Guy Rocher invite le Québec à achever sa laïcisation

Si un jour une charte de la laïcité devait être adoptée, elle devrait s’éloigner selon lui d’une «laïcité ouverte» telle que l’ont défendue Charles Taylor et Gérard Bouchard, a dit Guy Rocher.

Laïcité — débat québécois


Si un jour une charte de la laïcité devait être adoptée, elle devrait s’éloigner selon lui d’une «laïcité ouverte» telle que l’ont défendue Charles Taylor et Gérard Bouchard, a dit Guy Rocher.
Le sociologue Guy Rocher, un des piliers de la Révolution tranquille, pense que le Québec devrait terminer la laïcisation, toujours inachevée, de ses institutions étatiques.
«Ayant vécu la période des années 1960, il m'arrive de m'étonner», a-t-il confié hier matin en recevant le prix Condorcet-Dessaulles 2009 du Mouvement laïque québécois (MLQ). La déconfessionnalisation du système scolaire s'est faite sur une longue période, sur 40 ans, jusqu'en 2008. C'est une évolution encore en cours. Il reste encore à clarifier la laïcité de l'État et de beaucoup d'institutions publiques. Il reste à le faire de manière constitutionnelle ou quasi constitutionnelle, par l'entremise d'une charte peut-être, qui ressemblerait à celle de la langue française. Il reste aussi à toucher des anomalies dans nos institutions, des prières dans certains conseils municipaux par exemple. Ce n'est pas fini.»
Guy Rocher a reçu le prix du Mouvement laïque québécois, notamment parce qu'en tant que membre de la célèbre commission Parent sur la réforme de l'éducation il a contribué à créer les cégeps et le réseau de l'Université du Québec, «des institutions laïques d'enseignement supérieur». La cérémonie sans prétention avait lieu dans un hôtel montréalais, hier midi. Elle a rassemblé quelques dizaines de personnes. Le prix Condorcet-Dessaulles est remis annuellement à un défenseur de la laïcité. Depuis 1993, la récompense a notamment souligné le travail et les combats de Henry Morgenthaler (1994), des signataires du manifeste Refus global (1998), de Pierre Bourgault (2001).
«Notre prix est spécial et unique, a expliqué la présidente de l'organisme, la philosophe Marie-Michèle Poisson. C'est le seul attribué par un groupe de la société civile. Un prix du public attribué à un homme qui s'est montré bienveillant envers ses concitoyens.»
Le problème de la laïcité taraude encore la société québécoise. Il en était beaucoup question aux assemblées de Québec solidaire et du Parti québécois du week-end. Pauline Marois veut d'ailleurs présenter un projet de loi à ce sujet cette semaine.
Guy Rocher a répété que si un jour une charte de la laïcité devait être adoptée, comme il le souhaite, elle devrait s'éloigner selon lui d'une «laïcité ouverte» telle que l'ont défendue Charles Taylor et Gérard Bouchard dans leur rapport sur les accommodements raisonnables.
«Je suis en désaccord, a dit le sociologue. Je crois que c'est très dangereux d'adopter une position du plus ou moins ouvert, où les balises deviennent vagues, où on tombe dans le cas par cas. Il faut des balises claires pour ceux qui administrent les institutions publiques. Je ne crois qu'en une sorte de laïcité, que malheureusement le rapport appelle "rigide" ou "sévère". L'utilisation d'adjectifs n'est jamais innocente. J'espère que les autorités, un jour, quand la lumière se fera à Québec, établiront clairement la laïcité de l'État québécois.»


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