La liberté universitaire n’a pas de prix

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Pas de liberté sans le courage de la défendre


Pour peu qu’on fréquente l’école postsecondaire et qu’on ait l’oreille attentive, on sait depuis plusieurs années que les cégeps et les universités sont gangrénés par une idéologie qui ne dit pas son nom. Il s’agit évidemment de l’ultraprogressisme, plus couramment appelé depuis quelque temps wokisme, qui consiste à défendre de manière radicale le néoféminisme, l’antiracisme racialiste, l’écologisme catastrophiste et toutes autres luttes contemporaines qui se veulent à l’avant-garde du progrès moral.  


Cette idéologie s’impose par les directions, les associations étudiantes et nombre de professeurs et de pseudo-chercheurs qui dictent le Bien et le Mal dans les salles de classe. Il s’agit d’un véritable dogme universitaire qui doit être combattu au même titre que le dogme clérical d’autrefois. 


Un sondage


Heureusement, au Québec, il existe depuis un an la Commission scientifique et technique indépendante sur la reconnaissance de la liberté académique dans le milieu universitaire, qui étudie le sujet.


Tout récemment, elle révélait les résultats de sondages émis auprès d’étudiants et de professeurs concernant leur rapport à la liberté universitaire. Les chiffres sont inquiétants sans être surprenants. Dans un premier temps, on apprend que 28% des étudiants «affirment s’être déjà censurés dans le cadre de leurs études universitaires» et que 80% d’entre eux «affirment ne s’être jamais sentis heurtés par les propos d’un membre du corps professoral.» 


Leçon première et importante à en tirer: plus du quart des étudiants actuels du Québec ont senti le besoin de s’autocensurer afin de passer leurs cours. Ils pensent une chose, mais savent que le professeur ou le correcteur veulent les voir dire le contraire. Et l’écrasante majorité d’entre eux ne se sent aucunement heurtée par les professeurs. Les étudiants qui font dans la cancel culture en appelant au limogeage de professeurs forment donc une minorité bruyante qui n’a nulle légitimité pour affirmer représenter l’intérêt de la communauté étudiante. 


Les résultats du sondage auprès des professeurs sont encore plus alarmants. On note ainsi que 60% des professeurs interrogés affirment avoir évité d’utiliser certains mots et que 35% ont évité des sujets à aborder en classe. En sommes-nous donc rendus dans la même situation que la France, où des professeurs s’empêchent de parler de l’Holocauste pour ne pas subir l’opprobre de leurs élèves négationnistes? Pire, entrons-nous dans une dystopie orwellienne où des mots se voient retrancher du vocabulaire autorisé? Les craintes de penseurs et de philosophes qui analysent la montée en puissance de la nouvelle censure politiquement correcte depuis vingt ans s’avèrent fondées. Pire encore, le réel dépasse leurs pires cauchemars. 


Sonnette d’alarme


Les chiffres transmis par cette commission indépendante doivent nous servir de sonnette d’alarme. Ce qui était décrié depuis longtemps est maintenant chiffré auprès de répondants qui interviennent dans l’anonymat. Un nouveau régime de terreur idéologique s’impose et n’accepte pas la contradiction. Mais nous savons que de simples recommandations d’experts pour de meilleures garanties et clauses en tout genre ne suffiront pas à renverser cette tyrannie de la pensée. Ce qu’il nous faut, c’est une véritable commission d’enquête sur l’implantation du wokisme dans le milieu de l’éducation qui permettrait d’analyser en profondeur l’étendue du dogmatisme universitaire et ses conséquences sur le formatage des esprits. Au bout de cette enquête, nous pourrions en tirer des leçons véritables afin de rebâtir une université où la pluralité des opinions règne seule en maître. 




People at the coworking space

Photo Chantal Poirier




Philippe Lorange, Étudiant à la maîtrise en sociologie – UQAM




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