Au moment où cette campagne électorale s’amorce, les Canadiens ont bien des préoccupations: l’essence coûte cher, l’économie est chancelante et les gens s’endettent à des niveaux records, les soins de santé ne sont pas plus accessibles, le réchauffement de la planète se poursuit, les iniquités sociales s’accentuent, le cynisme envers les pouvoirs publics aussi.
Il est évident que Stephen Harper ne souhaite pas faire de ces élections un grand débat de société. Si cette campagne électorale est le reflet de sa gouverne des 32 derniers mois, et tout indique qu’elle le sera, Stephen Harper concentrera ses efforts à faire des cinq prochaines semaines une grande campagne sur de petites choses.
Sa décision d’appeler les Canadiens aux urnes à ce moment-ci est de nature purement stratégique. Ce que veut le premier ministre, c’est un gouvernement majoritaire. Mais pour faire quoi ? Sur le fond, que veut-il faire de ce pays ?
La joute partisane
Nous savons qu’il prend un plaisir fou à tenter de coincer ses adversaires. Que la joute partisane le passionne au plus haut point.
Mais en quoi consiste sa politique économique ? Pour l’essentiel, il ne semble pas croire que le gouvernement ait un rôle à jouer pour créer les conditions favorables à la croissance économique. Sa politique environnementale ? Il n’a démontré aucun désir de mettre au pas les grands pollueurs (lire les grandes pétrolières). Sa politique sociale ? Il accorde vraisemblablement beaucoup d’importance à la loi et l’ordre. Sa gestion des finances publiques ? Sa réduction de la TPS et son laissez-faire économique ont effacé la marge de manœuvre du gouvernement. Outre notre participation à la guerre en Afghanistan, son gouvernement a-t-il une politique étrangère ? Il semble qu’elle consiste surtout à acquérir de l’équipement militaire.
Le malaise avec la façon Harper, c’est qu’on a l’impression que son leitmotiv est le pouvoir pour le pouvoir. Que ce soit la seule et unique finalité qui compte pour lui. Et qu’on ne sait toujours pas ce qu’il veut vraiment faire du pays.
Pour sa part, Stéphane Dion ne manque ni d’idées ni d’ambitions. Mais dans cette campagne, il devra faire plus que plaider la qualité de son programme. Le syndrome du « horse race », dominé par les sondages quotidiens sur la popularité personnelle des chefs et de leurs partis, transforme les campagnes électorales en un grand concours de popularité. Les médias n’en ont que pour ça. La bagarre électorale consiste donc en grande partie à définir son adversaire. Et à se définir soi-même. Si M. Dion passe trop de temps dans la zone défensive, il sera en difficulté. Le chef libéral a démontré qu’il peut élever le débat, certes, mais dans le cadre de cette campagne, il devra imposer son rythme et prendre l’offensive, mettre en valeur la force de son équipe et surtout démontrer sa capacité de rejoindre les gens dans ce qu’il y a de plus vrai, de plus commun et de plus important dans leurs vies de tous les jours.
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Photo PC
Robert Asselin
L’auteur est directeur adjoint de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. Il a été conseiller du premier ministre Paul Martin et du chef libéral Stéphane Dion.
Le pouvoir pour le pouvoir
Élections fédérales du 14 octobre 2008
Robert Asselin6 articles
L’auteur est directeur adjoint de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. De 2001 à 2006, il a été conseiller et rédacteur de discours au sein des gouvernements Chrétien et Martin.
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L’auteur est directeur adjoint de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. De 2001 à 2006, il a été conseiller et rédacteur de discours au sein des gouvernements Chrétien et Martin.
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