Murray Brewster - La Presse Canadienne - Un ancien diplomate canadien a prévenu le gouvernement fédéral dès 2006 que les prisonniers afghans couraient le risque d'être torturés. Mais les rapports qu'il a soumis ont été passés sous silence au nom de la sécurité nationale. Photo: Reuters
Cette révélation explosive a été faite dans un affidavit présenté par Richard Colvin, maintenant directeur adjoint des services de renseignements à l'ambassade du Canada à Washington, à la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire. Cette dernière enquête actuellement sur ce que les policiers militaires canadiens savaient, ou auraient dû savoir, sur la torture possible de prisonniers afghans.
Dans le document de 16 pages, M. Colvin soutient que deux rapports, l'un datant du 26 mai 2006 et l'autre du 2 juin 2006, avaient été largement distribués au sein des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, notamment à des hauts dirigeants militaires à Ottawa et à Kandahar.
Peu après son arrivée à la base de l'Equipe provinciale de reconstruction (EPR) à Kandahar en avril 2006, Richard Colvin a mené une enquête sur les problèmes entourant la remise de prisonniers afghans par les soldats canadiens aux autorités locales.
Il a visité la prison Sarpoza, à Kandahar, avant de rédiger un rapport détaillé un mois plus tard.
«Jugeant que les problèmes concernant les détenus afghans étaient sérieux, imminents et alarmants, j'ai enquêté et fait part officiellement de mes découvertes dans mon rapport depuis la base de l'EPR», a écrit M. Colvin.
Pour ce premier rapport, il a demandé la collaboration du major Erik Liebert, le commandant adjoint de la base, qui a effectué ses propres recherches avant de participer à la rédaction.
Richard Colvin a ensuite envoyé un deuxième rapport encore plus complet qui «traitait de deux questions dont l'une concernait le risque de torture ou la torture de détenus afghans».
Son avertissement était basé sur «une source ou des sources que j'estimais à l'époque, et encore aujourd'hui, comme hautement crédibles.»
Or, lorsque des allégations d'abus ont fait surface au printemps 2007, le premier ministre Stephen Harper et plusieurs ministres du cabinet ont insisté sur le fait qu'ils n'avaient jamais reçu d'informations crédibles de la part des fonctionnaires canadiens concernant de possibles mauvais traitements infligés aux prisonniers.
Le commissionnaire Peter Tinsley a accepté mercredi d'ajourner les audiences publiques de la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire jusqu'à ce que les tribunaux établissent l'étendue de sa juridiction.
Dans sa décision, M. Tinsley a accusé le gouvernement fédéral de faire obstruction à l'enquête, affirmant que «certaines leçons importantes de l'expérience en Somalie» concernant la responsabilité publique «n'avait pas été retenues.»
La torture et le meurtre d'un adolescent somalien en 1993 et les tentatives de la police militaire pour étouffer l'affaire sont à l'origine de la création de la Commission.
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