Si le projet de Charte des valeurs québécoises suscite tant de réactions haineuses et violentes de la part de certaines élites, de la part des islamo-gauchistes, de la part du Canada anglais et d’une sphère médiatique québécoise inféodée à des intérêts privés, c’est qu’il va à contre-courant de la Charte canadienne et de son credo multiculturaliste et qu’il participe par le fait même à l’affirmation de l’identité nationale du Québec.
C’est là l’idée centrale récurrente qui est ressortie du colloque intitulé Une Charte pour la nation organisé par Génération Nationale le samedi 21 septembre dernier. Près de trois cents personnes ont assisté à cet événement tenu dans les locaux de la SSJB de Montréal.
«Le cadre fédéral, a notamment affirmé Sébastien Bilodeau, le secrétaire de Génération Nationale, valorise l’individualisme» au détriment des droits collectifs. «La Charte transgresse ainsi ce cadre fédéral.» Le ton était donné.
La présence de l’ex-premier ministre du Québec, Bernard Landry, à cette rencontre - qui s’est penché sur «les vrais affaires», comme l’a souligné le sociologue Mathieu Bock-Côté - était lourde de significations. Bernard Landry, qui soutient la Charte des valeurs québécoises (il aurait toutefois préféré qu’on la nomme «Charte de la laïcité» en ce que les valeurs québécoises vont plus loin que la laïcité) incarne la volonté de lancer des ponts entre les générations et la volonté de transmettre aux jeunes générations le projet d’indépendance nationale. Rappelons que Bernard Landry était aussi présent lors de la création de Génération Nationale. Il veille pour ainsi dire à la suite du monde… Il a d’ailleurs rappelé samedi à l’ouverture du colloque que le projet indépendantiste n’était pas le projet d’une «race» mais le projet de rassembler tous ceux qui peuplent le Québec, peu importe leurs origines et leurs religions. Il en va de même pour la Charte des valeurs.
Au-delà de la laïcité
Ainsi, la Charte des valeurs québécoises transcende la laïcité puisqu’elle porte en elle-même la souveraineté du Québec, comme l’a souligné le politologue Christian Dufour. Elle porte sur «la spécificité identitaire du Québec au sein du Canada» car la modernité québécoise est davantage associée à la laïcité, ce qui n’est pas le cas pour le reste du Canada. Dufour ne manque pas d’ailleurs de mettre en relief l’intolérance du Canada lorsque «le Québec veut être le Québec».
La conquête, rappelle-t-il, fut certes une agression contre les citoyens de la Nouvelle-France mais elle fut aussi une fécondation pour le Québec. L’agression fut «une confiscation de l’énergie collective qui découle de l’identité nationale». «Il est donc très menaçant pour le Canada, explique Christian Dufour, de reconnaître le Québec.»
Et ce qu’il y a de plus ironique dans cette posture, c’est que le Canada se trouve ainsi en guerre contre son peuple fondateur, celui qui s’y implanta 226 ans avant la Conquête. Dufour soutient ainsi, dans ce contexte, que la Charte proposée par le gouvernement du Parti québécois est «une Charte pleine de bon sens dans le débat politique» national. Pour lui, «un fonctionnaire est un fonctionnaire» et non un panneau-réclame religieux.
Un combat pour la différence
Le politologue a qualifié d’«horribles» les réactions du Canada anglais à propos du projet de Charte; il a été outré que le Globe and Mail ait eu ce réflexe grossier de comparer le Québec à l’Arabie saoudite. «On voit où est l’intolérance», a-t-il lancé. «C’est rendu que le seul fait de rappeler qu’un fonctionnaire ne doit pas porter de signes religieux ostentatoires fait de nous des intolérants! Je n’en reviens pas. Il me semble que l’État ce n’est pas seulement un concept. L’État s’affirme aussi à travers les individus» qui le représentent.
Nous sommes donc en plein combat pour la différence avec le reste du Canada, estime le politicologue. Il a rappelé qu’après la Commission Laurendeau-Dunton le Canada a opéré un glissement du biculturalisme vers le multiculturalisme qui s’est cristallisé dans le rejet des Accords du lac Meech. Nous assistons donc, constate-t-il, à «l’incapacité du Canada à assumer le Québec». Le Canada est complètement et irrémédiablement déconnecté du Québec et de sa réalité. Il se crispe, en tant que système idéologique, dans une rigidité que la Cour suprême entérine à répétition lorsqu’elle fait des droits religieux des droits fondamentaux, droits qui sont en réalité «des caprices identitaires». Cela est «malsain», affirme Christian Dufour, et c’est «une insulte à tous ceux qui voient leurs droits fondamentaux brimés».
