Dans mes temps libres, je me livre parfois à un peu de politique-fiction ou de futurologie avec des amis passionnés. Et il arrive qu’avec des hypothèses et des scénarios bien plausibles, on débouche sur des conclusions étonnantes. Je vous en partage une, pour le plaisir.
Imaginons le scénario fort plausible où la CAQ s’installe solidement et pour longtemps sur le terrain nationaliste. Par exemple, on nous annonce sous peu une avancée majeure en matière de protection du français. Langue et laïcité, François Legault commencerait à occuper efficacement le terrain identitaire. Il ne manquerait que quelques chicanes avec Ottawa pour compléter le portrait.
Plusieurs observateurs s’entendent pour dire qu’avec cela, la CAQ serait en bonne posture pour rafler à nouveau une majorité dans le Québec francophone, hors Montréal. Certains disent même qu’une fois bien campée comme la force nationaliste numéro un, la CAQ pourrait s’installer au pouvoir pour un temps.
Côte à côte
Dans un tel contexte, les opposants naturels à un parti qui joue la carte de l’identité sont les partis à tendance plus multiculturaliste. En l’occurrence au Québec, ce sont le Parti libéral du Québec et Québec solidaire. D’ailleurs dans les faits, ces partis se sont retrouvés côte à côte lors du débat concernant la loi sur la laïcité.
Ces deux partis se sont rejoints aussi dans plusieurs autres batailles au cours de la dernière année. Ils ont partagé des positions communes sur des thèmes comme l’environnement, l’agriculture ou l’immigration.
Bien sûr aujourd’hui, en 2020, ces deux partis sont différents de multiples façons. Québec solidaire est un parti de militantisme assez radical, alors que le PLQ est encore un parti de pouvoir. Mais il est intéressant de constater la trajectoire probable de chacun.
Rapprochement naturel
Dans sa position actuelle, le Parti libéral du Québec est appelé à devenir un parti libéral plus traditionnel, un peu à gauche du centre, plus à l’image du Parti libéral du Canada. Multiculturaliste, vert et économique, mais avec un fort volet social. Loin du pouvoir, il va devenir plus militant.
Québec solidaire va inévitablement chercher à se recentrer un peu. La volonté de regagner les circonscriptions acquises et d’élargir sa base va amener le parti à éviter les propositions qui font fuir des segments importants de la population. De toute façon, à participer aux institutions, on devient moins radical que dans la rue.
En somme, Québec solidaire et le PLQ vont se rapprocher et vont se retrouver de plus en plus souvent dans les mêmes luttes. Mais, pas assez pour penser à s’unir.
Jusqu’au jour où ils vont se rendre compte que l’un et l’autre n’arrivent pas à gagner des sièges hors Montréal. Les défaites répétées font réfléchir. La seule solution sera alors de s’unir pour cesser la division du vote hors Montréal.
Admettons que nous sommes rendus aux environs de 2030. Gabriel Nadeau-Dubois a 40 ans et plein de vécu politique. Un chef idéal pour le nouveau parti unifié, non ?