevue. Elle s’impatiente de voir se concrétiser la promesse du gouvernement de former 2000 IPS sur dix ans. « Ça fait deux ans qu’on nous a fait cette promesse, et le temps passe. C’est maintenant qu’il faut prendre des décisions, ouvrir des places dans les universités, ouvrir des postes dans le réseau. La population du Québec en a besoin. C’est une solution qui a fait ses preuves partout. »
Projet de règlement
Lucie Tremblay confirme que des travaux communs avec le Collège des médecins du Québec (CMQ) ont permis d’élaborer un projet de règlement qui élargira considérablement le rôle des IPS. Les universités ont revu les programmes de formation en fonction de ces nouveaux rôles.
Les infirmières estiment que 85 % de leurs espérances sont remplies avec le règlement, qui a été envoyé à l’office des professions pour une première révision.
Reste une déception. Elles n’ont pas réussi à s’entendre avec les médecins pour obtenir le droit de prescrire pour la première fois un traitement pour une maladie chronique. « On s’étonne de cela, nous sommes déçues, dit Lucie Tremblay. C’est bien documenté que les IPS peuvent initier un traitement pour le diabète ou l’hypertension par exemple. »
Nouvelles spécialités
Sur le plan des nouveautés, de nouvelles spécialités IPS en clientèles adultes, en pédiatrie et en santé mentale verraient le jour. Ces spécialités remplaceraient celles en néphrologie et en cardiologie qui sont enseignées actuellement. « Ce sera plus flexible, explique Lucie Tremblay. Une IPS pourrait travailler quelques années en cardiologie puis aller en oncologie par exemple, avec une formation complémentaire. »
Autre nouveauté, les IPS en néonatalogie pourraient continuer à soigner les bébés prématurés une fois leur congé de l’hôpital obtenu, puisqu’elles seraient autorisées à faire des visites à domicile.
Quant à elles, les nouvelles IPS en pédiatrie pourraient suivre des enfants aux prises avec des maladies chroniques, par exemple.
En santé mentale, l’OIIQ espère que les 80 infirmières qui font actuellement une maîtrise pourront obtenir leur titre d’IPS grâce à une formation passerelle. « Elles pourront être très présentes en première ligne avec les omnipraticiens qui traitent 80 % des problèmes en santé mentale », explique France Laflamme, conseillère à la qualité à l’OIIQ.
Il y aurait toujours des IPS en première ligne, mais leur champ d’action serait élargi. Elles pourraient désormais travailler en CHSLD et avec la clientèle des centres jeunesse, deux secteurs où l’accès aux soins est déficient.
Cette nouvelle manière de diviser les champs d’expertise des IPS est plus souple et répond mieux aux besoins de la population, a indiqué le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) au Devoir.
Un beau plan, mais…
Plusieurs sources ont confirmé au Devoir que le MSSS a transmis des cibles de formation des IPS qui placent l’atteinte de formation de 2000 d’entre elles à 2025. Lors de la campagne électorale de 2014, les libéraux avaient promis la formation de 2000 IPS sur dix ans.
Les programmes de formation des IPS ont eu la commande d’augmenter graduellement le nombre d’admissions, pour passer, à l’échelle du Québec, d’une centaine à 270 nouvelles inscriptions par an.
Il y a certains obstacles à cet objectif, dit Patricia Bourgault, qui préside la Table sectorielle nationale des RUIS en soins infirmiers du Québec, mais qui est aussi vice-doyenne aux sciences infirmières à l’Université de Sherbrooke.
La commande est claire du côté du MSSS, mais les ressources n’ont pas encore suivi du côté de celui de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). « On veut remplir cette commande-là, dit Mme Bourgault. Mais pour l’instant, on doit se débrouiller. Il y a quand même des coûts à la formation. »
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé