Le cadre monétaire néolibéral

La démythification de Milton Friedman (2-A)

Économistes atterrés

Avec la publication de Capitalisme et liberté, en 1962, Milton Friedman redressait une grave injustice. En effet, le New Dealers de Roosevelt (Franklin D.) et leurs héritiers attribuaient aux excès du capitalisme de concurrence les causes de la Grande Dépression des années 30. Pour Friedman, c'était là dédouaner à bon compte la Réserve fédérale de sa propre responsabilité dans ce malheureux épisode de l'histoire américaine.
Si seulement, écrira Friedman, les dirigeants de la Fed avaient eu la compétence de réaliser que la conjoncture du moment était une affaire de liquidités, il y aurait probablement eu une récession, mais jamais une dépression de l'envergure de celle qui s'est abattue sur les États-Unis à cette époque. Alors, le temps n'est-il pas venu de substituer le marché à une institution qui a semé derrière elle morosité et instabilité économique? Non seulement pourrons-nous alors bénéficier des vertus autorégulatrices des forces de la concurrence, mais encore serons-nous libérés de la menace à la liberté que constitue la concentration des pouvoirs de la Fed entre les mains d'un groupe trop retreint d'individus. Il n'existe pas de statistiques à cet effet, mais les ventes de Capitalisme et liberté ont certainement dû étre particulièrement bonnes dans le Bas-Manhattan.
À la faveur du ralentissement économique des années 70, les néolibéraux se sont graduellement installés dans les corridors du pouvoir de l'État fédéral américain. Et, en 2008-09, ils ont eu une occasion cinq étoiles de mettre les liquidités au service des vertus autorégulatrices du marché. Malheureusement pour eux, il semble bien qu'ils devront se résoudre à être encore une fois accusés pendant des décennies d'avoir causé une débâcle économique et financière hors du commun.

Le capitalisme est bon, c'est la Fed qui le corrompt

Aujourd'hui à Washington comme un peu partout ailleurs dans le monde, écrivait Friedman dans Capitalisme et liberté, on veut nous faire croire que le gouvernement est la solution à tous nos problèmes, alors qu'il est en fait la source de tous nos problèmes. Et, le plus ironique dans cette déplorable histoire, c'est que ceux-là mêmes qui nous imposent cette hérésie sont les héritiers de gens qui se sont montrés incompétents à gérer le repli économique de la fin des années 20. Le malheur, c'est qu'ils sont toujours en poste, avec le pouvoir de nous conduire tous à la ruine. N'était-ce pas Lénine lui-même qui affirmait que le meilleur moyen de détruire une société était de miner sa monnaie? En plus, ils sapent chaque jour une part encore plus grande de ce qui nous reste de liberté. Alors, le temps est plus que venu que l'on donne une chance à la concurrence. On entend presque Friedman demander aux Américains ce qu'ils avaient à perdre outre la stagnation économique et les chaînes du New Deal:

«Ces dernières décennies, on a essentiellement invoqué le «plein emploi» et la «croissance économique» pour justifier l'élargissement de l'intervention des pouvoirs publics dans les affaires économiques. Une économie de libre entreprise privée, nous dit-on, est par inhérence instable. Laissée à elle-même, elle engendre des cycles récurrents d'expansion et de dépression. L'État doit intervenir afin de maintenir les choses en ordre de marche. Ces arguments ont eu une puissance particulière au cours de la Grande Crise des années 1930; ils ont constitué un des facteurs principaux qui donnèrent naissance au New Deal et, dans d'autres pays, à des extensions analogues de l'intervention gouvernementale. Plus précisément, c'est la «croissance économique» qui est devenu le cri de ralliement le plus populaire. L'État, soutient-on, doit veiller à ce que l'économie connaisse l'expansion--et fournisse ainsi de quoi entretenir la guerre froide--,et il doit démontrer aux nations non alignées qu'une démocratie peut croître plus rapidement qu'un État communiste. (p. 56)

