À la lecture des articles de [Christian Rioux->9867] et d'un [collectif->9863] dans Le
Devoir du 26 octobre, à propos du projet de loi sur l'identité québécoise
proposé par Pauline Marois, on se rend compte de l'inanité de presque
toutes les attaques et critiques formulées par les éditorialistes et
analystes officiels des quotidiens canadiens et québécois, sauf sur un
point. Il appert en effet que d'après la Charte québécoise, aucun citoyen
qui ne parle pas le français ni même l'anglais ne peut être interdit de
vote ou de candidature à quelque poste électif à l'Assemblée nationale,
dans une municipalité ou une commission scolaire: cela est considéré
discriminatoire.
Comment en sommes-nous arrivés à promulguer une charte permettant une
telle aberration? Pourquoi le Québec pourrait-il, en principe, se
retrouver avec des députés ne parlant, par exemple, que l'allemand ou le
russe, c'est-à-dire des gens qui auraient obtenu la citoyenneté canadienne
— puisque, pour le moment, il n'existe pas de citoyenneté québécoise — sans
connaître au moins l'une des deux langues du pays, ce qui contrevient, sauf
erreur, aux lois canadiennes? Non seulement sommes-nous restreints par le
fédéral quant aux pratiques québécoises visant le bien commun et protégeant
notre intégrité comme nation, nous en ajoutons une couche, comme si nous
voulions à tout prix nous nuire à nous-mêmes tellement nous voulons montrer
patte blanche. Nous ne nous contentons pas d'être annexés et colonisés,
nous en redemandons. Nous pratiquons l'auto-abjection. La Charte
québécoise, faut-il le rappeler, n'a pas été corrigée davantage sous le
gouvernement péquiste que sous le régime libéral. Évidemment, s'il avait
fallu qu'on l'amende sous le PQ, on entend d'ici non seulement les
vociférations des fédéralistes mais même celles de députés du parti: il ne
faut pas prêter flanc à des attaques qui... etc. Si nous en sommes encore
là, ben l'indépendance, on repassera.
C'est vrai, même la correction de la Charte québécoise ne changerait rien
puisque nous sommes en premier lieu soumis à la Charte fédérale, me souffle
mon petit démon. Ah oui? Tous les gouvernements québécois — répétez après
moi — ont refusé de reconnaître la Constitution de 1982. Si ce refus
signifie quelque chose, cela veut dire que, depuis 1982, le Québec est de
facto un État indépendant, ce que l'agir des gouvernements québécois
successifs depuis ce temps a contredit. Donc, tous, depuis 1982, sont en
contradiction avec eux-mêmes. Avons-nous, oui ou non, refusé la
constitution d'Elliott-Trudeau et, par voie de conséquence, la Charte qui va
avec? Si oui, il faut voter de nouveau, dans leur état original, toutes
les lois adoptées depuis et confirmer notre indépendance. Sinon, il faut
faire avaliser cette constitution et renier notre refus.
Mais nos politiciens ont le cuir aussi épais que leur crédibilité est
mince. Ils ont refusé cette constitution "pour le fun" et l'ont acceptée
dans les faits, satisfaisant à la fois leur ego et leur peur. Puisque le
Parti québécois prétend maintenir son projet de loi, il doit du coup
proposer le rejet effectif de la constitution Trudeau de même qu'un
amendement à la Charte québécoise des droits et libertés, et faire valoir
ce que signifie le rejet de cette constitution.
La situation vous paraît sans issue, péquistes et libéraux? Dans cette
affaire, vous avez été minables depuis 1982. Vous avez disposé de 25 ans
pour trouver une issue. Trouvez-la.
Mais que dis-je là! Tout ça n'est pas sérieux! À l'égal d'un personnage
de Michel Tremblay dans En Pièces détachées, nous pouvons nous permettre
n'importe quoi dès que nous portons nos lunettes noires. Le problème,
c'est que la croissance mentale du personnage de Tremblay s'est arrêtée à
l'âge de cinq ans. Dans son cas, la parole ne signifie rien dans le monde
réel puisqu'il vit dans un autre univers. Il semble que ce soit également
notre cas. Alors faisons comme lui, allons manger un cornet de crème
glacée (au Ottawa Snack Bar) en attendant le prochain fantasme.
Raymond Poulin
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
27 octobre 2007Tous derrière Mme Marois ! L'ADQ qui a la citoyenneté et une constitution québécoises dans son programme devrait aussi participer à la place de boycotter cette initiative du PQ.
Si l'ADQ n'aime pas ces 2 projets, qu'ils en profitent pour présenter les leurs pour en voir la différence et permettre une négociaton entre le PQ et l'ADQ sur les modalités malgré nos Libéraux très provinciaux "full fédéralistes" qui vont tout faire pour ne pas que ça se passe mais...ils sont "full minoritaires" à "ce moment ici".