Le drame d’Akwesasne qui a fait huit victimes est l’une des pires noyades mortelles de l’histoire du Québec. Les noyés ont été retrouvés près de l’embarcation d’un Mohawk, porté disparu.
Depuis des décennies, Akwesasne, un territoire mohawk qui chevauche le Québec, l’Ontario et l’État de New York, est la plaque tournante de la contrebande dans l’est de l’Amérique du Nord.
«Plusieurs propriétaires de bateaux sont devenus riches en laissant des passeurs illégaux utiliser leurs quais», déclare au Journal un résident de Summerstown, en Ontario. «C’est par ici que tout passe. Les drogues, les cigarettes et les migrants», affirme le propriétaire d’une résidence au bord du Saint-Laurent, à Cornwall.
Les deux n’ont pas voulu être identifiés, par crainte de représailles des groupes criminels qui contrôlent ces trafics, auxquels il faudrait aussi ajouter le trafic d’armes.
Un autre témoin a dit au Journal que ça faisait plusieurs fois qu’il avisait les autorités de ces passages chez lui. Sans résultat. Pourtant, 80 migrants y auraient été interceptés depuis janvier. Combien ont pu passer sans être interceptés?
Québec et Ottawa craignent les Mohawks
J’ai traité plusieurs fois dans Le Journal, au cours des dernières années, l’incroyable laisser-faire d’Ottawa et de Québec quant aux activités illégales qui se déroulent depuis des décennies à Akwesasne.
Dans une lettre ouverte dans Le Journal de Montréal, en 2021, le sénateur et ex-policier Jean-Guy Dagenais affirme que seul Justin Trudeau «peut s’attaquer à la passoire d’armes d’Akwesasne et rétablir les peines d’emprisonnement minimum pour ceux qui sont arrêtés en possession d’armes illégales... peu importe la race».
Alimentées par Akwesasne, les autres réserves mohawks sont en effet la principale source des armes à feu illégales qui circulent à Montréal et à Toronto.
Le trafic d’armes dure depuis des décennies
Des dépêches diplomatiques américaines révélées par la fuite WikiLeaks de 2011 indiquent qu’armes, drogues et autres marchandises de contrebande, pour environ un milliard de dollars, passaient chaque année par Akwesasne.
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Déjà en 2004, la consule américaine à Québec, Susan Keogh-Fisher, écrit que les gouvernements du Québec, du Canada et des États-Unis faisaient tout pour éviter d’indisposer les Mohawks. De son côté, la consule américaine à Montréal, Bernadette Allen, affirmait qu’il est inutile de faire appel aux «policiers» mohawks pour faire respecter la loi.
Ottawa et Québec ont une peur bleue des Mohawks qui peuvent bloquer les ponts de Cornwall, en Ontario, et Honoré-Mercier, à Montréal. Tout pour éviter une nouvelle crise d’Oka.
En juin 2022, le Québec vient d’octroyer 6,2 millions de dollars à la police mohawk d'Akwesasne dans sa stratégie de lutte contre la violence armée à Montréal. On paie donc les salaires de cinq Peacekeepers et on leur fournit un nouveau bateau, des véhicules tout-terrains et des motoneiges afin d'interpeller des contrebandiers d’armes à feu.
Le fédéral a fait la même chose il y a deux ans. Les Mohawks affirmaient ne pas avoir les moyens de lutter contre le crime organisé autochtone. Manifestement, ça n’a rien donné.
Les policiers mohawks d’Akwesasne disposent déjà d’une patrouille nautique. Ils ont saisi combien d’armes ou autres marchandises de contrebande à destination du Canada? Combien de contrebandiers ont-ils arrêtés?
Je prédisais que les résultats pour les cinq années à venir seront à l’avenant, malgré les millions de Québec et d’Ottawa. Je suggérais que l’octroi soit conditionnel au rendement: on paie en fonction des saisies.
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La mort des huit migrants endiguera peut-être les transits vers les États-Unis. Mais je doute que ça affecte le flot d’armes et de drogue en sens inverse vers le Canada.
Sachant parfaitement depuis longtemps la passoire que constitue Akwesasne, vous vous demandez pourquoi la GRC et la SQ ne patrouillent pas les eaux autour d’Akwesasne? Encore une fois, parce qu’Ottawa et Québec ont peur des Mohawks.