Ce courant idéologique ne se contente pas de rejeter le Québec, il incarne une conception de la société de plus en plus individualisée au sein de laquelle les replis identitaires sont banalisés. Christian Dufour a illustré son propos en donnant l’exemple du chroniqueur Patrick Lagacé de La Presse pour qui toutes ces dérives et ce prosélytisme n’ont aucune importance. «Pour lui, ce n’est pas grave...»
L’enjeu fondamental
Dufour souhaite, même au prix de quelques aménagements, que la Charte des valeurs québécoises passe le test de l’Assemblée nationale. Mais il est fort probable, malgré l’approbation de ses élus, que la Charte se retrouve un jour devant la Cour suprême. Cette dernière aura alors le choix de donner un sens à la société distincte qu’est le Québec en gardant intacte cette loi citoyenne et émancipatrice ou encore elle aura le choix de réaffirmer le «réflexe colonisateur» du Canada anglais et de nous faire savoir encore que «le Canada est bâti sur la négation du Québec». Tel est l’enjeu fondamental.
D’ailleurs, à propos de la validité légale de la Charte des valeurs québécoises, l’avocat François Côté a longuement étudié la question en regard du droit canadien et il conclut que la Charte ne pourra être jugée discriminatoire car elle est parfaitement conforme à l’exigence constitutionnelle, donc justifiable au sein d’une société libre et démocratique.
Si la Charte des valeurs québécoises ne devient pas force de loi, ajoute encore Christian Dufour, les élites québécoises auront alors laissé tomber le peuple. «Il y aura danger de xénophobie», estime-t-il. Même si «nous ne sommes pas xénophobes», même si «nous sommes un peuple exceptionnellement ouvert et doux. Trop doux.»
Mais en dernier recours, une seule solution se présente à nous pour résoudre ce conflit, inhérent à la proposition gouvernementale, entre le Canada et le Québec, entre des élites québécoises fédéralistes et le peuple, c’est la souveraineté du Québec. «Devenons un peuple, a exhorté Christian Dufour, et la question ne se posera même plus.»
La vierge et la salope
Le sociologue Stéphane Kelly, l’auteur de À l'ombre du mur ; Trajectoires et destin de la génération X, a abondé dans le même sens que Christian Dufour. Pour lui, le multiculturalisme est un frein à l’intégration des immigrants au sein de la société québécoise. Le sociologue soutient que le nouvel arrivant hésite naturellement à se mêler à la société d’accueil; il vit, dit-il, «un processus d’acculturation douloureux», notamment face au «caractère répulsif des mœurs québécois». Le culte de la virginité au sein de certaines communautés, pour ne donner qu’un exemple extrême, est si bien ancré que bien souvent la femme québécoise est considérée comme une «salope». En s’appuyant sur une étude consacrée à la minorité arabe au Québec, Kelly fait ressortir que le modèle multiculturaliste encourage en quelque sorte cette fermeture à la société d’accueil; il est même la source du mépris souvent exprimé à l’encontre des valeurs de cette société.
Le modèle multiculturaliste est irrespectueux de la nation québécoise, soutient-il. Et la tentative d’implantation de l’idéologie multiculturelle au Québec jouit de complicités tacites, dont celles du grand patronat, de la droite et d’une gauche multiculturelle (les islamo-gauchistes de Québec solidaire par exemple) qui n’ont aucun intérêt à ce que s’affirme le caractère distinct du Québec, qui s’érigent contre l’aspiration légitime à l’indépendance de la nation québécoise. Bref, «les ratés de l’immigration, affirme Stéphane Kelly, sont utilisés contre le peuple»; le débat sur la Charte est un conflit entre le peuple et l’élite. «Nous avons cet automne, conclut le sociologue, une occasion en or pour imposer le respect.»
La double transgression
Dans cette atmosphère explosive, il n’est pas étonnant que depuis quelques semaines beaucoup se sont employés à contester le droit des partisans de la Charte à un débat qui porte, comme l’a aussi fait remarquer le sociologue Mathieu Bock-Côté, «sur notre rapport à ce que veut dire la citoyenneté québécoise». On a voulu, souvent par l’insulte et le mépris, poser «les limites du débat acceptable», disqualifiant du coup les «exclusifs» au profit des «inclusifs», vouant aux gémonies les «méchants» défenseurs de la Charte des valeurs québécoises au profit des «gentils» apôtres qui nous ont fait comprendre qu’en nous ralliant au camp gouvernemental nous ne comprenions pas ces enjeux complexes et que nous n’avions pas le droit de penser ce que nous pensions.
Nous étions coupables d’une double transgression, selon Mathieu Bock-Côté, nous osions affirmer que notre société est fondée sur une histoire et une culture à l’encontre de l’idéologie dominante du multiculturalisme canadian. Nous osions vouloir s’approprier notre passé pour l’inscrire dans le futur de la Nation. Nous osions tendre la main au nouvel arrivant en lui disant qu’il pouvait «apprendre à dire nous avec nous».
Légitimité politique
Transgresser le multiculturalisme, selon une idée chère à Mathieu Bock-Côté, cela veut dire refuser l’inversion que l’on veut nous imposer du devoir d’intégration. Pour les tenants du multiculturalisme, la société d’accueil doit s’effacer devant l’immigrant. Penser le contraire serait une position d’intolérance. Or, justement, la Charte des valeurs québécoises «transgresse cette idée que la communauté d’accueil est appelé à renoncer à son identité». «Elle légitime au contraire que l’on accueille l’immigrant à partir de notre propre culture.»
Elle est un refus, encore une fois, du cadre canadien. D’ailleurs, dans ce contexte, Mathieu Bock-Côté s’explique mal la précipitation de la première ministre, Pauline Marois, à rejeter d’entrée jeu un éventuel recours à la clause dérogatoire inscrite dans la Constitution de 1982. Le sociologue s’insurge contre cet engagement qui équivaut, dit-il, à «accepter le cadre canadien» qui considère cette clause comme impie. «La clause nonobstant, insiste-t-il, appartient au cadre constitutionnel. On ne doit pas en faire un faux interdit.»
La Charte proposée est donc pour le jeune sociologue «une synthèse originale, audacieuse et difficile» qui marquerait, si elle était adoptée, une rupture avec certains interdits inhérents au multiculturalisme. Elle contribuerait à remettre à l’avant-plan le projet national puisqu’elle procède d’une «volonté de poser de nouvelles assises» pour notre avenir. «Pour vivre, le Québec doit être voulu», a martelé Mathieu Bock-Côté.
Il est clair que le gouvernement québécois assure sa légitimité politique en ébranlant de la sorte les assises du multiculturalisme. Il est clair que, pour servir le néolibéralisme et un certain nouvel ordre mondial, les tenants du multiculturalisme veulent neutraliser toute légitimité d’affirmation nationale. C’est aussi le point de vue adopté par la philosophe Louise Mailloux qui a dénoncé avec force la levée de bouclier qui a accueilli le projet de Charte. Pourtant, si l’on se compare à d’autre pays, le contenu de cette charte «est un minimum», a souligné Mme Mailloux.
Une immense panique
Les excès d’insultes et les anathèmes qui ont suivi l’annonce par le ministre Bernard Drainville de la Charte des valeurs québécoises ont été d’un ridicule et d’une virulence extrêmes, a affirmé Louise Mailloux. Cette dernière s’est élevée contre les condamnations gratuites, les accusions d’«exclusion», de «nationalisme ethnique», de «racisme», d’«ignorance», elle s’est élevée contre les comparaisons d’un Justin Trudeau avec la ségrégation raciale des Noirs américains, contre le gallon à mesurer de Nathalie Roy de la CAQ, contre les emportements d’un Thomas Mulcair et contre cette «canonisation de Maria Mourani pour sa défense des femmes voilées». Les tenants de la Charte, ô malheur, allaient «mal faire paraître le Canada à l’étranger», aux dires même de la première ministre ontarienne.
