La Grande-Bretagne va-t-elle se séparer?

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Qui eût cru que la question se poserait un jour ?





Ce 23 juin, les Britanniques pourraient décider par référendum de sortir la Grande-Bretagne de l’Europe. Mais à quelques semaines du scrutin, rien n’est encore joué. Les conséquences d’une sortie de la Grande-Bretagne sont telles que la survie de l’Europe actuelle serait en cause. Il n’est pas exagéré de dire que ce référendum pourrait changer la face du monde.


Plusieurs leaders anglais trouvent que le projet politique de l’Europe a beaucoup évolué depuis 1975. Cette année-là, les Britanniques avaient décidé par référendum d’adhérer à la Communauté économique européenne (CEE).


La CEE était un accord qui visait avant tout à promouvoir le commerce entre des pays européens.


La transformation de la CEE en Union européenne (UE) a changé la nature de l’accord. Il s’agit maintenant de façonner les «États-Unis d’Europe», ce qui implique l’abandon progressif des souverainetés nationales des pays membres. Or, les Anglais ne sont pas prêts à abandonner leur souveraineté.


Deux camps


D’un côté, certains, comme le premier ministre David Cameron, estiment que la Grande-Bretagne peut participer au projet des États-Unis d’Europe, mais en partie seulement. Cela serait possible grâce à des mesures de protection de la souveraineté du pays.


Dans l’autre camp, les opposants, dont plusieurs ministres du gouvernement conservateur actuel, pensent que la participation à l’UE va mener à terme à la perte de la souveraineté du pays, quelles que soient les garanties que donne l’UE.











Nigel Farage, chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, est l’une des figures de proue du mouvement pour sortir le pays de l’Union européenne




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Nigel Farage, chef du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, est l’une des figures de proue du mouvement pour sortir le pays de l’Union européenne





Cameron le stratège


Pour demeurer dans l’Europe tout en conservant des garanties quant à la souveraineté du pays, David Cameron a mis les dirigeants de l’Union européenne au pied du mur. L’été dernier, il leur a demandé de consentir à la Grande-Bretagne une série de privilèges que les autres membres de l’Union n’ont pas. Sinon, menaçait-il, la Grande-Bretagne sortira de l’UE. Et pour bien montrer qu’il était sérieux, il s’est engagé à tenir un référendum sur le maintien ou non du pays dans l’UE. Les dirigeants européens ont donc négocié avec un revolver sur la tempe.


La stratégie de Cameron a bien fonctionné. La Grande-Bretagne a obtenu plusieurs garanties, notamment pour limiter les droits des immigrants et conserver la livre sterling.


Imprévisible


David Cameron est donc retourné dans son pays avec un accord. Il a recommandé aux Anglais de voter oui au maintien du pays dans l’Europe. C’était en septembre dernier.


À cette époque, plus de 50 % des Anglais voulaient demeurer dans l’UE. Cameron était ravi. Le référendum ne devait être qu’une formalité.


Sauf que depuis, le nombre d’appuis dans les sondages n’a jamais refranchi la barre des 50 %. Les derniers résultats donnent ceux qui veulent rester à 46 % et ceux qui veulent sortir à 40 %. Mais il subsiste une marge de 14 % d’indécis. Personne ne sait de quel côté au juste ils vont voter.











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La question


«La Grande-Bretagne devrait-elle demeurer membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne?»


Qui peut voter ?


Les Britanniques, les Irlandais et les citoyens du Commonwealth à condition d’avoir 18 ans et plus et d’avoir été inscrits sur une liste électorale en Grande-Bretagne durant les 15 dernières années. Les membres de la Chambre des Lords et les citoyens du Commonwealth qui résident à Gibraltar auront aussi droit de vote.


D’où vient le mot « Brexit » ?


Le mot «Brexit» est une fusion des trois premières lettres du mot Bretagne avec le mot anglais exit qui signifie «sortie». Le mot «Grexit», pour désigner la sortie de la Grèce de l’Union européenne, avait été forgé sur ce modèle. Il pourrait y avoir bien d’autres «paysexit».




