Paul Saint-Pierre Plamondon - Au nom du comité exécutif de Génération d'idées - À une époque politique du Québec où rien n'inspire, où la notion de service public est enterrée par le repli sur soi, la corruption et le défaitisme et où l'on taxe la relève de ne pas être intéressée par l'avenir de sa collectivité, 400 jeunes de 20 à 35 ans des quatre coins du Québec se sont rencontrés à la fin du mois de novembre dernier pour «parler politique» dans le cadre du premier Sommet Génération d'idées. L'initiative est entièrement non partisane et indépendante, et Génération d'idées tient à préciser en ce sens qu'elle n'entretient aucune collaboration ou affiliation, présente ou à venir, avec quelque parti ou mouvement politique que ce soit.
Les participants avaient pour mission de s'entendre sur deux pistes de solutions fonctionnelles et de les proposer publiquement à la plénière tenue au dernier jour du Sommet. Quelques consensus se sont dégagés au terme de l'expérience:
- dans un Québec où les processus décisionnels des partis politiques, et même de ceux à naître, sont occultes, mystérieux et trop souvent manipulés, la transparence et l'approche participative du processus ont été une source d'engagement pour les participants;
- la diversité idéologique est source d'innovation. Le fait que la masse de participants était composée tant de souverainistes, fédéralistes, gens à gauche qu'à droite, n'a pas mené à des tensions, mais plutôt à une foule de propositions engageantes;
- cette expérience fut une occasion pour la génération Y de redécouvrir la collaboration et le collectif en direct, et non sur Facebook. Ce sentiment identitaire, bâti sur volonté de contrer le décrochage civique et de relever les nombreux défis qui attendent notre génération, a été vécu en chair et en os, tout en maximisant les retombées que pouvait amener l'utilisation des médias sociaux;
- nos mentors, le plus souvent de la génération boomers, ont beaucoup à donner, sont généreux de leur temps et cherchent des jeunes allumés avec qui bâtir. Un renouveau au Québec passera forcément par le coaching de boomers désintéressés et soucieux de passer le flambeau;
- les participants ont demandé la tenue d'un deuxième Sommet. Il visera à préciser les propositions obtenues, à valider la faisabilité de ces propositions avec des experts de notre génération et à déterminer quelles actions seront entreprises pour que ces idées se concrétisent.
Au total, les participants ont recensé une dizaine d'enjeux prioritaires et 120 pistes de solutions. Ce corpus de solutions met en lumière des tendances qui illustrent, au moins en partie, la volonté politique de la fameuse Génération Y.
Développement durable
Plus du quart des 120 pistes de solutions retenues sont liées au développement durable. C'est notamment le cas des deux propositions les plus populaires, soit limiter l'étalement urbain et définir une politique de transport durable. Plusieurs autres pistes de solution visaient à diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées au transport, notamment favoriser les services et les commerces de proximité et hausser les taxes sur l'essence, et, de manière générale, accroître et intensifier les mesures d'éco-fiscalité. La volonté de réduction de notre empreinte écologique et d'économie des ressources s'est aussi traduite par une proposition visant à lancer une guerre contre l'emballage superflu.
Les participants ont indiqué la nécessité que l'État donne l'exemple en adoptant une politique d'achat responsable pour les organismes publics et en intégrant les critères du développement durable dans les projets gouvernementaux. Ils souhaitent que la reddition de comptes des entreprises soit aussi adaptée en ce sens. Les 20-35 ans présents au Sommet ont aussi souligné l'importance de l'adoption d'une politique de souveraineté alimentaire ainsi que de nouvelles mesures musclées pour favoriser un meilleur étiquetage des aliments et une plus grande disponibilité des produits locaux dans les commerces et épiceries du Québec.
Institutions démocratiques
Les participants ont suggéré la révision du mode de financement des partis politiques, l'instauration d'une limite du nombre de mandats pour les politiciens, la réforme du mode de scrutin, la gestion participative des budgets des municipalités et l'instauration de référendums d'initiative populaire pour permettre à la population de se rapprocher des décisions politiques et ainsi contrer la méfiance des citoyens envers les institutions démocratiques.
Ils souhaitent aussi une réforme du mode de scrutin allant vers un système mixte ainsi que l'élection du premier ministre au suffrage universel. Enfin, ils proposent l'adoption d'une constitution québécoise.
Prospérité économique
Pour les jeunes présents au Sommet, la prospérité du Québec passe par une plus grande valorisation de l'esprit d'initiative et un assainissement des finances publiques. Les jeunes souhaitent que le Québec développe une véritable culture entrepreneuriale sous toutes ses formes: entrepreneuriat privé comme social, innovation, esprit d'initiative, «intrapreneuriat» au sein des organisations privées comme publiques...
Sur le plan des finances publiques, ils souhaitent que les services publics soient maintenus et renforcés, en envisageant une productivité accrue et de nouvelles tarifications et taxations ciblées, dont certaines suivraient le principe de l'utilisateur-payeur. Il s'agit principalement de l'augmentation des tarifs d'électricité et des taxes sur les produits de luxe, en plus des taxes sur le carbone.
Des jeunes présents au Sommet ont également proposé que la fonction publique soit soumise à des conditions de travail semblables à celles existant dans le secteur privé (abolition de la sécurité d'emploi et de mesures favorisant l'ancienneté au détriment de la compétence). Finalement, plusieurs proposent que les entreprises paient leur juste part de l'assiette fiscale à travers une augmentation des redevances sur les ressources et l'institutionnalisation des principes de pollueur-payeur.
Ressources naturelles et éducation
Dans un monde globalisé où la chasse aux ressources naturelles est lancée, les jeunes demandent au gouvernement de reprendre le contrôle de ses richesses naturelles. Ils ont été plusieurs à réclamer carrément la nationalisation de l'exploitation des ressources énergétiques ainsi que la nationalisation de l'eau.
L'éducation est un investissement essentiel dans l'avenir de notre société, car il s'agit d'un élément essentiel dans l'avancement de plusieurs autres enjeux comme le développement durable, la prospérité économique et la démocratie. Les participants adhèrent fortement à l'idée de préserver l'accessibilité aux études universitaires.
Changements profonds
En conclusion, si les jeunes présents lors du premier Sommet de Génération d'Idées sont représentatifs de la volonté de la Génération Y, et nous croyons qu'ils le sont dans une large mesure, ils demandent des changements profonds dans la société québécoise, et ce, rapidement, avant qu'il ne soit trop tard.
Génération d'idées poursuivra donc sa marche et présentera un mémoire détaillé à l'été à partir des pistes de solutions dégagées lors du Sommet. La mobilisation autour du deuxième Sommet débutera avec la sortie du mémoire et coïncidera avec le lancement d'un membership à Génération d'idées ouvert à tous les âges pour financer nos activités de manière populaire. Des jeunes qui ont à coeur le Québec et qui refusent le décrochage civique existent et, si on les rassemble, les résultats pourront être surprenants.
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Paul Saint-Pierre Plamondon - Au nom du comité exécutif de Génération d'idées
Sommet Génération d'idées
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