Ces débordements ont été servis par des médias «au service de la classe dominante». «Doit-on s’étonner, a rappelé Louise Mailloux, que l’un des premiers invités à qui Radio-Canada a donné la parole ait été Charles Taylor, un ardent fédéraliste, ex-candidat du NPD et farouche défenseur du multiculturalisme, appelé en renfort pour intimider les Québécois et démolir ce projet de Charte, allant même jusqu’à le comparer aux lois liberticides de Poutine vis-à-vis les homosexuels? Ajoutant même que l’interdiction des signes religieux, a donné des ailes à la campagne de Marine Le Pen en France. A-t-on vu plus grande sagesse que cette déclaration fielleuse? Du bonbon pour les médias anglophones.»
Tout cela traduisait une immense panique, «comme si nous étions à la veille d’un référendum» sur l’indépendance. Nous avons même «eu droit à une grande démonstration de la présence de l’islam à Montréal. Du jamais vu. Des milliers de musulmans qui manifestaient leur opposition à la Charte dans les rues de Montréal. Des milliers de femmes et même de fillettes voilées, quelques-unes niqabées pour renforcer l’inclusion alors que certains hommes faisaient la prière dans les parcs. Qui a dit que le Québec était arriéré? Ne sommes-nous pas ici au même diapason que Londres et Paris?»
Le cul-de-sac relativiste
Mais voilà, «les Québécois ont finalement réussi à éloigner leur religion de la politique, réussi à laïciser leurs institutions publiques et à privatiser en quelque sorte leur religion au point où de se référer à Dieu pour savoir quoi manger et comment s’habiller n’a plus aucun sens aujourd’hui tellement cela nous paraît tout le contraire de la liberté.»
Louise Mailloux a rappelé que «depuis quelques décennies une immigration de confession musulmane (à ne pas confondre avec tous les immigrants), pour qui la laïcité est une hérésie, vient bousculer cette sécularisation et par le voile des femmes donner de la visibilité à l’islam et au religieux tout en refusant de respecter la laïcité de nos institutions publiques.»
Selon elle, c’est à ce chaos que la charte réagit. Elle s’érige contre la volonté de dépolitiser l’État, contre la contestation de la légitimité de cet État en voulant la réduire à une «minorité historique».
L’on tente, soutient Louise Mailloux, de remplacer une culture nationale par une culture des droits, «comme si la majorité n’était pas la démocratie». On cherche à renforcer le primat de l’individu sur l’État en s’objectant à l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. Les bien-pensants veulent que l’État soit minimal, ils veulent nous entraîner dans le «cul-de-sac relativiste» en mettant la casquette sur le même pied que le hidjab. Louise Mailloux reproche à tous ces adversaire de la Charte de vouloir «dépolitiser le religieux en faisant des croyances rien de menaçant», comme si les symboles pouvaient perdre leur charge symbolique comme par magie. Bref, demande Louise Mailloux, «depuis quand l’État devrait suivre les directives du Coran» ou de ce que l’on veut faire passer pour telles, puisque le port du voile islamique, étendard de l’islam politique, n’est pas semble-t-il une directive coranique.
Pour tuer une nation
Le courage du gouvernement Marois est immense puisqu’il est confronté, selon Mme Mailloux, à trois fronts à la fois, celui du multiculturalisme, celui de l’islamisme et celui de l’interreligieux. «Tout une commande!», dira-t-elle.
En ce qui à trait, encore une fois, à l’idéologie multiculturaliste, celle-ci «est partout, en Europe, au Canada et bien sûr au Québec. Et partout elle a pour fonction principale de neutraliser toute légitimité nationale. Le multiculturalisme a été inventé pour détruire la nation qui représente un lieu de résistance collective, un creuset de l’identité, un lieu de convergence sociale, politique, culturelle et historique face au rouleau compresseur du capital financier et de la mondialisation. Le multiculturalisme, c’est l’idéologie du néolibéralisme et au Canada ce multiculturalisme est utilisé pour contester la légitimité de la nation québécoise.»
