Je suis revenu de vacances mardi dernier. Ma pile de Devoir m’attendait sur le coin de la table de la cuisine. Le dernier paru publiait des extraits du manifeste de François Legault et Charles Sirois. Un document qui fait de l’éducation la priorité de la Coalition pour l’avenir du Québec.
J’avoue ne pas avoir été impressionné. Même si François Legault a été quelques années ministre de l’Éducation, j’ai toujours eu l’impression qu’il manquait cruellement d’imagination à cette fonction, une perception que son manifeste n’a pas su dissiper, sa principale préoccupation étant probablement de devenir chef à la place du chef.
Bien sûr, il a de précieux contacts dans le monde universitaire, comme son ancien directeur de cabinet, Daniel Zizian, devenu secrétaire général adjoint des HEC peu de mois avant la défaite du PQ en 2003, puis directeur général de la CREPUQ en 2007. Un de ceux qui, comme François Legault, réclament aujourd'hui une hausse draconienne des droits de scolarité.
J'ai surtout été déçu qu'il ne reprenne pas là où il avait laissé il y a vingt mois.
Mercredi, c’était au tour de Jean Charest de prononcer son discours inaugural. Encore une fois, rien d’édifiant. La vacuité.
Puis, jeudi soir, c’était Lucien Bouchard, le rainmaker, qui accordait une entrevue à Anne-Marie Dussault. Toujours rien de nouveau à se mettre sous la dent.
Tout ça pour ça !
J'ai terminé la semaine avec le sentiment mitigé que Jean Charest avait obtenu une copie du manifeste de François Legault et que Lucien Bouchard s'était inspiré d'éléments du discours inaugural de Jean Charest portant sur les gaz de schiste.
Mon épouse m’a suggéré qu’il y avait probablement une explication logique. La même firme de consultants aurait écrit les principales lignes de leurs allocutions respectives. Mieux, comme toutes ces personnes fréquentent le même monde, les mêmes soirées, les mêmes cocktails, leurs chemins se sont probablement croisés chez les grands du Québec avec qui ils partagent les mêmes idées. Là, j’ai immédiatement pensé à Sagard.
De toute façon, il n’y a rien à dire de ces trois événements. Il s’agit de non nouvelles qui n’apportent rien de nouveau au débat.
Rien dont on n’a pas déjà entendu parler.
Navrant !
Les billets que j’ai écrits au cours des derniers mois au sujet de Jean Charest, Lucien Bouchard et François Legault demeurent donc toujours d’actualité.
Tout ça pour ça !
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 mars 2011Étrange ! Je suis démocrate mais je ne tiens pas compte des demandes justifiées et saines exprimées par mes concitoyens en rapport avec certains dossiers. Je suis donc un premier ministre démocrate et responsable.
Les désirs de mes amis de s’enrichir accaparent toute mon énergie de premier ministre et définissent mes choix et mes actions. Je suis un vrai démocrate.
Je donne en catimini des permis d’exploration et d’exploitation du gaz de schiste à mes amis en sacrifiant des milliards de dollars de redevances qui auraient pu servir au mieux être de mon peuple, mais j’ai dit non parce que je suis un vrai démocrate.
Je ne vous ai pas menti lors de cette élection dont le thème était Nous sommes prêts. Bon je ne parlais pas du peuple du Québec mais de mes amis. Nous sommes prêts à affaiblir le Québec, à briser le modèle québécois et à nous enrichir au maximum, par tous les moyens. Vive la démocratie et surtout la transparence et la franchise.
Je m’entoure constamment d’ amis, fédéralistes ou anciens péquistes, lucides pour faire évoluer le Québec dans une spirale néo-libérale ayant une classe dominante économique hyper riche grâce à leur lucidité, leur travail acharné et parfois en utilisant l’argent du peuple, parfois en appauvrissant le peuple, ses institutions, etc. La démocratie exige de pouvoir penser et agir à la place du peuple dont l’ignorance congénitale est connue depuis des millénaires.
Je suis un gouvernement majoritaire élu à 38% des votes exprimés (+- 50 %) et je suis fier de vivre dans une telle démocratie. Être élu à 50 % plus 1 au minimum. Non, pas question. Vous poussez la démocratie à un niveau un peu trop élevé. Je suis un premier ministre lucide, pas un idéologue. Non, vous vous trompez, le néolibéralisme n’est pas une idéologie. Ça vient de la nature elle-même. L’humanisme, oui, c’est un manque de lucidité. Ça ne peut pas faire partie d’une équation économique ou financière.
J’arrête, parce que ce premier ministre et ses sbires finissent par me taper sur les nerfs et je vous dit merci pour votre excellent article.
Yves Rancourt Répondre
28 février 2011Bonjour monsieur Lapointe,
Votre épouse est du genre plutôt allumé. Ce n'est peut-être pas la même firme de consultants qui a écrit les discours(les styles étant trop différents) mais, si vous aviez eu l'occasion de lire, en plus du Devoir, le Journal de Québec et Le Soleil entre autres, vous auriez remarqué une cohérence et une convergence médiatiques sans précédent. Du rarement vu! Avant même que F. Legault n'ait dit un mot, il faisait déjà la une du Journal de Québec plusieurs jours consécutifs,sans compter un sondage et des chroniques favorables; puis Le Soleil entre en scène avec une longue entrevue exclusive( G.Lavoie),des chroniques également. Même chose ensuite pour L. Bouchard, avec un accueil sans pareil à Radio-Canada, une heure d'entrevue avec A.-M. Dussault. C'était partout la même euphorie.
Pendant que les souverainistes se chicanent sur l'épineuse question du sexe des anges, il y a chez les fédéralistes une stratégie bien arrêtée, une cohérence d'action exemplaire et un déploiement de moyens considérable. Si les souverainistes et progressistes ne mettent pas de côté leurs différends et continuent de se disperser dans plusieurs partis plutôt que de s'unir,on peut être certain que le PLQ sera réélu encore aux prochaines élections, avec les conséquences que l'on soupçonne. Il faut de toute urgence recréer au Québec une solidarité comme celle qui a porté le PQ au pouvoir en 1976, et ça presse.
Mes salutations.
L'engagé Répondre
27 février 2011Vous lire me fait l'effet de lire Ferron, je n'ai rien a ajouter, mais je me sens moins niais.
Merci, vos billets sont des bijoux.