Ottawa -- La volte-face surprise du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a changé d'avis sur son avenir politique en 24 heures le 12 mai dernier, n'a pas érodé la confiance que les Québécois ont en lui. Au contraire, depuis quelques semaines, le parti souverainiste à Ottawa a même accentué son avance sur le Parti conservateur dans les intentions de vote au Québec. C'est ce qui se dégage du volet fédéral du sondage Léger Marketing-Le Devoir. Par contre, le potentiel de croissance des votes est beaucoup plus fort chez les conservateurs, puisque 56 % des répondants affirment être satisfaits du gouvernement Harper, une donnée importante.
Si une élection avait eu lieu sur la scène fédérale entre le 23 et le 26 mai, le Bloc québécois aurait récolté la faveur de 36 % des répondants québécois (après répartition des indécis). C'est une progression de 2 % depuis le dernier sondage de la firme Léger Marketing paru le 16 avril dernier. Le Parti conservateur, de son côté, revient à 28 %, après un bond à 34 % en avril, quelques jours après le dépôt du budget fédéral. «Ce n'est pas une baisse du Parti conservateur, mais un retour à la normale. Ses intentions de vote tournent habituellement autour de 26 à 28 % depuis un bon moment au Québec», souligne Jean-Marc Léger, président de la firme Léger Marketing.
Pour le Parti libéral du Canada, les intentions de vote ne décollent toujours pas. La formation de Stéphane Dion est maintenant talonnée par le NPD dans la province. Ainsi, à peine 17 % des 1001 répondants voteraient pour le PLC, contre 13 % pour le NPD. Il s'agit d'une baisse de 2 % pour les libéraux et d'une hausse de 4 % pour les néo-démocrates depuis le 16 avril. Le Parti vert d'Elizabeth May récolte 5 %.
Chez les électeurs francophones qui décident du sort des politiciens dans une cinquantaine de circonscriptions au Québec (sur 75), le portrait est encore plus sombre pour les libéraux fédéraux. À peine 13 % des francophones voteraient pour Stéphane Dion. C'est un point de moins que le NPD (14 %). Le Bloc québécois est solidement en avance chez les Québécois francophones, avec 40 %, contre 26 % pour le Parti conservateur.
«La marque libérale est ternie au Québec depuis le scandale des commandites. 13 %, c'est extrêmement faible. Même chez les non-francophones, le PLC est devancé par le Parti conservateur (31 % contre 35 %), ce qui est unique», explique Jean-Marc Léger. Un tel résultat ne permettrait pas au PLC d'augmenter le nombre de sièges qu'il est allé chercher au Québec à la dernière élection (le PLC en a obtenu 13, le Bloc 51 et le PC 10).
Selon Jean-Marc Léger, les intentions de vote montrent que les Québécois ont facilement pardonné à Gilles Duceppe sa valse-hésitation entre le PQ et le Bloc il y a un peu plus de deux semaines. Mais pour être bien certain, Léger Marketing a demandé aux électeurs en quel chef politique ils avaient le plus confiance. Encore là, Gilles Duceppe arrive en tête (30 %), devant Stephen Harper (28 %), Jack Layton (16 %) et Stéphane Dion (13 %). Elizabeth May, peu connue au Québec, récolte 2 %.
Les francophones font davantage confiance à Gilles Duceppe (35 %) devant Stephen Harper (26 %), alors que chez les non-francophones, Harper est fortement en avance. Pas moins de 38 % des répondants allophones lui font le plus confiance, devant Stéphane Dion (21 %), Jack Layton (15 %) et Gilles Duceppe (8 %).
«Gilles Duceppe n'a pas perdu de point [personnel] ni d'intentions de vote malgré ses difficultés. Sa crédibilité n'est pas atteinte. L'indicateur de confiance n'a pas bougé», affirme Jean-Marc Léger.
Par contre, le potentiel de croissance de la formation souverainiste est faible, dit le sondeur. «L'appui à la souveraineté du Québec est présentement à 39 %, soit son plus faible résultat depuis 2002 [voir le sondage paru hier]. Or c'est à peine 3 % de plus que les intentions de vote du Bloc, ce qui n'est pas bon signe», dit le président de Léger Marketing.
Les meilleures perspectives d'avenir sur la scène fédérale au Québec se trouvent du côté des conservateurs, juge Jean-Marc Léger. Le gouvernement Harper reçoit en effet un taux de satisfaction de 56 % dans la province, alors que 40 % des citoyens sont insatisfaits de ses actions. «Dans les pays occidentaux, c'est très rare maintenant que les gens soient majoritairement satisfaits d'un gouvernement. Les électeurs sont de plus en plus critiques. Il y a deux fois plus de gens satisfaits du gouvernement que de gens prêts à voter pour Stephen Harper. Il y a là un potentiel de croissance beaucoup plus élevé que dans tout autre parti fédéral», dit-il.
Mais, visiblement, le premier ministre ne suscite toujours pas d'engouement chez plusieurs électeurs. «Les citoyens respectent Harper, mais ils ne l'aiment pas encore. La connexion émotive n'est pas faite. Sauf que le taux de satisfaction montre que les gens cherchent des raisons de voter pour lui, sans toutefois les avoir trouvées pour l'instant», dit Jean-Marc Léger.
Selon lui, le portrait général de la situation montre que les courses à trois pourraient être nombreuses au Québec lors du prochain scrutin fédéral. Une division du vote fédéraliste, notamment entre les conservateurs et les libéraux, pourrait avantager le Bloc québécois, dit-il. «Mais ça devient très imprévisible les courses à trois», précise toutefois le sondeur. Le coup de sonde a été réalisé par téléphone entre le 23 et le 26 mai auprès de 1001 personnes. La marge d'erreur est de 3,1 % 19 fois sur 20.
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