On apprenait lundi dernier par l’entremise de Vincent Marissal que Véronique Hivon avait dénoncé, dans une entrevue accordée avant son retrait de la course, la tendance de « l’establishment » du PQ à favoriser certains candidats plutôt que d’autres. Jean-Francois Lisée a d’ailleurs confirmé que certaines circonscriptions pro-Cloutier semblaient inaccessibles aux autres candidats.
Si l’on veut que le Parti québécois redevienne une source d’inspiration et d’engagement politique au service de notre démocratie québécoise, nous avons le devoir de dénoncer ce phénomène par lequel certaines régions du Québec sont littéralement verrouillées par l’establishment du parti, mais surtout, nous avons le devoir d’apporter des solutions.
Les médias ont surtout dénoncé dans les derniers jours une épluchette de blé d’inde organisée par Nicole Léger durant laquelle seul Alexandre Cloutier a été invité à parler. Bien qu’à mon avis les autres candidats auraient dû obtenir le droit de parole lors de cet événement, il ne s’agit pas de l’exemple le mieux choisi, puisque l’événement n’était pas organisé par le Parti québécois.
Le phénomène est en fait plus grave et plus global, bien que variable dans ses manifestations. Ainsi, dans certaines régions du Québec, les exécutifs de comté refusent d’envoyer des invitations et de mobiliser les membres lorsqu’un candidat est de passage dans la région, sous prétexte qu’ils ont déjà donné leur appui à un autre candidat. Dans certaines circonscriptions, il n’y a simplement pas de retour d’appel tandis qu’ailleurs, le candidat favori de l’exécutif obtient clairement un traitement de faveur en termes de mobilisation et de promotion auprès des membres. Bien sûr, en parallèle, plusieurs circonscriptions agissent avec une neutralité exemplaire, mais il n’en demeure pas moins que cette partisanerie abusive relevée dans plusieurs régions mine les débats d’idées et l’intérêt pour la course au sein du PQ. Et pour un candidat qui est nouveau dans le parti, comme je le suis, la possibilité même de mener campagne directement auprès des membres devient illusoire.
Cela est d’autant plus regrettable que bon nombre des appuis exprimés dans cette course l’ont été quelques jours seulement après le début de la course, avant même qu’une seule idée n’ait été exprimée et défendue par les candidats. Le calcul est simple : au sein de plusieurs comtés, on cherche à s’assurer que le nouveau chef nous sera reconnaissant de cette loyauté et s’en souviendra au moment des nominations. Et chacun sait bien que le silence ou l’appui à un candidat perdant risque de vous reléguer aux oubliettes. Cette approche, qui se veut stratégique, met de côté l’intérêt des membres du parti, en les privant de la possibilité de rencontrer chacun des candidats et d’entendre leurs idées.
Par ce phénomène d’appuis précipités, on cherche également à influencer les membres en les soumettant à un certain conformisme, plutôt que de les inciter à examiner et réfléchir aux idées et propositions des candidats. Le slogan de ma campagne étant « Redonnons le PQ au Québécois, à tous les Québécois », j’aimerais rappeler que le PQ appartient à ses membres et non à son establishment et que la démocratie est l’une des valeurs fondatrices du parti. Il est primordial qu’un parti fondé sur une tradition démocratique qui le distingue du Parti libéral trouve des solutions à cette impasse.
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