Ces arguments sont parfaitement fallacieux. Le fait est que la Grande Crise, comme la plupart des autres périodes de chômage grave, est venue de la mauvaise gestion du gouvernement américain plutôt de je ne sais quelle instabilité inhérente à l'économie privée. Une administration gouvernementale, le Système de la Réserve fédérale s'était vu confier la responsabilité de la politique monétaire. En 1930 et en 1931, elle met tant d'incompétence à remplir sa charge qu'elle transforme en catastrophe majeure ce qui n'eut été autrement qu'une contraction modérée. (pp.56-57)
Aujourd'hui, ce sont les mesures gouvernementale qui représentent les principaux obstacles à la croissance économique des États-Unis. Les restrictions du commerce international, la lourdeur des impôts, la complexité et l'injustice de la structure fiscale, l'existence dans divers domaines de commissions de réglementation, la fixation par le gouvernement des prix et des salaires, etc., --voilà qui donne aux particuliers toutes les raisons de mal utiliser leurs ressources, voilà qui nuit à l'investissement de l'épargne nouvelle. Ce dont nous avons besoin instamment, pour la stabilité économique comme pour la croissance, c'est d'une réduction, non pas d'une augmentation, de l'intervention gouvernementale.» (Capitalisme et liberté, Robert Laffont, Paris, 1971, pp. 56-57.)
Puis, à défaut de faire la preuve des propriétés salvatrices des forces du marché, Friedman entreprend de faire celle de l'incompétence de la Fed dans la gestion de la crise qui a suivi la débâcle de 29. Le problème, donc, en était un de liquidités et la Fed a été trop inepte pour comprendre qu'il fallait les augmenter plutôt que les diminuer. Mais, était-ce vraiment aussi simple? Certainement et il suffit de comprendre la base du fonctionnement du commerce bancaire pour le réaliser:
«Dans un système bancaire comme le système américain, une banque ne détient évidemment pas un dollar en numéraire (ou son équivalent) pour un dollar de dépôt. C'est pourquoi «dépôt» est un terme si trompeur. Lorsqu'on dépose un dollar en espèces dans une banque, celle-ci ajoute peut-être quinze ou vingt cents à son numéraire; et elle prête le reste à un autre guichet. L'emprunteur redépose à son tour son emprunt dans la même banque ou dans une autre et le processus se répète. Il en résulte que pour chaque dollar en espèces que détiennent les banques, elles doivent plusieurs dollars en dépôts.
La masse monétaire totale--argent liquide plus dépôts--pour une quantité donnée de numéraire, est par conséquent d'autant plus importante qu'est plus grande la fraction de son argent que le public est désireux de laisser en dépôt. Toute tentative massive de la part des déposants de «toucher leur argent» signifie donc nécessairement un déclin de la quantité totale d'argent, à moins que n'existent une façon de créer de l'argent liquide supplémentaire et, pour les banques, une manière de se procurer ce supplément. Autrement, une banque qui cherche à satisfaire ses déposants exercera une pression sur d'autres banques en réclamant le remboursement de ses prêts, en vendant ses placements ou en retirant ses propres dépôts, et ces banques à leur tour exerceront une pression sur d'autres. Ce cercle vicieux, si on le laisse se développer, s'élargit de lui-même, au fur et à mesure que les efforts des banques pour se procurer du numéraire entraînent une baisse du prix des valeurs, rendant insolvables des banques qui auraient autrement été parfaitement solides, ébranlent la confiance des déposants et relancent le cycle. ( pp. 67-68)
Il est rétrospectivement clair que la Réserve fédérale aurait à l'époque déjà dû se comporter différemment qu'elle ne le fît et, notamment, qu'elle n'aurait pas dû permettre que la masse monétaire diminuât de près de 3 %, d'août 1929 à octobre 1930--diminution plus importante qu'au cour de toutes les contractions antérieures, les plus graves mises à part. Néanmoins, bien que ce fût-là une faute, elle était peut-être excusable et n'était certainement pas critique.(pp. 66-67)
Le caractère de la contraction changea radicalement en novembre 1930, quand une série de faillites bancaires entraîna une ruée universelle sur les banques, c'est-à-dire la tentative par les déposants de convertir leurs dépôts en numéraire. La contagion s'étendit de loin en loin et atteignit son apogée le 11 décembre, jour où la Banque des États-Unis (Lehman Brothers) fit faillite. Cette faillite eut un caractère de gravité non seulement parce que cette banque, avec plus de 200 millions de dollars de dépôts, était une des plus grandes des États-Unis, mais aussi parce que, bien qu'il s'agisse d'une banque commerciale ordinaire, son nom avait amené beaucoup de gens, en Amérique et, encore plus à l'étranger, à la regarder comme une sorte de banque officielle...(p. 67)
