Ce texte a été initialement élaboré en réponse à l'article "Débat Marois-Legault", "Un duel acrimonieux entre anciens collègues", publié par l'Agence QMI (je ne savais pas qu'une agence pouvait écrire), à la suite du débat mentionné. Le texte de QMI a été publié à 21h39, soit 21 minutes avant la fin du débat. Il était donc peut-être rédigé en partie avant le début du débat. Si je désire reproduire mon commentaire ici c'est parce que je doute que le Journal de Montréal le publie. Dans notre beau pays où règne la liberté d'expression on me censure (ou me modère) très souvent, non pas pour ma vulgarité, mon manque de nétiquette mais uniquement parce que mes opinions sont peut-être "dérangeantes".
Comme d'habitude à TVA, on a fait appel à un paquet d'analystes politiques fédéralistes qui de toute façon allaient donner François Legault gagnant, peu importe ce qui arriverait. Un autre "analyste" (Gaétan Barrette), un novice en politique, donnait son chef gagnant. Le seul analyste crédible demeure Jean-François Lisée et seule son analyse donnant Pauline Marois gagnante était fondée.
Pauline Marois a nettement dominé la première moitié du débat. Par la suite François Legault était tellement dérouté qu'il ne faisait que bombarder Pauline Marois de questions et ne lui laissait aucunement l'occasion de répondre, en répondant n'importe quoi à sa place alors que tous ceux qui ont suivi la campagne de près savent que Pauline Marois avaient des réponses intelligentes à chacune des questions de Legault. Ce dernier a jouer au Jean Charest dans toute la seconde partie du débat. Il formule des questions, ne laisse pas le temps à l'adversaire de répondre et répond tout de travers à sa place. C'est le genre de tactique qu'utilise habituellement un perdant. Votre journal (Le Journal de Montréal) est tellement biaisé que dans le "lead" de votre article vous parlez de Pauline Marois et de "François" tout court, sans nommer son nom de famille, comme si le chef de la CAQ était votre grand ami personnel depuis toujours.
Quant à la stratégie des référendums d'initiative populaire, j'ai compris en deux minutes de quoi il s'agissait. C'est clair, net et précis. Il est vrai cependant que je suis politologue. François Legault faisait semblant de ne rien comprendre pour mêler la population. Un référendum d'initiative populaire n'est que consultatif. Il ne lie pas le gouvernement d'une part et d'autre part il exige la signature de 850,000 québécois, ce qui est pratiquement impossible à obtenir. Au plus fort de l'insatisfaction à l'égard du gouvernement Charest, seulement 450,000 québécois ont signé une pétition en ligne demandant la démission de Jean Charest. C'est vous dire. Je suis un souverainiste pur et dur, un souverainiste pressé et, malgré cela, comme la plupart des souverainistes purs et durs, je ne signerai pas une pétition demandant un référendum que je ne serais pas sûr de gagner. Les souverainistes ne sont pas des idiots qui exigeraient un référendum à tout prix, sans être sûrs de le gagner car nous sommes assez intelligents pour savoir que nous ne pouvons pas tenir des référendums à répétition qui ne feraient que nous mettre la population à dos. Quand quelqu'un pourra recueillir 850,000 signatures pour une référendum c'est certainement parce qu'une nette majorité des québécois sera alors en faveur de la souveraineté.
Le programme du PQ a le mérite d'être réaliste. Celui de la CAQ ressemble à celui du PLQ de 2003 quand Jean Charest était "prêt" à tout changer et que la réalité l'a amené 9 ans plus tard au même point qu'au début de la campagne électorale de 2003. C'est même pire que c'était. Nous avons reculé sur beaucoup de points. Promettre la lune c'est facile. Aller la chercher c'est une autre histoire. En plus, en 2003, Jean Charest avait au moins une bonne équipe avec lui. Elle est où l'équipe de la CAQ à part 5 ou 6 faces connues dont une poignée de novices en politique? Les 3 incorruptibles de la CAQ ne m'impressionnent guère. Le PQ est plein d'incorruptibles et faire un ménage à 20 c'est plus facile qu'à 3. S'il est vrai que Pauline Marois n'as pas le monopole de l'amour de la langue française, Jacques Duchesneau n'a pas le monopole de l'intégrité. Il y a plus de squelettes dans le placard de la CAQ que dans l'équipe péquiste actuelle. Même Jacques Duchesneau ne lave peut-être pas aussi blanc qu'on le pense. Et puis tout être sensé sait qu'on ne fait pas une campagne électorale sérieuse avec seulement 4 millions de dollars. François Legault amasse 3,125,000$ en demandant à chacun de ses 125 candidats une "mise de fonds" de 25,000$. Ça dépasse largement les 100$ par électeur auxquels le PQ et la CAQ veulent plafonner les contributions électorales. Pour recueillir le même montant le PQ devrait compter sur une contribution maximale de 100$ auprès de 31,250 membres. Et on sait que la vaste majorité des membres du PQ sont loin de donner 100$ chacun.
