L'homme de la situation

Des circonstances exceptionnelles exigent que le PLC en entier se rallie derrière Michael Ignatieff

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Ignatieff - le PLC et le Québec


Le vieil adage selon lequel une semaine est une éternité en politique n'a jamais été aussi vrai. L'escalade d'événements des 48 dernières heures ne laisse plus planer aucun doute: Michael Ignatieff est dorénavant le nouveau visage du Parti libéral du Canada.
Stéphane Dion, Bob Rae et Dominic LeBlanc en sont tous venus à la même conclusion: les circonstances exceptionnelles de la crise politique déclenchée par le premier ministre Harper exigeaient que le parti se rallie derrière la personne la plus habilitée à présenter aux Canadiens une alternative crédible à court terme aux conservateurs. Une majorité de libéraux ont rapidement conclu que cette personne, c'était Michael Ignatieff.
Déjà acculé au mur par une crise économique grave, le gouvernement conservateur a trouvé le moyen de s'empêtrer par surcroît dans une crise politique dont on ne connaît pas encore l'issue. Peu importe ce qui adviendra de son gouvernement au cours des prochaines semaines, il ne fait aucun doute que le premier ministre Harper en sort grandement affaibli, particulièrement au Québec.
Son plaidoyer anticoalition, basé sur l'épouvantail des méchants "séparatisses", a laissé un goût amer dans la bouche de bon nombre de Québécois. À juste titre, nombreux ont été déçus de le voir se rabattre sur un argument inventé de toutes pièces pour attiser le feu dans le reste du pays et ainsi sauver sa peau.
Instabilité politique
L'arrivée de M. Ignatieff à la tête du Parti libéral se fait dans un contexte d'instabilité politique, où le pays pourrait très bien être replongé dans une élection à court terme. Dans ce contexte, ce n'est pas un sauveur dont le pays a besoin, mais un leader capable de rassembler les gens et de s'élever au-dessus de la mêlée et de la rhétorique partisane à la sauce Harper. Les inquiétudes liées à la crise économique sont telles qu'elles exigent une compassion sentie et un leadership qui va au-delà de la ligne de parti.
M. Ignatieff a de bonnes cartes dans son jeu. Son absence de bagage politique est clairement un atout. Son ouverture à la réalité québécoise est réelle et sincère. Son expertise et sa connaissance du monde et des affaires internationales contrastent avec l'indifférence totale du premier ministre Harper à l'égard de la politique étrangère du Canada. Son charisme et son intelligence sont indéniables. Il s'exprime parfaitement dans les deux langues officielles.
Comme le président désigné Barack Obama est en train de le faire aux États-Unis, il a l'opportunité de ratisser large au sein de la population et de redéfinir ainsi la carte électorale. Il peut mobiliser la génération émergente qui ne se reconnaît pas dans l'action et le discours des partis politiques traditionnels. Il peut - et il doit - redéfinir les bases du libéralisme canadien contemporain, tout comme Tony Blair et Bill Clinton l'ont fait pour leurs mouvements politiques respectifs dans la dernière décennie, avec des propositions qui ne se basent pas sur des dogmes idéologiques, mais sur des valeurs et des idées pour faire face aux défis d'aujourd'hui.
À court terme, M. Ignatieff aura des décisions difficiles à prendre. En plus d'avoir à entamer le renouvellement de sa formation politique, il a le sort du gouvernement Harper entre les mains. On verra rapidement de quoi il est fait.
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Asselin, Robert
L'auteur est directeur adjoint de l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa. Il a été conseiller du premier ministre Paul Martin et du chef libéral Stéphane Dion.

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Robert Asselin6 articles

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L’auteur est directeur adjoint de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. De 2001 à 2006, il a été conseiller et rédacteur de discours au sein des gouvernements Chrétien et Martin.





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