Un gouvernement péquiste devrait s'engager à «protéger» le budget de l'éducation, pour le mettre à l'abri de toutes compressions éventuelles.
C'est ce qu'a proposé le porte-parole du parti en cette matière, Alexandre Cloutier, au cours d'un atelier au Conseil national de la formation qui se déroulait à Saint-Hyacinthe samedi après-midi.
Le poste budgétaire de l'éducation jouirait ainsi d'un statut particulier en raison de son importance pour l'épanouissement des enfants.
Le député démissionnaire de Lac-Saint-Jean, qui se retirera de la vie politique au terme de son mandat, a soutenu qu'il fallait protéger le budget de l'éducation pour éviter les compressions comme celles subies sous le régime libéral, qui ont mené aux licenciements de nombreux professionnels.
«Aux prochaines élections, si on était capable de regarder les Québécois dans les yeux et leur dire: si vous choisissez le Parti québécois, peu importe les circonstances, la situation économique, jamais on ne va piger dans le ministère de l'Éducation et dans les services à nos tout-petits, et on protège, on le met au-dessus de la mêlée, ce serait une façon de se démarquer», a-t-il fait valoir au cours d'un atelier.
Ces licenciements de professionnels seulement pour équilibrer un budget ont été «une erreur monumentale dans l'histoire», a-t-il poursuivi.
M. Cloutier a cité une statistique datant de décembre selon laquelle c'est au Québec qu'on investit le moins par enfant en éducation, alors que «la formation des jeunes est l'avenir de notre nation, et ce sont eux qui vont porter notre rêve, celui de l'indépendance du Québec».
Le député de Lac-Saint-Jean recommande également une «Baie James» des écoles publiques, c'est-à-dire un réinvestissement massif dans les infrastructures, qui souffrent d'un déficit d'entretien de 1,7 milliard $, a-t-il plaidé.
Il suggérait également de s'attarder au décrochage à l'université, de même qu'à l'attribution d'une banque d'heures de formation que chaque enseignant pourrait utiliser à loisir.
Sur son compte Twitter, le député en a profité pour s'attaquer aux adversaires caquistes et leur promesse de réduire la taxe scolaire et «d'enlever 1,3 milliard du réseau de l'éducation».
Parmi les autres avenues proposées, la porte-parole en matière de famille, la députée de Joliette, Véronique Hivon, souhaite que le parti se penche sur le régime d'assurance parentale, pour accorder davantage de souplesse et de flexibilité aux familles, sous forme de vacances ou de congés.
Ce sera à la commission politique de se pencher sur les diverses solutions amenées par les porte-parole et les militants.
Sondage Léger
Par ailleurs, en cette première journée de Conseil national, les élus péquistes ont été nombreux à réagir au sondage Léger publié par Le Devoir samedi, qui suggère que la Coalition avenir Québec (CAQ) est largement en avance.
Selon cette enquête réalisée cette semaine, la CAQ domine à 39 pour cent des intentions de vote, les libéraux sont deuxièmes à 28 pour cent, tandis que le PQ est à 20 pour cent.
Néanmoins, le chef du Parti québécois voit une occasion de se réjouir, puisque les deux tiers des répondants souhaitent un réinvestissement en santé ou en éducation, pour les familles et les aînés, comme le veut son parti.
Selon lui, les deux tiers sont donc d'accord avec les valeurs et les priorités de son parti.
En point de presse samedi matin au Conseil national du PQ à Saint-Hyacinthe, il a dit que les Québécois vont se rendre compte de la contradiction flagrante entre la volonté de réinvestir dans les services et l'intérêt passager pour la CAQ.
«On est au diapason des deux tiers des Québécois», a-t-il affirmé, avant de se rendre à une réunion en gravissant les marches du palais des congrès.
«Une marche à la fois, regardez-nous aller», a-t-il conclu, convaincu que son parti remontra la pente avant les élections d'octobre.
«Montgolfière politique»
Les élus péquistes présents au conseil national ont également partagé son optimisme. Le député de Terrebonne, Mathieu Traversy, a déclaré en point de presse que «la CAQ est la plus grosse montgolfière politique que je n'ai jamais vue, il nous reste exactement huit mois pour dégonfler ce ballon».
Son collègue de Jonquière, Sylvain Gaudreault, conteste l'opinion selon laquelle la CAQ représente le changement, ce que pensent 34 pour cent des répondants au sondage.
«(Le chef caquiste) François Legault, ça fait 20 ans qu'il fait de la politique, je pense que le camp du changement est certainement pas là», a-t-il commenté. Il a ironisé sur la proximité idéologique entre la CAQ et le Parti libéral.
«Les Québécois sont tannés du tandem Coke/Coke diète, et le Parti québécois est certainement très différent.»
Le député de Sanguinet, Alain Therrien, voit dans cet écart «un beau défi» et estime que la descente de son parti est terminée.
«On est capable de remonter la pente assez facilement. L'important, ce n'est pas d'être troisième au mois de janvier, mais d'être premier au mois d'octobre.»
«Nous ne sommes pas encore morts», a assuré Marc Laviolette, un militant de longue date associé à l'aile gauche du parti.
Il en tient pour preuve ce qu'il qualifie «de signes vitaux» du parti: le PQ est encore la formation qui recueille le plus de financement et qui compte le plus grand nombre de membres, plus de 90 000, a-t-il plaidé.
Même l'ancien chef péquiste Pierre Karl Péladeau, le grand patron de Québecor, a réagi au sondage par l'entremise de Twitter.
«Débandade du chef du PLQ. Gouvernement de médecins qui s'enrichissent (primes à la jaquette, prime à la ponctualité, prime par ci, prime par là)», a-t-il écrit, faisant notamment écho aux révélations dans les médias de Québecor concernant un supplément à la complexité clinique, que les médecins touchent dès qu'ils doivent enfiler gants, masque et jaquette, pour un patient en isolement.
Les spéculations se poursuivent relativement à un retour en politique active de M. Péladeau, qui prend position régulièrement sur bon nombre d'enjeux par la voie des réseaux sociaux. Alors que le PQ a atteint un plancher dans les sondages, les militants et élus veulent l'accueillir volontiers parmi les candidats.
Un «État fort»
Dans un long discours aux militants, Jean-François Lisée a misé sur la fibre sociale-démocrate du PQ en livrant un plaidoyer pour un «État fort», pour des services publics de qualité en éducation et en santé, contre les compressions imposées par les libéraux, faisant ainsi écho à un des enjeux soulevés par les électeurs dans le sondage.
Il a aussi servi cet argument pour justifier auprès des militants pressés son engagement à ne pas tenir un référendum sur la souveraineté avant un deuxième mandat d'un gouvernement péquiste, donc pas avant 2022.
«C'est difficile de demander à un peuple qui a été fragilisé (par les compressions) de se sentir assez solide pour faire un pas aussi grand que celui de l'indépendance. Le train de l'indépendance part le 1er octobre 2018. D'abord redonner aux Québécois un État fort, de la fierté, redonner à la nation québécoise le goût d'aller plus loin. (...) Un État fort pour réussir l'indépendance!»
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