MAFIA LIBÉRALE

Crise d’Octobre 70: Laporte, le PLQ et la mafia

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Laporte était sous enquête de la SQ pour ses liens avec le clan Cotroni au moment de son enlèvement


Ce 50e anniversaire de la crise d’Octobre est l’occasion de rappeler certains faits troublants au sujet de Pierre Laporte, la mafia et le Parti libéral du Québec.


Le livre-choc du policier retraité Claude Lavallée, Révélations d'un espion de la SQ, publié aux Éditions de l'Homme les détaille. Le témoignage est de première importance. Il était à l’époque le spécialiste de l'écoute électronique à la Sûreté du Québec (SQ).


Le 16 avril 1970, quelques jours seulement avant l’élection générale qui fera de Robert Bourassa le plus jeune premier ministre du Québec, Claude Lavallée affirme que la SQ observe une rencontre de Pierre Laporte et de son principal organisateur, Jean-Jacques Côté, avec les chefs mafieux Nicola Di Iorio et Frank Dasti. Di Iorio est considéré à l’époque comme étant le successeur présomptif de Vic Cotroni en tant que parrain de la mafia montréalaise. Frank Dasti sera condamné en 1974 à 20 ans de prison aux États-Unis pour trafic de stupéfiants. Selon le rapport de police, Laporte est resté sur place une heure. Il était sous surveillance policière dans le cadre de l’enquête Végas sur la mafia.





Témoignant devant la Commission d'enquête sur le crime organisé (CECO) en 1974, Coté révèle que Di Iorio, a demandé à Laporte de faire en sorte, si les libéraux sont élus, que les activités de l’organisation criminelle ne soient pas perturbées. Il se plaint des nombreuses descentes de police qui frappent des bars, des cafés et des boîtes de nuit contrôlés par la mafia.


Pierre Laporte n’était pas le seul candidat au leadership libéral à entretenir des liens avec le crime organisé italien. En 1973, toujours devant la CECO, Willie Obront, l’argentier du clan Cotroni reconnait avoir versé entre 4500 $ et 5000$ à la campagne de Robert Bourassa. La mafia voulait par tous les moyens empêcher Claude Wagner, le candidat «Loi et Ordre» de devenir chef du PLQ et premier ministre. Une fois élu chef du Parti libéral, Bourassa a encore obtenu le soutien financier d’Obront aux élections générales de 1970. Le Manifeste du FLQ attribuera la victoire libérale de 1970 aux «faiseurs d’élections Simard-Cotroni». Un pressentiment...


Selon le policier Claude Lavallée, dès son élection, Bourassa est avisé des liens de Laporte avec la mafia par l'inspecteur-chef de la SQ, Hervé Patenaude, qui a immédiatement donné accès aux écoutes électroniques à Paul Desrochers, son homme de confiance: «J'avais l'impression de travailler pour un parti politique, et non pas pour le gouvernement. Par contre, Patenaude semblait éprouver une grande satisfaction à voir Québec venir à lui.» 


La Sûreté du Québec se mettait ainsi au service des libéraux plutôt que de la justice. Ce ne sera pas la dernière fois que cela se produira.


Bien qu’avisé des liens entre Pierre Laporte et la mafia, Robert Bourassa le nomme quand même vice-premier ministre et ministre du Travail et de l’Immigration. Déception du côté de la mafia; on espérait que Laporte soit nommé ministre de la Justice. Claude Lavallée écrit que sur ordre de Bourassa, Patenaude a interdit aux enquêteurs de la SQ d'écouter les conversations de Laporte. Un barrage, une bibliothèque et un boulevard au centre-ville de Montréal portent son nom.


Les policiers se sont alors concentrés sur son attaché politique, René Gagnon. Le 19 janvier 1971, alors qu’ils sont sous écoute policière, Gagnon rencontre Di Iorio au Club Métropole qui le menace de divulguer des documents qui feraient scandale s’ils étaient publiés: le Parti libéral du Québec est l’objet de chantage de la part de la mafia. Était-ce la seule fois?


L’enlèvement de Pierre Laporte par le FLQ, le 10 octobre 1970, a mis fin à l’enquête sur ses liens avec la mafia. Claude Lavallée constate: «Cet événement signifiait l'échec de notre patiente enquête sur la corruption de l'homme politique par la pègre, qui devait prochainement mener – j'en étais convaincu – à l'inculpation du ministre du Travail.» Pierre Laporte était devenu une victime irréprochable, un saint martyr de la cause fédéraliste. 


L’écoute électronique de la SQ révèle que le jour même du meurtre de Laporte, la mafia a proposé de se lancer à sa recherche et de le libérer.




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