Comment s’y prend-on pour tuer une nation, demande la philosophe? Simple : «D’abord il faut dépolitiser l’État en affaiblissant sa légitimité politique. C’est la condition première. Limiter le plus possible son pouvoir en le remettant dans les mains des juges. Ainsi avec la Charte canadienne des droits et libertés qui a une valeur constitutionnelle, on oblige les politiciens qui sont des élus d’être à la remorque des juges que personne n’a élus. C’est ce que Michael Mandel appelle la judiciarisation du politique. Rendre en quelque sorte les décisions des politiciens redevables devant les tribunaux. Pourquoi croyez-vous que messieurs Bouchard et Taylor, Justin Trudeau, Steven Harper, Philippe Couillard, Thomas Mulcair et le manifeste pour un Québec inclusif insistent tant sur le recours à la Charte canadienne?»
La flamme identitaire
D’autres stratagèmes sont utilisés pour mettre à genoux le Québec : 1) contester la légitimité de la nation en la transformant en simple majorité historique, remplacer donc «une culture nationale par une culture des droits» 2) assurer la primauté de l’individu sur l’État, donc préséance des droits individuels sur les droits collectifs, donc tyrannie de l’individu protégée par les Chartes 3) dépolitiser la religion, soit nous faire croire que les croyances sont dépourvues de tout prosélytisme et de prétentions politiques (nous faire croire en somme que le voile islamique est inoffensif).
Louise Mailloux affirme avec lucidité qu’il ne faut pas perdre de vue que la charge politique menée actuellement par les forces anti-Charte «est menée à l’endroit d’un parti souverainiste qui, avec ce projet de loi, ravive la flamme identitaire au point où cette Charte des valeurs québécoises est en train de devenir, bien malgré elle, le projet d’une Charte pour la nation».
Djemila Benhabib
En clôture du colloque, l’essayiste Djemila Benhabib, Prix international de la laïcité 2012, a invité à couper court aux exagérations et aux déformations du projet de charte véhiculées par ses opposants. «La liberté de religion n’est aucunement menacée au Québec, a-t-elle rappelé. Personne n’est menacé ici à cause de sa religion. Ce dont il est question, c’est de la neutralité de l’État.»
Mme Benhabib s’insurge contre le fait que «la liberté de religion au Canada est devenue un droit de religion» qui a mené à une exacerbation des pratiques religieuses et à des formes diverses d’intolérance.
«Chaque peuple, a-t-elle affirmé, invente une laïcité qui lui convient. C’est ce que souhaite faire le gouvernement du Québec.» Or, affirmer comme l’on fait certains chroniqueurs fanatiques que le projet québécois est pire que ce qui se fait en France tient de l’abus verbal et de l’intimidation. Elle s’insurge de plus contre cette diabolisation qui a été faite dans nos journaux de la laïcité républicaine française. Il s’agit pour elle d’une entreprise de désinformation la plus pernicieuse qui soit. «À les entendre, a fait remarquer l’auteur de Ma vie à contre-Coran, la France serait pire que l’Arabie saoudite!»
Non aux caprices de certains
Mme Benhabib a rappelé, chiffres à l’appui, comment la loi de 2004 en France sur l’interdiction du port du voile islamique dans les écoles a été appliquée sans heurts à la suite des demandes de nombreuses jeunes filles voilées favorables à un projet émancipateur. Que l’on présente, selon elle, la France comme l’exemple à ne pas suivre tient de la malhonnêteté. S’appuyant sur son expérience personnelle, Djemila Benhabib a mis en garde contre les dérives qui suivraient un rejet de la Charte des valeurs. «Les religieux nous accableraient de demandes infinies et intarissables. Ce serait le boulevard des surenchères des demandes religieuses», prévient-elle.
Djemila Benhabib s’est de plus insurgée contre «l’insensibilité» de ceux qui défendent le voile islamique face à toutes celles, ici et dans le monde musulman, qui se battent pour leur dignité, rappelant que cette question ne peut être jaugée qu’à l’aune du Québec. C’est une question qui se pose à l’échelle internationale. Il faut se pencher, dit-elle, sur les rapports de domination dans les familles où l’on impose le voile islamique. «Il ne faut pas, insiste-t-elle, mettre en péril le droit de tous pour défendre les caprices de certains.»
La militante féministe estime également qu’il est temps que l’on s’interroge au Québec sur l’islam, en particulier sur l’islam politique, et sur sa compatibilité avec nos valeurs d’égalité et de démocratie.
