La souveraineté a perdu beaucoup de terrain dans les sondages. Pourtant, le PQ, l’indépendante Catherine Fournier et maintenant Québec solidaire (QS) misent sur ce projet.
Dans les cercles souverainistes, on y voit un bon signe. Mais est-ce vraiment le cas ? J’en doute.
D’abord, la résurrection du Bloc québécois n’a à peu près rien à voir avec un regain souverainiste. Ensuite, après avoir fait campagne il y a un an sur l’urgence de reporter ce projet à plus tard, le Parti québécois dit vouloir y revenir illico presto. Mais on ne sait pas trop comment. Il ne propose pas — du moins pour l’instant — de chemin autre que l’incantation « on veut un pays ».
La dissidente intempestive Martine Ouellet a raison : s’il est sérieux, le PQ devrait au moins s’engager à une démarche. Sinon, il serait comme un parti écolo tentant de se faire élire en ne promettant rien pour l’environnement.
L’autre cavalière solitaire ex-péquiste Catherine Fournier, députée de Marie-Victorin, parle de lancer un « mouvement » ; mais, habituellement, il faut être plus d’une personne pour en constituer un.
Il faudra analyser ce qu’elle annoncera cette semaine au lancement de son livre. Sa nouvelle entité souverainiste serait au mieux, pour l’instant, un autre ajout à cette courte pointe déjà multicolore des « Oui Québec », organisme peu connu qui tente de rapailler les différents atomes du mouvement.
Comme la « phase supérieure »
Quant à Québec solidaire, dans les rares fois où ses représentants parlent de souveraineté, ça sonne faux. Surtout qu’au fédéral, ils ont aidé... le NPD.
Chez eux, la souveraineté ressemble à un horizon qui se déroberait constamment : constituante paritaire élue au suffrage universel débouchant sur l’écriture d’une constitution, qui serait éventuellement approuvée par un référendum...
Il y a sans doute un parallèle à faire avec la fameuse « phase supérieure du communisme », qui allait un jour advenir, après plusieurs mues sociales, dont une première, la « dictature du prolétariat » (laquelle, dans le communisme réel, a une fâcheuse tendance à perdurer).
14e congrès
On me rétorquera que justement, le 14e congrès de QS de la fin de semaine à Longueuil a pour objectif de finaliser la fusion entre Option nationale et QS et, donc, de préciser ce que la souveraineté du Québec serait.
Or, une des figures principales de cette fusion et indépendantiste pressée, la députée Catherine Dorion, sera absente de cette dernière cérémonie nuptiale QS-ON. Officiellement, elle doit mettre l’épaule à la roue dans la campagne de QS dans Jean-Talon.
(Cela rappelle l’étrange absence d’Amir Khadir au premier Conseil national de QS, juste après sa première élection en décembre 2008.)
Bien sûr, comme disait Jean Charest à propos de l’idéal souverainiste, « une idée ne meurt jamais ». Et si l’Alberta continue de cultiver ses griefs, de traiter le Québec d’enfant gâté et tient son référendum sur la refonte de la péréquation, le Dominion pourrait en être irrémédiablement secoué. Et la souveraineté pourrait peut-être reprendre une actualité. Mais bon.