Modeste conseil aux jeunes libéraux

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S'il veut être crédible dans son renouveau nationaliste, le PLQ doit replonger dans les demandes constitutionnelles traditionnelles



Depuis que leur parti a subi une raclée en octobre, les élus et militants libéraux prétendent à peu près tous vouloir renouer avec le « nationalisme ».




En début de semaine, le président de la Commission-Jeunesse du PLQ, Stéphane Stril, affirmait ceci au Soleil : « L’appartenance au Parti libéral est pleinement compatible avec la fierté québécoise. »




Quand on est obligé de réaffirmer ce qui devrait être une évidence, c’est qu’il y a un problème. Stril se sent obligé d’ajouter que « l’identification au Québec fait partie des huit valeurs libérales énoncées par Claude Ryan ».




Mais plusieurs Québécois n’y croient plus.




La question du régime




Pour les convaincre du contraire, comme le note Mathieu Bock-Côté dans la page de droite, les libéraux doivent aller au-delà des slogans.




J’ajouterais que si les libéraux sont sérieux, ils doivent recommencer à aborder ce que l’historien Frédéric Bastien appelle, dans son livre sur le PQ, Après le naufrage (Boréal), la « question du régime ».




C’est-à-dire les graves problèmes du fédéralisme canadien, au premier chef l’aura d’illégitimité politique qui entoure la réforme constitutionnelle en 1982, imposée au Québec.




Or, le thème du fédéralisme a pratiquement été abandonné par le PLQ sous Charest ; et encore plus sous Couillard et Fournier.




Pour retrouver une véritable « identification au Québec », le PLQ doit rompre avec ce qu’on pourrait appeler la doctrine Charest-Fournier-Couillard (appelons-la CFC).




Celle-ci a été développée après Meech (1990), Charlottetown (1992) et le référendum de 1995. Elle amène le PLQ à taire toute critique sérieuse du Dominion, et par conséquent toute volonté de renouveler le fédéralisme. De peur de faire le jeu du souverainisme.




La doctrine CFC a conduit le PLQ à abandonner le rêve fondamental des Lesage, Ryan et Bourassa : définir et réclamer le statut politique idéal pour la nation québécoise au sein du Canada.




Nouveau cycle




Récemment, toutefois, un nouveau cycle s’est ouvert avec la chute du Bloc en 2011 à Ottawa, l’affaiblissement du PQ et l’élection de la CAQ en 2018.




Des nationalistes non souverainistes se retrouvent au pouvoir à Québec et osent faire des demandes à Ottawa. Parfois, ça fonctionne : pensons à la place que le Québec a obtenue dans le processus de remplacement d’un juge de la Cour suprême fédérale.




Imparfaite, l’entente est déjà beaucoup plus amitieuse que ce que les résignés de l’ère CFC (Jean-Marc Fournier au premier chef) réclamaient sans y croire.




Dans le nouveau cycle politique, les libéraux devraient comprendre que de critiquer le Canada, d’affirmer le fait français, n’alimentera plus nécessairement le souverainisme, affaibli comme jamais. Au contraire, une nouvelle concurrence pour un fédéralisme renouvelé est relancée.




Classiques




Pour redémarrer réellement son nationalisme, le PLQ doit reprendre ce combat fondamental.




Jeunes libéraux, relisez vos classiques ! Le « Livre beige » de Claude Ryan d’abord. Il contenait la vision fédéraliste québécoise décentralisée du Canada, présentée par le camp du non contre la souveraineté-association de Lévesque.




Au fond, c’est cette vision qui l’a emporté en 1980 ; avec une « majorité claire » de quelque 60 % en plus. Une vision trahie sans vergogne par Pierre Elliott Trudeau et Jean Chrétien par la suite.




Vous pourriez aussi relire les rapports Allaire de 1990 et Pelletier de 2001...




Libéraux, vous pouvez bien continuer à ânonner des slogans fleurdelysés ; sans un retour à la véritable « vraie affaire » que constitue le problème du statut politique du Québec, vous n’aurez aucune profondeur, aucune crédibilité.




De toute façon, même si vous souhaitez continuer, comme une partie de votre base vous y incitera, à dire aux Québécois d’accepter le Canada comme il est, d’autres se chargeront presque assurément de reposer la « question du régime ».




Les caquistes au premier chef, qui se sont donné en 2015 un programme ambitieux à cet égard intitulé « Un nouveau projet pour les nationalistes du Québec ».




Ou encore l’Alberta de Jason Kenney, qui remettra sur le tapis la « question du régime » avec sa promesse de faire un référendum sur la péréquation.





Le carnet de la semaine




SONIA RETROUVÉE











Constatant le refus de la ministre de la Justice Sonia Lebel de répondre aux questions sur le projet de loi sur la laïcité du gouvernement, le libéral Marc




Tanguay avait lancé, le 16 mai, un « avis de recherche ». Mardi, la ministre dit : « Je rassure tout le monde, mes parents, mes proches, mes amis, je ne suis pas disparue », tout en ne répondant pas sur le fond. Quant à M. Tanguay, il a décliné l’invitation de venir en parler à Qub. Dois-je lancer un avis de recherche ?




JULIEN « FANTASTIQUE » !










Le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a fait pouffer de rire une bonne partie des élus à l’Assemblée nationale, mardi, en répondant avec un excès d’enthousiasme aux questions de son critique libéral Saul Polo au sujet de la récente mission de François Legault aux États-Unis. Une mission « tellement en cohérence avec ce que notre gouvernement a annoncé [...] que je [la] qualifierais, honnêtement, de fantastique ! » a lancé Julien avec transport.




HUMOUR RISQUÉ










Semaine au poil, comme on le sait. François Legault a risqué, en chambre mardi, une blague sur le sujet dont il a cru nécessaire, peu après, de s’excuser auprès des représentants de QS. À l’inauguration de l’agrandissement du Parlement, jeudi, prenant la parole en cinquième, il a dit qu’il se sentait comme le dernier mari d’Elizabeth Taylor : je sais quoi faire, mais je ne sais pas comment rendre ça intéressant, a-t-il dit en substance. Une élue rouge, à côté de moi, quitte la pièce en pestant : « Je m’en vais, il n’a pas de classe ! » Aïe !




La citation de la semaine





« Se payer des bonis sans le divulguer, ça me choque. Il faut être transparent. Je m’engage à l’être. »




– Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, réagissant au rapport de la Vérificatrice générale sur les bonis cachés à Investissement Québec