Sortir


Économie



  • Moins de réglementation

  • Le commerce international va continuer parce que la GB importe plus de produits de l’Europe qu’elle en exporte


Énergie



  • Les pays européens voudront continuer à vendre leur électricité à la GB

  • La plupart du gaz importé provient de Norvège


Éducation



  • Seulement 3 % de l’argent en recherche vient de l’UE

  • Une GB hors de l’UE pourrait développer ses propres politiques pour attirer les chercheurs


Défense



  • Le projet d’une véritable armée européenne met en péril l’existence de l’armée nationale

  • Être membre de l’OTAN ou du Conseil de sécurité de l’ONU est plus important que tout


Paiements de membership



  • L’argent libéré pourrait être investi dans divers secteurs

  • La GB pourrait décider elle-même où investir son argent


Immigration



  • Impossible à contrôler en demeurant dans l’UE

  • 300 000 personnes par an, malgré les promesses de baisse du gouvernement

  • Coûte trop cher aux services publics

  • Fait baisser les salaires

  • Nombre d’immigrants sous-estimé par les chiffres officiels


Rester


Économie



  • Danger d’un choc économique

  • Plusieurs réglementations européennes devront demeurer pour les produits exportés


Énergie



  • Les coûts globaux vont exploser

  • L’appartenance à un groupe de pays renforce la sécurité économique de la GB


Éducation



  • Plusieurs chercheurs se sont établis en GB grâce aux subventions de l’UE

  • Le programme Erasmus qui permet aux étudiants de compléter leurs études en Europe prendrait fin


Défense



  • Sans l’UE, la GB sera moins influente dans le monde

  • Le poids du nombre aide à garantir la sécurité de la GB


Paiements de membership



  • L’UE donne plus d’argent à la GB que l’inverse

  • Le coût du membership par citoyen est plus élevé dans les autres pays de l’UE


Immigration



  • Les immigrants paient plus de taxes que les montants qu’ils envoient à l’étranger

  • Les bénéfices sociaux des immigrants seront désormais limités les premières années

  • L’immigration est bonne pour l’économie

  • Si la GB veut le libre-échange avec l’Europe, elle devra de toute manière accepter la liberté de circulation des personnes




Ce qu’ils ont dit











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Le Brexit «enverrait la Grande-Bretagne à la fin de la queue». -Barak Obama, président des États-Unis (à propos des négociations commerciales de libre-échange avec les États-Unis)











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«Je vais défendre le vote de sortie [...] parce que je veux une meilleure entente pour les gens de ce pays pour leur sauver de l’argent et reprendre le contrôle.» -Boris Johnson, ex-maire de Londres











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«Le Brexit serait une option d’auto-destruction.» –David Cameron, premier ministre du Royaume-Uni


Un rappel pour les Québécois











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Le référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne rappelle à plusieurs égards les débats référendaires de 1980 et de 1995 au Québec. Par exemple, les arguments de nature économique sont similaires. Des différences existent en termes de degré. L’énergie et le contrôle de l’immigration étaient des enjeux présents, mais moins importants lors des référendums québécois. Par ailleurs, les impacts mondiaux du référendum britannique sont beaucoup plus importants que ceux des référendums au Québec, quoiqu’une victoire des souverainistes aurait pu amorcer l’éclatement du Canada.


À quoi s’attendre ?


Si la Grande-Bretagne demeure dans l’UE :


Le projet des États-Unis d’Europe poursuivra son chemin. Mais d’autres pays pourraient être tentés de demander des aménagements similaires à ceux que la Grande-Bretagne a obtenus.


Si la Grande-Bretagne sort de l’UE :


Le projet des États-Unis d’Europe deviendra plus difficilement réalisable. Sous la pression des opinions publiques, bien d’autres pays voudront tenir des référendums sur le projet, en particulier là où les partis eurosceptiques sont forts. En ce cas, le projet européen pourrait s’effondrer et retourner à un accord davantage économique que politique.




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