Plus de deux tiers des électeurs qui ont voté n'ont pas appuyé le Parti québécois. Le PQ n'a pas gagné ces élections parce qu'il a mené la meilleure campagne ou parce qu'il méritait de gagner. Il a profité outrageusement des distorsions de notre système électoral.
À 31,9% du vote populaire, il a fait moins bien qu'en 2008, alors qu'il avait remporté 35,1% du vote (et fait élire 51 députés). Le fléchissement du vote libéral après neuf ans de pouvoir et la montée d'un troisième parti - la CAQ - a divisé le vote et a permis à plusieurs candidats péquistes de remporter leur circonscription à l'arraché.
Si le PQ n'a pas remporté une victoire convaincante, il n'a que lui-même à blâmer. Parce que dans cette campagne, Mme Marois a trop parlé à ses militants et pas assez à tous les Québécois. Éducation collégiale obligatoire en français, projet de citoyenneté où l'on veut créer deux classes de citoyens, charte de la laïcité, le PQ n'a cessé de défoncer des portes ouvertes en proposant des solutions à des problèmes qui n'existent pas vraiment.
Le PQ n'a certes pas remporté les élections parce qu'il a prouvé sa compétence sur le plan économique et fiscal. Même l'ancien ministre péquiste Joseph Facal a qualifié son programme économique de «populiste, irréaliste et taillé sur mesure pour courtiser la clientèle tentée par Québec solidaire» et a justement souligné que «la pensée péquiste sur le financement des services publics est totalement dépassée».
À 55% du PIB, la dette du Québec est dangereusement élevée. Le PQ n'en a pas parlé. En matière de développement économique, il se trouve encore dans les années 60. Les Québécois sont déjà les plus imposés en Amérique du Nord. Le PQ propose de faire payer les mieux nantis encore plus.
Comme parti indépendantiste, le PQ a démontré qu'il était plus que jamais incapable d'articuler un projet de pays rationnel, cohérent et rassembleur, préférant plutôt s'empêtrer dans la mécanique référendaire et poursuivre cette idée mal réfléchie de donner à 15% de la population le pouvoir d'initier un référendum. Au cours de cette campagne, Françoise David et Jean-Martin Aussant sont devenus des porte-parole aussi crédibles que Pauline Marois pour les souverainistes convaincus. Ce n'est pas rien.
Jean Charest peut partir la tête haute. Malgré neuf ans de règne libéral, le chaos social du printemps dernier et la commission Charbonneau, l'hécatombe prédite unanimement par les journalistes et les sondeurs ne s'est pas produite. L'écart entre le PQ et le PLQ n'est que de quatre minces sièges et 0,7% du vote populaire. Peu de politiciens auraient pu braver une telle tempête avec le sang-froid et la résilience dont a fait preuve le premier ministre sortant.
On peut donner le crédit à François Legault d'avoir réussi à imposer ses thèmes de campagne et à se présenter comme l'homme du changement. Mais il n'a manifestement pas convaincu assez d'électeurs que ce changement était celui dont le Québec avait besoin. Si son populisme simpliste a séduit des Québécois, il en a dissuadé plusieurs.
Dans le reste du pays, on a tendance à concevoir et à parler du Québec comme une communauté politique monolithique. À la lumière des résultats de mardi, cela n'aura jamais été aussi faux.
Une victoire non méritée
Dans cette campagne, Mme Marois a trop parlé à ses militants et pas assez à tous les Québécois.
Élection Québec 2012
Robert Asselin6 articles
L’auteur est directeur adjoint de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. De 2001 à 2006, il a été conseiller et rédacteur de discours au sein des gouvernements Chrétien et Martin.
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L’auteur est directeur adjoint de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. De 2001 à 2006, il a été conseiller et rédacteur de discours au sein des gouvernements Chrétien et Martin.
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