Au cours des dernières semaines, on a pu assister à des déclarations surprenantes de la part d’organisateurs et de membres du caucus libéral qui prétendent que le vote traditionnellement acquis au PLQ est en voie de s’effriter considérablement. En effet, depuis la fondation du PQ dans les années 1960, le PLQ a toujours pu compter sur l’antagonisme souverainiste-fédéraliste pour fidéliser habilement le vote fédéraliste francophone, les communautés issues de l’immigration et les anglophones, assurant par la même occasion une base solide au vote libéral.
Cependant, l’arrivée de la CAQ et le virage de François Legault sur la question nationale, jumelés avec l’usure du pouvoir, viennent remettre en question les fondements de cette base électorale. Cette nouvelle donne est-elle suffisante pour provoquer un effondrement du vote libéral ? Difficile à prévoir, mais, à quelques jours du scrutin, le PLQ a sans doute raison de montrer des signes d’inquiétude.
Les forteresses libérales
Quand on pense aux fameuses forteresses libérales, on fait souvent référence à une trentaine de circonscriptions dans lesquelles le PLQ serait assuré de remporter aisément la victoire. Ainsi, au cours des trois dernières élections législatives (2003-2007-2008), on retrouve 29 circonscriptions où le candidat du PLQ a remporté plus de 40 % des votes le jour du scrutin.
Cependant, sur ces 29 forteresses, 25 circonscriptions ont obtenu une moyenne de plus de 50 % du vote au cours des trois dernières élections générales et 18 circonscriptions ont obtenu la majorité absolue à chacune de ces élections législatives.
Il s’agit là du noyau dur de la base électorale libérale majoritairement situé sur l’île de Montréal et sa périphérie rapprochée ou dans la région de l’Outaouais.
Par exemple, dans certaines circonscriptions de Montréal comme D’Arcy -McGee, Jeanne-Mance-Viger, Robert-Baldwin, Mont-Royal, Nelligan, Saint-Laurent et Westmount-Saint-Louis, le PLQ obtient plus de 70 % des votes, ce qu’aucun autre parti n’a réussi à obtenir dans les dernières élections générales. D’ailleurs, lors de la montée de l’ADQ en 2007, seulement 30 circonscriptions libérales avaient obtenu plus de 40 % du vote, accréditant l’idée qu’il s’agit là du minimum de comtés acquis aux libéraux.
Compte tenu des derniers sondages, il serait extrêmement surprenant que le PLQ soit en difficulté dans ces circonscriptions à quelques exceptions près, par exemple Jean-Talon situé dans la région de Québec. Dans ces forteresses libérales, le virage de François Legault sur la question nationale ne suffira donc probablement pas à provoquer un effondrement du PLQ. À l’évidence, la CAQ devra faire une plus grande profession de foi fédéraliste pour chatouiller les châteaux forts libéraux.
Le vote francophone fédéraliste
La situation est toutefois plus inquiétante dans les 90 à 95 circonscriptions où le vote francophone est déterminant. Avec moins de 20 % des intentions de vote chez les francophones, le Parti libéral pourrait facilement devenir le troisième parti en importance au Québec et ainsi subir sa plus humiliante défaite dans l’histoire moderne du parti.
En fait, si le vote anglophone et allophone semble toujours acquis aux libéraux, il en va tout autrement chez les fédéralistes francophones pour qui la CAQ représente dorénavant une solution de rechange crédible. Dans cette perspective, plusieurs libéraux déçus pourraient changer de camp le 4 septembre. Reste cependant à voir comment se comportera véritablement le vote libéral francophone le jour du scrutin. Sera-t-il, comme à l’habitude, sous-estimé ou au contraire balancera-t-il du côté de la CAQ ?
Chose certaine, c’est sans doute le vote francophone fédéraliste qui déterminera si la CAQ dépassera le seuil des 30 % atteint par la défunte ADQ en 2007 et s’il est possible de faire des gains en dehors des régions qui lui sont plus favorables, comme les Laurentides, Québec et la Beauce.
Les derniers temps de la campagne ont montré un vote libéral francophone de plus en plus fragile… et, si un effondrement reste bien improbable, il est peut-être maintenant possible !
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Antonin-Xavier Fournier - Professeur de sciences politiques au Cégep de Sherbrooke et Marc-Antoine Turcotte - Étudiant à la maîtrise à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke
Le vote libéral peut-il s’effondrer?
Les derniers temps de la campagne ont montré un vote libéral francophone de plus en plus fragile… et, si un effondrement reste bien improbable, il est peut-être maintenant possible !
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