Le premier ministre Justin Trudeau sert une mise en garde au premier ministre désigné François Legault : invoquer la disposition de dérogation n'est pas quelque chose à prendre à la légère.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a laissé planer mardi la possibilité d'avoir recours à cette clause afin d'interdire aux personnes en position d'autorité, comme les juges et les policiers, d'arborer des signes religieux.
« Je crois que la vaste majorité des Québécois aimeraient avoir un cadre prévoyant que les gens en position d'autorité ne doivent pas porter de signes religieux », a argué M. Legault au lendemain de sa retentissante victoire électorale.
« Et si nous devons avoir recours à la disposition de dérogation pour appliquer ce que la majorité des Québécois veut, on le fera », a ajouté le chef caquiste, qui s'exprimait en anglais.
Invité à réagir à cette déclaration à son arrivée au parlement, mercredi matin, le premier ministre Trudeau a prévenu que poser un tel geste n'était « pas quelque chose à faire à la légère ».
« L'utilisation de la clause nonobstant [...] ne devrait être faite qu'en des moments exceptionnels et après beaucoup de réflexion et beaucoup de considérations profondes sur les conséquences », a-t-il offert lors d'un bref échange avec les journalistes.
« Ce n'est pas quelque chose à faire à la légère, parce que de supprimer, ou d'éviter de défendre les droits fondamentaux des Canadiens, je pense que c'est une chose à laquelle il faut faire très attention », a enchaîné le premier ministre avant de tourner les talons.
Il a réitéré sa position sur la question du port des signes religieux : ce n'est selon lui pas à l'État de dire aux citoyens ce qu'ils peuvent porter ou pas.
À Boucherville, où sont réunis les candidats élus et défaits de la CAQ, on a préféré jouer de prudence.