Tout récemment, un ami confessait une crainte : la possibilité de voir disparaître la présence d’un parti indépendantiste à Québec. Nous le savons, le Parti québécois (PQ) pâtit dans les intentions de vote depuis nombre d’années.
De toute évidence, la Coalition avenir Québec (CAQ) semble être le nouveau véhicule de la défense de l’identité québécoise dans l’esprit de beaucoup de gens. Nombre d’électeurs caquistes sont d’anciens péquistes fatigués d’entendre parler d’un pays qui ne vient pas.
Le souci presque maladif des péquistes d’obtenir la bénédiction médiatique, par des séances répétitives de racolage, y est aussi pour beaucoup dans ce transfert de votes. Qui ne cesse de demander pardon pour son existence finit par s’anéantir.
Il y a 30 ans, Lucien Bouchard, alors chef du tout nouveau Bloc québécois, publiait ses mémoires à la suite de l’échec de l’accord du lac Meech et de sa démission fracassante du cabinet de Brian Mulroney. Dans celles-ci, il écrivait cette formule d’espoir : « La braise souverainiste ne s’éteindra jamais. Nous savons maintenant qu’elle renaîtra toujours de ses cendres, même si elle doit couver pendant une décennie. »
Plus d’une décennie s’est écoulée après la rédaction de ces lignes. L’oubli des querelles constitutionnelles a maintenant relégué les acteurs souverainistes au second plan. Depuis le dernier référendum, le temps passe et les appuis au Parti québécois dégringolent, la situation n’étant fertile qu’à la publication de tonnes d’articles et de livres qui, chaque année, tentent d’analyser la débâcle. M. Bouchard avait peut-être tort : la braise souverainiste peut s’éteindre.
Nous en sommes donc maintenant à cette situation où le Parti québécois joue pour sa survie. Malgré un changement de garde à la chefferie, le discours officiel n’a pas évolué substantiellement.
Avec son livre Rebâtir le camp du Oui, Paul St-Pierre Plamondon a laissé présager l’apparition d’un leadership résolument opposé à la rectitude politique et clairement affirmatif sur les questions identitaires. Force est de constater qu’une fois devenu chef, St-Pierre Plamondon est à la tête d’un PQ qui ressasse sans cesse les mêmes banalités sur l’environnement et les questions de justice.
Bien entendu, les enjeux identitaires prennent plus de place, mais toujours comme un dossier parmi d’autres. Un simple premier pas dans la bonne direction est insuffisant pour un parti qui doit se démarquer de manière nette du parti du gouvernement.
Quid du Bloc québécois ? S’il conserve, selon toute vraisemblance, un contingent non négligeable à Ottawa, il nous faut nous demander si ce dernier reçoit moins son appui en raison de la ferveur à l’indépendance que de son image d’« assurance Québec ».
Depuis sa création, le Bloc est tiraillé entre son penchant autonomiste et sa lutte pour l’indépendance. Un Bloc sans PQ n’aurait plus beaucoup de marge de manœuvre pour mener le combat national, au profit d’une simple défense des intérêts du Québec, dans un Canada dont l’évolution démographique minorise toujours plus la condition politique québécoise.
En ce sens, le tandem Bloc-CAQ, en l’absence d’un parti clairement indépendantiste à l’Assemblée nationale, risque de faire brûler le Québec à petit feu, en raison de son entretien d’une quiétude démobilisatrice et anesthésiante pour l’avenir national.
En quelques années, le verrou démographique aura tôt fait de bloquer toutes les portes à l’avenir d’un Québec indépendant et, de ce fait même, d’un Québec tout court. La permanence tranquille et les demi-mesures nous seront bientôt fatales.
De Gaulle aimait à rappeler que « rien n’est définitivement perdu dans la vie des peuples, si leurs dirigeants ne s’abandonnent pas aux fausses fatalités de l’histoire ». Les indépendantistes peuvent se ressaisir et s’assurer de conserver une présence politique bien établie à Québec. Pour cela, ils devront comprendre que la mauvaise conscience et les discours bon chic bon genre n’ont jamais eu la cote.
Le Parti québécois doit faire prendre conscience aux citoyens que c’est le sort du Québec qui est en jeu. En cela, les hommes et les femmes politiques retrouveraient la dimension tragique de leur combat, qui montrerait toute l’inanité de la gouvernance caquiste.
Nous traversons présentement les heures les plus déterminantes de l’histoire du Québec. Les indépendantistes doivent être à la hauteur de la situation pour éviter la disparition tranquille. Il en va non seulement de l’avenir notre pays, mais aussi de celui de toutes les petites nations qui nous regardent avec espoir. Avons-nous droit de les décevoir ?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé