Justin Trudeau croit qu'il faut surveiller les mouvements qui remettent en doute la politique d'immigration du Canada.
Dans une entrevue de fin d'année accordée à l'émission Salut Bonjour de TVA, le premier ministre affirme qu'il faut «surveiller» «une minorité» qui se fait de plus en plus entendre.
Lorsque l'animateur Gino Chouinard lui fait remarquer qu'il faut aussi l'écouter, M. Trudeau insiste : «Oui, mais surveiller».
Il réagissait aux manifestations, inspirées par le mouvement des gilets jaunes en France, qui ont eu lieu dans plusieurs villes canadiennes au cours du week-end. Bien que le mouvement français porte sur le coût de la vie, les gilets jaunes canadiens ont plutôt dénoncé le Pacte mondial pour les migrations des Nations unies, approuvé par le Canada il y a environ une semaine, et la taxe fédérale sur le carbone.
Le premier ministre ne semble pas craindre que le mouvement, qui dure depuis un mois en France, prenne de l'ampleur ici.
«Je sais que la grande majorité des Canadiens savent qu'on doit agir sur l'environnement, a-t-il dit lors de cette entrevue. Et ils savent que l'immigration est une source de croissance économique pour notre pays et non de faiblesse. Pour la majorité des gens, c'est ça. Mais il y a une minorité qui se fait de plus en plus vocale qu'il va falloir surveiller.»
Il a accusé les conservateurs de jouer à un «jeu dangereux» en alimentant avec des informations trompeuses la controverse sur le Pacte mondial pour les migrations des Nations unies.
Les conservateurs craignent qu'il ne porte atteinte à la souveraineté du Canada dans la gestion de son immigration même s'il est mentionné à plusieurs reprises dans le pacte qu'il est «juridiquement non contraignant».
«Je pense que c'est dangereux pour un premier ministre de balayer les inquiétudes légitimes, les critiques légitimes avec une réponse comme ça», a rétorqué le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, lundi après-midi.
«C'est tellement un manque de respect pour les Canadiens qui (ont) raison de ne pas avoir confiance (envers) le premier ministre», a-t-il ajouté.
M. Scheer a par la suite rejeté tout lien avec des groupes de la droite identitaire comme La Meute et Storm Alliance qui dénoncent les politiques d'immigration fédérales.
Tout l'automne, les conservateurs ont accusé à plusieurs reprises le premier ministre de leur accoler une étiquette raciste lorsqu'ils ont soulevé des questions sur la gestion de l'afflux de demandeurs d'asile à la frontière canado-américaine.
Offre bonifiée
Par ailleurs, Justin Trudeau a révélé en entrevue à La Presse canadienne que son gouvernement avait fait une «offre beaucoup plus substantielle» pour compenser le Québec pour l'accueil des demandeurs d'asile qui ont traversé la frontière de façon irrégulière, sans toutefois aller jusqu'à révéler le montant.
«Je ne veux pas parler de quelque chose qui n'était peut-être pas public parce que je ne veux pas négocier sur la place publique», a-t-il affirmé.
Le gouvernement Trudeau avait d'abord offert 36 millions pour couvrir les frais d'hébergement temporaire des migrants en 2017, mais Québec, qui demandait alors 146 millions, n'a jamais encaissé le chèque.
Le gouvernement Legault réclame maintenant 300 millions pour défrayer les services qui sont offerts aux demandeurs d'asile, comme l'éducation ainsi les soins de santé.
Depuis janvier, un peu plus de 17 000 migrants ont été interceptés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) au chemin Roxham à Saint-Bernard-de-Lacolle. Ils s'ajoutent aux 19 000 qui avaient traversé la frontière à cet endroit en 2017.
Les caquistes se sont fait élire en octobre avec la promesse de réduire les seuils en immigration. Selon le plan déposé par le ministre québécois Simon Jolin-Barrette au début du mois, le Québec recevra environ 10 000 nouveaux arrivants de moins en 2019, alors qu'Ottawa entend en accueillir davantage.
Des réductions sont prévues dans les trois catégories de nouveaux arrivants même si le Québec n'en contrôle qu'une seule, celle des immigrants économiques. Le nombre de réfugiés et d'immigrants issus du programme de réunification familiale est déterminé chaque année par le gouvernement fédéral.