Enfin, Djemila Benhabib a lancé un appel à l’unité des forces souverainistes pour appuyer cette Charte des valeurs québécoises et pour faire avancer le projet de pays. Elle a notamment lancé un appel au dialogue avec Québec solidaire. «La porte n’est pas fermée, a-t-elle soutenu. Nous avons besoins de toutes les forces indépendantistes.»
Colloque «Une Charte pour la Nation»
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13 commentaires
Archives de Vigile Répondre
29 septembre 2013Bonne nouvelle, M. Paul Russell du National Post est surpris, les intellectuels et les médias, ne sont pas en phase avec les citoyens.
Les citoyens mêmes au Canada veulent cette Charte des Valeurs"
http://fullcomment.nationalpost.com/2013/09/28/surprising-number-of-post-readers-support-quebec-charter-of-values/?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
Archives de Vigile Répondre
24 septembre 2013En tournant le dos au multiculturalisme la nation québécoise se range du coté d'une nouvelle avant-garde de pays qui délaissent cette idéologie qui s'est avérée nuisible à la cohésion nationale. Le «vivre ensemble» au Québec a beaucoup à craindre du multiculturalisme canadien.
Pour ce qui est de l'évocation que je trouve malheureuse de Poutine, il ne faudrait pas se comporter avec la Russie comme le Canada se comporte envers nous. Il faut laisser la mauvaise cause de diaboliser la Russie à Charles Taylor et à ses amis qui ne manquent pas une occasion de la dénigrer. Pas étonnant, la Russie est sur une ligne compatible avec celle que défend la Charte dans la lutte contre le multiculturalisme. En outre, la Russie n'est pas homophobe mais ne verse pas dans l'homophilie non plus. Informez-vous !
Gilles Verrier
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
23 septembre 2013Eh, c'pas mêlant... Ludger Duvernay doit frétiller sous son tertre! Il m'arrive de penser que ces attaquants au français hésitant voulant nous en imposer, se verraient décontenancés par notre culture distincte si on les abordait dans notre langue patrimoniale, que même les Français ne reconnaissent plus comme celle de leurs ancêtres; genre, Le Temps d'une Paix, qu'on pratique encore allègrement chez les paysans: "Moé, sais-tu ben, ch's'ras bin manq pour l'idée qu'on s'plante les bottes dans' terre pis qu'on raccule pus!"
En français urbain: suivons donc l'exemple de Daniel Roy, qui est montré dans le film "La langue à terre", comme un hurluberlu grimpé sur une caisse d'oranges au coin Peel, avec son T-Shirt "Québec un pays", tentant de passer des tracts à une bande de Westmounters" débridés qui l'entourent en l'insultant, au nom de Charest.
Ce simple citoyen, qui prêche dans le désert depuis des années, a réussi, ce dimanche, à rassembler près de 2 mille Québécois écoeurés de se faire cracher dessus par des slogans "Ne nous laissez pas seuls avec les DeSouches", pour marcher sans cesser de scander jusqu'au désolant monument de J.-A. McDonald. Même trajet que celui emprunté la semaine d'avant par les nouveaux invités d'Ottawa déterminés à nous "tâsser".
On pourra décupler de nombre lors de la prochaine marche, prévue en octobre, si des centaines de Québécois lisent ce texte et réalisent que l'échec de la charte, ce serait équivalent au référendum volé de 1995! Depuis ce temps, tout le monde se croit autorisé à nous marcher dessus. S'il arrivait que le Canada gagne cette autre étape... il débarquerait à la prochaine élection avec son artillerie pour nous dépecer comme les Patriotes.
Marcel Haché Répondre
23 septembre 2013@ Martin Perron
La clause nonobstant renvoie bien trop facilement la « légitimité » à la cour suprême, qui est devenu un gouvernement des juges. C’est ce gouvernement des juges, non élu, à qui la majorité canadian a confié la mission, en 1982, d’écrire au travers de ses « décisions », non pas une nouvelle constitution, (ce que le Québec a longtemps souhaité) mais bel et bien un tout nouveau Canada.
Je n’ai pas lu ni entendu Pauline Marois relativement à ce que décrivez. Mais si ce que vous écrivez ici est exact, et je vous crois, voilà une surprenante et une excellente nouvelle pour moi. Il me semble qu’un gouvernement souverainiste ne peut pas et ne doit pas se comporter comme un gouvernement fédéraliste, ce dernier toujours prêt à reconnaître une légitimité supérieure à la sienne.
