Sabia à la tête d’Hydro : un danger pour l’entreprise et pour l’économie

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« La nomination de Sabia constitue-t-elle une tentative de privatisation en douce d’Hydro-Québec ? Il y a lieu de penser que oui. »

La nomination de Michael Sabia à la tête d’Hydro-Québec a toutes les raisons d’inquiéter les Québécois.


La grande spécialité de Sabia est d’imposer des cures minceur aux entreprises qu’il dirige. C’est ce qu’il a fait lorsqu’il a dirigé le Canadien National. C’est aussi ce qu’il a fait lorsqu’il a été à la tête de Bell Canada.


Or, Hydro-Québec a la réputation, à tort ou à raison, d’être une grosse machine où certains cadres et syndiqués se la coulent douce. 


Une des premières tâches de Sabia sera sans aucun doute de couper du personnel. 


Des coupures mieux connues sous le vocable plus avenant de «rationalisations».


À n’en pas douter, les rationalisations de Sabia vont gonfler les profits d’Hydro-Québec, potentiellement de plusieurs centaines de millions de dollars par année. D’autant plus qu’il veut faire payer les Québécois davantage pour leur propre électricité.



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Prix à payer


Cependant, ces coupures ont aussi un prix. Il est inquiétant de constater qu’après le passage de Sabia, les services à la clientèle chez Bell Canada sont devenus exécrables. 


Comme bien des clients de Bell, j’en ai personnellement fait la pénible expérience, au point de changer de fournisseur.


Qu’est-ce que Sabia va couper, larguer ou vendre chez Hydro ?


Son ministre responsable, Pierre Fitzgibbon, lui a donné la réponse : le privé est toujours meilleur que le public, mais les barrages doivent demeurer publics.


Pour Fitzgibbon, ce qui est payant doit être privé. 


Les barrages qu’il faudra rénover coûteront cher, les contribuables le paieront. 


Idem pour les lignes de transmission qui doivent être protégées des changements climatiques. 


Le reste peut rapporter gros, donc revenir au privé ou être développé par lui.



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Privé parfois nocif


Pourtant, avant Hydro-Québec, le secteur privé avait extrêmement mal développé notre énergie électrique. C’est que dans certains domaines, le privé est très mauvais pour l’économie.


Un des exemples de cette nocivité du privé est le Canadien National. Après avoir été rationalisée par Sabia, l’entreprise est devenue privée (la rationalisation est souvent le prélude à la privatisation).


Privatisé, le Canadien National a cessé d’avoir les reins assez solides pour réellement moderniser son réseau. Sa priorité est devenue de satisfaire ses actionnaires et non plus ses clients. Si l’entreprise était demeurée publique, les infrastructures ferroviaires du Canada seraient probablement plus modernes et plus développées. L’économie s’en porterait mieux.


La nomination de Sabia constitue-t-elle une tentative de privatisation en douce d’Hydro-Québec ? Il y a lieu de penser que oui.


Laisser le privé développer encore plus les lucratives activités de génération d’électricité marquerait le début de la fin pour notre fabuleuse entreprise publique. Ce serait à long terme catastrophique pour l’économie du Québec.


La réorganisation d’Hydro-Québec que le gouvernement promet pour cet automne est inquiétante. Pour le moment, Sabia dit garder l’esprit ouvert. Ouvert comme dans bar ouvert ?