Pensez à l'ADQ de 2007 et 2008 lorsqu'elle a formé une opposition officielle absolument inefficace. L'équipe actuelle de la CAQ est une autre troupe d'amateurs, de transfuges, de poteaux, de fédéralistes, de souverainistes, d'autonomistes et de quelques "assisentretroischaisistes" prêts à s'entredéchirer au moindre petit différend constitutionnel ou idéologique. Confier le pouvoir à l'équipe de la CAQ c'est s'assurer un désastre précipité.
Paolo Mitriou
Pauline bat Legault qui se défend en se mettant à parler et à hurler tout seul
Tout cela devant un Pierre Bruneau encore une fois dépassé
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
24 août 2012Merci pour cette belle analyse.
Vous dites :
"Quand quelqu’un pourra recueillir 850,000 signatures pour une référendum c’est certainement parce qu’une nette majorité des québécois sera alors en faveur de la souveraineté."
Je répète :
"Quand quelqu’un pourra recueillir 850,000 signatures pour une référendum c’est certainement parce qu’une nette majorité des québécois sera alors en faveur de la souveraineté."
Et je crois qu'il faudrait encore le redire :
"Quand quelqu’un pourra recueillir 850,000 signatures pour une référendum c’est certainement parce qu’une nette majorité des québécois sera alors en faveur de la souveraineté."
Je sais bien que je rêve éveillé mais je le dis tout de même : puisse madame Marois entendre cette assertion ; il m'apparaît pourtant bien clair que c'est seulement avec une telle prise de position qu'elle pourrait se sortir du pétrin dans lequel elle s'enlise actuellement à force de tergiversations au lendemain de son débat avec François Legault!
Archives de Vigile Répondre
23 août 2012« Promettre la lune c’est facile. Aller la chercher c’est une autre histoire. »
En effet, Albert Camus, dans « Caligula », l'avait admirablement exprimé. Caligula désire la lune. Malheureusement, il sait très bien que personne ne la lui apportera. C'est pourquoi il est si implacable - si juste (car la Justice doit être grande si elle veut exister) - avec son entourage.
Malheureusement, durant cette campagne électoraliste, bon nombre de personnes croiront qu'il est possible d'y aller, sur la lune! Fort probablement parce qu'on a récemment envoyé un clown dans l'espace et que malheureusement, il est revenu sur Terre. Deuxièmement, c'est que la majorité des personnes peuvent s'approprier la lune sur leur téléphone intelligent (à l'ère des sots et des « smart-phones »).
Je ne suis pas cette campagne « provinciale » car les protagonistes sont justement des provinciaux. Et en bons provinciaux qu'ils sont, ils sont incapables d'adopter une position globale sur le monde. Et on veut faire un pays avec avec ça!
C'est la raison pour laquelle je ne voterai pas (C'est un choix conscient et pleinement assumé politiquement). Finalement, il est tout à fait évident que la politique journalistique - si on peut appeler ça du journalisme - actuelle donne dans la censure. Même l'expression « nétiquette » est un affront à l'intelligence et je ne me risquerais pas à m'exposer à cette poisse virtuelle.
Dans le réel, je défendrai mes idées. Et non avec un téléphone intelligent!
Archives de Vigile Répondre
23 août 2012C'est certain que TVA pousse l'électorat à voter Legault et la CAQ... Et ça fonctionne, évidemment...
Nos riches élites capitalistes de la finance et des affaires (dont monsieur Legault fait d'ailleurs partie) décident toujours qui gouvernera. Ce n'est pas nouveau.
Ils peuvent grâce à l'influence de leurs médias diriger le vote là où ils veulent.
C'est monsieur Michel Rolland qui avait raison dans son article au début de la présente campagne électorale:
http://www.vigile.net/Liberons-nous-des-neoliberaux
Archives de Vigile Répondre
23 août 2012Finalement, on revient à la case départ. Quel choix a l'électeur québécois le 4 septembre si on arrive à lui faire suffisamment peur avec le potentiel retour des divisions dans les familles, les chicanes constitutionnelles et la fuite des capitaux tant qu'à y être causés par un référendum hypothétique sur la souveraineté?
Va t-il choisir de retourner Jean Charest au pouvoir pour un autre mandat malgré l'usure de son gouvernement rendu insoutenable et passé date.
Ou élire la CAQ de François Legault champion toute catégorie de l'improvisation qui nous promet de faire le ménage en s'attaquant à tout ce qui bouge à l'aveuglette à très court terme, sans vision d'avenir pour le peuple québécois?
Les fédéralistes ont-ils peur à ce point d'un référendum en retirant toute chance aux souverainistes de se faire entendre par la voix démocratique en les enfermant dans une province au sein d'un pays qui n'a qu'un seul but: l'assimilation à petit feu à la majorité monarchique anglo-saxonne.