Martin Perron Répondre
23 septembre 2013Merci beaucoup pour votre excellent travail de synthèse M. Toupin. On est choyé sur Vigile! Et merci aussi à vous M. Pomerleau pour vos remarques très instructives. Nous sommes bien déjà en présence d'un nouveau paradigme. La course est commencée et le gouvernement Marois doit envoyer des signaux clairs qu'il n'abandonnera pas parce que ce serait terriblement démotivant pour tout le monde. De plus, comme dit M. Bock-Côté, pourquoi la première ministre a-t-elle laissé entendre qu'elle n'utiliserait pas son droit constitutionnel de recours à la clause dérogatoire si besoin était, là je ne comprends pas.
Archives de Vigile Répondre
23 septembre 2013Cher Jean-Claude,
Je ne suis pas d'accord avec les fondements de cette analyse, le gambit n'est pas exactement politique, mais électoraliste et l'avenir de la Nation "Québécoise" n'est pas en jeu, c'est uniquement son degré d'indépendance... ou plutôt de dépendance à des système politiques, financiers, économique et nationaux qui ont été subtilisé aux Québécois par leur propre faute, ou plutôt par les actions de ses supposés représentants.
L'égalité homme-femme en droits n'est pas sacré, c'est la négation de cette égalité qui est sacralisé dans toute les religions. Mettre cela sur un même pied d'égalité comme le fait le PQ pour des raisons "électoralistes" n'a que pour effet de prêter flanc à ce que certains électeurs "Québécois" réclament comme "leurs" valeurs fondamentales à tout ce qui est prêt à définir pour son propre compte, le détournement de ce qu'est la laïcité, l'identité "québécoise" et les moyens de nous épanouir comme peuple.
Ce que fait le PQ, dans sa proposition, qui n'est pas encore et loin de là, LE projet de loi sur la laïcité des "agents" de l'État, mais un projet qui sera mis à l'étude dans le cadre d'un gouvernement minoritaire. Ce sera certainement comme "ils" l'espèrent un garant comme s'en défendent les membres de l'aile parlementaire, l'exécutif du PQ et des partisans sublimés par "le plan" (l'exemple même que le gambit n'est pas précisément politique, mais bien électoraliste). Les béné-oui-oui et quelques partisans exaltés d'une dissension permettant antagoniser l'ensemble des "Québécois" sur leurs propres valeurs et "certains électeurs "Québécois" (partisans de quelques parti que ce soit) qui attendent que soit consacré dans une charte à la PET Trudeau, un verrou dans une probable anti-constitution, l'expression de "leurs valeurs" laïques, qui ne tiendra aucunement compte de la notion de laïcité mais une version détourné de quelque chose qui n'est pas la laïcité, qui ne sera pas des valeurs "québécoise" ou son avenir comme peuple. Ce qui est en jeu ici n'est rien de plus qu'une autre programmation de l'impuissance des électeurs-consommateurs (canadiens) "Québécois".
Enfin, il n'est, en aucun temps question d'un point de bascule qui risque de faire disparaître le peuple "Québécois", le peuple Québécois existe de fait. Il est bien plus question de la construction d'une psychose orchestré pour faire peur (encore une fois) qui sera à la base d'un autre détournement de sens pour que le peuple "Québécois" accepte une impuissance programmée, dépossédé par un autre "pis allez", qui consacrera l'inégalité de droit entre les homme et les femmes au Québec dans une pure tradition de normes et de valeurs britanno-canadians.
FR
Archives de Vigile Répondre
23 septembre 2013Mme Djemila Benhabib dit: La LIBERTÉ de religion est devenu un DROIT de religion.
C'est justement ce que président de la république Tchèque. M. Klauss Vaclav dit: "Droits humains sont le dénis de nos droits civils, et que notre démocratie est remplacée par une JURISTOCRATIE.
http://www.klaus.cz/clanky/3178
Voulez vous un exemple d'un politicien Autrichien, qui a répondu a un ambassadeur Turc, qui se plaint de l'intolérance des Autrichiens envers les Turcs?
