(Québec) Le gouvernement Couillard a toujours l'intention de légiférer en matière de laïcité, ou plutôt de «neutralité religieuse» des institutions. Mais les tragédies récentes à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa l'incitent à attendre que les esprits se calment avant de réactiver le dossier délicat des signes religieux.
À l'Assemblée nationale, hier, le premier ministre Philippe Couillard a répondu durement aux questions du chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, qui réclamait un geste de Québec. Selon M. Legault, le gouvernement devrait, comme le recommandait la commission Bouchard-Taylor, interdire le port de signes religieux visibles aux policiers et aux juges.
Le gouvernement ne fera pas de gestes au moment où des personnes fragiles et inspirées par les mouvements terroristes se sont manifestées dans la violence. Pas question d'alimenter cette spirale, prévient-il.
«Je suis là pour défendre les libertés des Québécois et Québécoises de toutes les origines, je dis non à l'exclusion et non à la discrimination. Cependant, il y aura des règles claires, et il connaît ces règles. Il connaît ces règles», a répliqué M. Couillard au chef caquiste. «Combien y a-t-il de policiers qui portent des signes religieux au Québec?», a-t-il ajouté, reprenant ses arguments de la dernière campagne électorale.
Selon les informations obtenues par La Presse, le gouvernement libéral ne légifèrera pas avant la session du printemps. Son projet portera sur la «neutralité des institutions de l'État», et on ne parlera pas de Charte de la laïcité. Québec voudra ajouter un volet sur la lutte contre l'intégrisme, comme le souhaitait l'ex-députée Fatima Houda-Pepin. En revanche, pas question d'interdire le port de signes ostentatoires aux policiers ou aux juges. Sur cette question, le Parti libéral s'en tient à la position qu'il avait adoptée avant les élections: la seule interdiction visera le port du voile intégral, qui couvre le visage. Québec voudra aussi encadrer la mise en place d'accommodements pour les citoyens de confession différente.
Selon François Legault, toutefois, M. Couillard démontre de nouveau une totale insensibilité aux questions identitaires québécoises. C'est le même politicien qui avait décidé de ne s'adresser qu'en anglais à un parterre de leaders en Islande.
«On a assisté à un débat très sensible, au Québec, sur la laïcité. Le gouvernement du Parti québécois a été sanctionné par la population, le 7 avril dernier, pour avoir exploité politiquement ce dossier délicat», a souligné M. Legault.
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