Le gouvernement Harper s'est vraiment «torturé» les méninges pour affirmer aux Canadiens que jamais, jamais, jamais, l'armée canadienne n'avait transféré de prisonniers aux autorités afghanes en sachant qu'ils seraient probablement torturés - ce qui irait à l'encontre de la Convention de Genève.
Mais malheureusement pour le gouvernement, le témoignage crédible du diplomate Richard Colvin est venu le contredire.
Et, de fait, pour le Canada, cela risque à terme d'endommager sa réputation internationale.
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«Dès le début de la journée jeudi, les chefs libéral et néo-démocrate ont une fois de plus réclamé la démission du ministre de la Défense, Peter MacKay, ainsi que la tenue d'une enquête publique sur le sort des détenus afghans dans les prisons du pays.
Le chef d'état-major de la Défense, Walter Natynczyk, a fait une volte-face, mercredi, et semé l'émoi à Ottawa en révélant qu'un individu qui a été torturé aux mains de la police afghane nationale, à l'été 2006, avait bel et bien été capturé par des soldats canadiens et transféré aux autorités locales par la suite.
Or, le général Natynczyk et les conservateurs plaidaient jusqu'à mardi que ce n'était pas le cas et qu'ils n'avaient jamais eu de preuve de cas de torture d'un détenu arrêté par les Canadiens.
Mais cette révélation confirme, selon le chef libéral Michael Ignatieff, que les conservateurs avaient des preuves mais ont tenté de les camoufler.»
Extrait de: http://www.cyberpresse.ca/dossiers/le-canada-en-afghanistan/200912/10/01-929815-detenus-tortures-lopposition-maintient-la-pression.php
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Au pays même, cette histoire ne fait pas de bien, non plus, au gouvernement, ni au premier ministre. Le temps dira si cela durera ou non.
Mais pour le moment, c'est la «confiance» envers le gouvernement qui est mise à mal - une denrée importante en politique. Demandez-le à Jean Charest...
Ce que semble d'ailleurs indiquer un sondage EKOS paru aujourd'hui:
http://www.theglobeandmail.com/blogs/bureau-blog/stephen-harpers-salad-days-are-done/article1395696/
Selon EKOS, 61% des répondants pensent que les forces canadiennes ont transféré des prisonniers en sachant qu'ils pouvaient être torturés par les forces afghanes et 83% pensent que ces prisonniers ont bel et bien été torturés. Bref, une majorité claire ne croit pas le gouvernement. 52%, dont 66% au Québec, s'opposent aussi à toute extension de la mission canadienne en Afghanistan.
Ce début de bris de confiance, entre autres facteurs, se traduit, pour le moment, dans les intentions de vote - faisant passer le Parti conservateur de 42% en septembre à 35% aujourd'hui. Soit, de majoritaire à minoritaire.
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Comme quoi, même si les partis d'opposition n'ont d'autre choix que de réclamer une enquête publique, ce n'est pas tant le travail de l'opposition libérale qui aura eu cet impact sur l'électorat, mais le choix du gouvernement lui-même de ne pas être transparent sur une question aussi fondamentale que la torture. Et surtout, d'avoir laissé aller ces prisonniers à la torture.
Ce qui, pour plusieurs, confirmera ou montrera, encore une fois, qu'il est mené plus par l'idéologie que par un sens de ce que doit être le comportement d'un État démocratique même en situation de «guerre».
Lester B. Pearson doit se retourner dans sa tombe.
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Sur ce, le nouveau chef de cabinet de Michael Ignatieff, Peter Donolo, envoyait ses voeux des Fêtes au caucus libéral. Le Globe & Mail note qu'il n'y a pas un mot dans sa missive sur une élection possible en 2010. Mais il insiste sur la tâche principale du PLC: s'établir comme une «alternative claire» au PC. [www.theglobeandmail.com/blogs/bureau-blog/seasons-greetings-from-peter-donolo/article1395912/->www.theglobeandmail.com/blogs/bureau-blog/seasons-greetings-from-peter-donolo/article1395912/]
Ce que Iggy, en passant, avait promis de faire l'an dernier.
Mais lorsque le gouvernement Harper se tire lui-même dans le pied, ça devrait aider le chef libéral à se secouer encore plus. Enfin, peut-être...
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Cela étant dit, si cette histoire gruge en effet un tant soit peu les appuis au PC, du moins pour le moment, il reste une constatation incontournable:
Tant que la droite reste unie (ce qu'elle fera), et que le Bloc reste fort (l'effondrement du PC ici, entre autres facteurs, le garantit), seule une coalition des partis d'opposition pourrait empêcher la réélection des Conservateurs, même minoritaire.
Tant que le vote non-conservateur demeurera divisé et que le PLC ne montera pas sérieusement dans les sondages, Stephen Harper dormira sur ses deux oreilles. Que son oreiller soit minoritaire ou majoritaire...
Ou, comme l'observe avec finesse un bon ami: au fédéral, l'ascenseur électoral est coincé entre les étages...
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