« Monsieur le Président, le rétablissement de l'équilibre fiscal dans la fédération canadienne est une priorité de notre gouvernement ;
« Pour le gouvernement, l'équilibre fiscal signifie qu'Ottawa et les provinces doivent être en mesure de cibler leurs grands secteurs de responsabilité. Ils doivent avoir des ressources nécessaires pour s'acquitter de ces responsabilités... »
Ça, c'est le ministre des Finances, Jim Flaherty, qui disait cela le 2 mai dernier, assurant qu'il y aurait une Conférence des premiers ministres « cet automne ».
« Le nouveau gouvernement adoptera une nouvelle approche. Il est déterminé à bâtir une fédération meilleure, dans laquelle les gouvernements uniront leurs efforts pour aider les Canadiens à réaliser leur potentiel. Pour ce faire, le gouvernement donnera suite aux préoccupations relatives au déséquilibre fiscal et s'assurera d'avoir en place des arrangements fiscaux grâce auxquels tous les gouvernements ont accès aux ressources dont ils ont besoin pour s'acquitter de leurs responsabilités... »
Ça, c'est le nouveau premier ministre du Canada, Stephen Harper, qui promettait cela à l'ouverture du Parlement, le 4 avril dernier.
« Le déséquilibre fiscal n'est pas seulement un problème budgétaire, une question de gros sous. C'est le fonctionnement et l'esprit même de la fédération canadienne qui est en cause... »
Ça, c'est le chef du Parti conservateur, le même Stephen Harper, qui a fait cette déclaration solennelle le lundi 19 décembre 2005 à Québec. Ce discours est le plus important puisqu'il marqua un point tournant de la campagne électorale fédérale au Québec et qu'il explique largement les succès électoraux du parti.
Aujourd'hui, on ne sait plus. Les nouvelles, en tout cas, ne sont vraiment pas très bonnes...
On ne reprochera pas à M. Harper d'avoir renoncé à cette conférence intergouvernementale. Ce sont plutôt les provinces qui devraient être blâmées puisqu'elles ont été incapables de s'entendre sur une position commune. L'Ontario libérale, en particulier, a torpillé la dernière réunion du Conseil de la fédération. Et même les deux premiers ministres néo-démocrates, Gary Doer du Manitoba et Lorne Calvert de la Saskatchewan, ne s'entendent pas entre elles.
Ainsi, les provinces étant divisées, le gouvernement fédéral pourra régner. Ses mandarins en particulier, qui viennent de l'ancien régime de Jean Chrétien et de Paul Martin.
Désormais, ce sera le règne du chacun pour soi. «Au plus fort la poche !» Et le Québec n'est pas le plus fort lorsqu'il s'agit de négocier avec Ottawa.
C'est là un revirement dangereux pour la fortune électorale des Conservateurs au Québec, et pour les Libéraux de Jean Charest bien sûr. Cela fera évidemment l'affaire du Bloc québécois, et sans doute aussi du Parti québécois.
Mais il y va aussi d'une question d'éthique de la part de Stephen Harper.
Il a trop profité, électoralement, de ces engagements pour ne pas s'expliquer devant les Québécois aujourd'hui. Il doit dès maintenant et avant toute élection, provinciale ou fédérale, clarifier ses intentions.
Jean Charest s'est déjà contenté d'une demi mesure quant au rôle du Québec sur la scène internationale et en particulier à l'UNESCO. Il ne faudrait pas qu'il se contente maintenant d'un plat de lentilles.
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