Les Autrichiens en ont marre de la tolérance a sens unique, un exemple a suivre pour nous comme citoyens, ainsi que pour tous nos politiciens repentants;
http://www.postedeveille.ca/2010/12/autriche-un-depute-remet-lambassadeur-turc-a-sa-place-.html
Archives de Vigile Répondre
23 septembre 2013Ce qui remarquable:de très nombreux intellectuels sont sortis contre la charte, l'immense majorité des commentateurs et chroniqueurs, dans les médias, sont contre la charte...Pis, malgré tout cela, la majorité de la population est en faveur.
À date, la stratégie de Drainville fonctionne.
Archives de Vigile Répondre
23 septembre 2013Quel article formidable. Merci à tous les participants. Cet article devrait circuler dans tous les médias libres pour être lus par le plus grand nombre.
Archives de Vigile Répondre
23 septembre 2013Excellent article.
Juste une précision au sujet de ce passage : "Charles Taylor [...] démolir ce projet de Charte¸, allant même jusqu’à le comparer aux lois liberticides de Poutine vis-à-vis les homosexuels ? "
L'homosexualité est légale en Russie et tout le prétendu scandal récent sur l'intolérance de M.Poutine envers les homosexuels est en fait une vicieuse attaque des médias occidentaux détenus par des intérêts privés au service du grand capital.
En réalité, les russes se sont simplement dotés d'une loi pleine de bon sens qui interdit la promotion de l'homosexualité aupres des mineurs. Il y a donc un monde de différence entre un président qui est soucieux de protéger la jeunesse de son pays et un homophobe pur et dur tel qu'on cherche a nous le dépeindre.
Archives de Vigile Répondre
23 septembre 2013J'aimerais bien que Françoise David vous lise et qu'elle arrête de remettre de l'huile sur le feu. Je la croyais intelligente pourtant... mais ses dernières décarations me laissent croire qu'elle n'a rien compris, comme la plupart des opposants à la Charte, sur le sens et la portée de ladite Charte. Il faut vraiment arrêter de faire l'autruche avec ce problème qui n'ira qu'en empirant si rien n'est fait pour contrer la montée d'un islamisme radical.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
23 septembre 2013Pour y avoir assisté, il s'agit d'un compte rendu remarquable d'intelligence.
Le projet de Charte des valeurs est un gambit politique majeur qui donne de la consistance au Plan de gouvernance souverainiste,lequel avaient ses sceptiques auxquels j'ai été confronté depuis quelques années. Retour sur quelques textes :
Depuis 2007, la stratégie d'accession à la souveraineté a changé. Il s'agit d'un ajustement suite au constat que l'État canadien a clairement fait savoir qu'il n'allait pas reconnaitre un OUI gagnant (sous des prétextes arbitraires). Et que le Québec n'était pas dans un rapport de force favorable pour rendre effective sa décision sur son territoire (principe d'effectivité).
D'où le plan de gouvernance souverainiste pour bâtir le rapport de force favorable.
Cette stratégie supposait un rapport de force sur un enjeu sur lequel le gouvernement allait bâtir un rapport de force favorable, prévisible dès le départ :
2007 : Ce rapport de force établi sur un point précis (ex : Charte canadienne vs Charte du Québec) ne pourrait que procurer un avantage stratégique déterminant à la cause de la souveraineté. C’est cette perspective qui fait paniquer les idéologues fédéralistes."
http://www.vigile.net/Entre-le-nous-et-le-mou
(nous y sommes)
2008 : Le Plan Larose devient le Plan Marois
http://www.vigile.net/Pauline-l-important-c-est-Larose
Le Plan Larose, devenu le Plan Marois, devient le Plan de gouvernance souverainiste :
2010 : Le difficile changement de paradigme
Pendant que le Canada se définit sans nous, le Plan Marois propose de redéfinir résolument le Québec sans lui.
http://www.vigile.net/Le-difficile-changement-de
...
Ce mandat de gouvernance souverainiste, obtenu par le gouvernement du Parti Québécois, dans le cadre du régime parlementaire britannique, suffit ( légalement et légitiment) à enclencher la dynamique politique qui vise la rupture. D'aucun voudrait attendre le lendemain du Grand soir, alors que le match est commencé ; et, que l'enjeu est existentiel, ce qu'a très bien compris M. Toupin.
JCPomerleau
Marcel Bernier Répondre
23 septembre 2013Une synthèse d'une parfaite intelligibilité!