C'est en novembre et en décembre 1930, à la suite de la série de fermetures des banques dont nous avons déjà parlé, que se fit sentir le premier besoin de ces pouvoirs (ceux de la Fed) et que leur efficacité fut donc pour la première fois mise à l'épreuve. Le Système de la Réserve fédérale échoua misérablement à ce examen. Il ne fit rien ou presque pour fournir le système bancaire en liquidités, comme s'il eut considéré que la fermeture des banques n'appelait de sa part aucune action particulière. Il vaut cependant la peine de noter que l'échec de la Réserve fédérale fut un échec de de volonté et non un échec de moyens. À cette occasion comme à celles qui suivirent, le Système avait amplement la possibilité de fournir aux banques le numéraire que réclamaient leurs déposants. La chose eut-elle été faite, que les fermetures des banques se fussent bientôt arrêtées et que la débâcle monétaire eut été évitée. (p. 69)
La première vague de faillites bancaires mourut et, au début de 1931, les signes se manifestèrent d'un retour à la confiance. Le Système de la Réserve fédérale profita de l'occasion pour compenser les forces qui tendaient naturellement à l'expansion en s'engageant dans une action légèrement déflationniste. Même ainsi, on pouvait apercevoir des signes évidents d'amélioration, non seulement dans le domaine monétaire, mais aussi dans les autres activités économiques. Les chiffres des quatre ou cinq premiers mois de 1931, si on les examine sans se référer à ce qui suivit en réalité, présentent toutes les caractéristiques d'un creux de cycle et du début d'une reprise. (p. 69)
Cette esquisse de reprise eut pourtant la vie brève. De nouvelles faillites bancaires déclenchèrent une autre série de ruées, et donc, un nouveau déclin de la masse monétaire. Encore une fois, le Système de la réserve ne fit rien. (N'est-ce pas ce que veulent les néolibéraux?) Face à une liquidation sans précédent du système bancaire commercial, les livres du «prêteur de dernier recours» montrent une baisse des crédits mis à la disposition des banques.(p. 69)
En septembre 1931, la Grande-Bretagne abandonna l'étalon-or. Ce geste fut précédé et suivi de retraits d'or aux États-Unis. Bien que l'or ait afflué aux États-Unis les deux années précédentes, et que le stock d'or américain et le rapport de l'encaisse-or à l'argent en circulation n'ait jamais cessé d'être élevés, la Réserve fédérale réagit à ces retraits avec une vigueur et une promptitude qu'elle n'avait pas manifestées lors de la précédente saignée intérieure. Et elle le fit d'une manière qui ne pouvait qu'accroître les difficultés financières. Après plus de deux ans de grave contraction économique, le Système de la Réserve fédérale éleva le taux d'escompte-- soit le taux d'intérêt auquel il était disposé à prêter aux banques-- plus fortement qu'il ne l'avait jamais fait auparavant ou qu'il ne le fît jamais par la suite. Cette mesure fit cesser la fuite d'or. Elle s'accompagna aussi d'une augmentation spectaculaire des faillites bancaires et des ruées sur les banques. Au cours des six mois qui séparèrent août 1931 et janvier 1932, une banque sur dix environ suspendit ses opérations, et les dépôts totaux des banques commerciales tombèrent de 15 %. (p. 70)
En 1932, un renversement temporaire de politique, accompagné de l'achat de un milliard d'obligations d'État, ralentit le rythme du déclin. Si cette mesure avait été prise en 1931, elle aurait presque sûrement suffi à prévenir la débâcle que nous venons de décrire. En 1932, il était trop tard pour qu'il s'agît-la d'autre chose que d'un palliatif, et quand la Réserve fédérale revint à sa passivité, l'amélioration temporaire fut suivie d'un nouvel effondrement qui se termina par le Banking Holiday de 1933, quand toutes les banques des États-Unis furent officiellement fermées pour plus d'une semaine. Ainsi, un système créé en grande partie pour interdire une suspension temporaire de la convertibilité des dépôts en numéraire, mesure qui avait auparavant empêché les banques de faire faillite--amena d'abord un tiers des banques du pays à disparaître, puis permit une suspension de la convertibilité qui fut incomparablement plus importante et plus grave que toute suspension antérieure... (p.70)
Au total, de juillet 1929 à mars 1933, la masse monétaire diminua d'un tiers aux États-Unis et plus des deux tiers de cette diminution se produisit après l'abandon de l'étalon-or par la Grande-Bretagne. Si, comme cela pouvait et devait évidemment être fait, on avait empêché la masse monétaire de décliner, la contraction aurait été plus courte et beaucoup moins rigoureuse...Je n'ai connaissance d'aucune dépression grave, dans quelque pays et quelque époque que ce soit, qui n'ait été accompagnée d'une nette diminution de la masse monétaire, et je ne connais de même aucune diminution de la masse monétaire qui ne se soit accompagnée d'une grave dépression. (p. 71)
Aux États-Unis, la Grande Crise, loin d'être le signe d'une instabilité inhérente au système de l'entreprise privée, atteste tout le mal qui peut être fait par l'erreur d'un petit nombre d'hommes quand ils détiennent de vastes pouvoirs sur le système monétaire d'un pays.... (p. 71)
Pour parler à la manière de Clémenceau, la monnaie est une chose trop sérieuse pour être confiée à des banquiers centraux» (p. 72)
Est-ce à dire, donc, qu'il serait préférable de laisser la gestion de la politique monétaire aux mains des banques commerciales, libres de tout contrôle monétaire? Non. Un libéral conséquent n'est pas un anarchiste. Alors, un étalon-marchandise, comme l'étalon-or, conviendrait-il à un libéral conséquent? Friedman admet qu'il s'agit d'une option intéressante, mais n'adhère pas à l'idée:

«Le défaut fondamental d'un étalon-marchandise, du point de vue de la société dans son ensemble, est qu'il exige l'utilisation de ressources réelles qui viennent s'ajouter à la masse monétaire. S'il faut travailler dur pour extraire de l'or du sol sud-africain...c'est afin de l'enterrer de nouveau à Fort Knox ou d'autres caves similaires. La nécessité où l'on se trouve d'utiliser des ressources réelles pour que fonctionne un étalon-marchandise incite fortement à trouver des moyens d'obtenir le même résultat sans employer lesdites ressources. Si l'on accepte comme monnaie des morceaux de papier sur lesquels est imprimé« Je promets de payer X unités de l'étalon-marchandise», ils peuvent remplir les mêmes fonctions que les lingots d'or or d'argent, alors que leur production requiert la mise en oeuvre de beaucoup moins de ressources» (pp. 59-60)

Peut-être. Mais, l'on peut supputer que Friedman aurait montré moins de solidarité avec les mineurs sud-africains si l'étalon-or n'avait pas représenté une contrainte gênante à la croissance incontrôlée de la masse monétaire. Si la Réserve fédérale a haussé les taux d'intérêt lorsque l'or sortait des États-unis suite à l'abandon de l'étalon-or par la Grande-Bretagne, c'était pour préserver la convertibilité du dollar. Comme l'a si bien démontré l'histoire américaine, les stocks d'or ne fluctuent pas toujours à la hausse. À tout événement, Friedman favorisait plutôt l'établissement par voie législative d'un cadre monétaire qui aurait en quelque sorte lié les mais de la Fed. Il cite l'exemple du Bill of Rights:
«Un vote sur la question de savoir si monsieur X doit pouvoir faire de la propagande en faveur de la contraception entraînerait presque assurément une majorité de «non», de même pour un vote sur la communisme. Peut-être le végétarien s'en tirerait-il, quoique cela ne soit nullement décidé d'avance.
Mais, supposons maintenant que tous ces cas soient regroupés et que l'on demande à la population dans son ensemble de voter globalement à leur sujet; de décider, donc, sur la question de savoir si, dans tous les cas, la liberté de parole doit être refusée ou accordée. Il est parfaitement concevable et, je dirais, extrêmement probable, qu'une majorité écrasante se prononcerait en faveur de la liberté de parole; c'est-à-dire que, décidant sur l'ensemble des questions, les gens voteront exactement à l'opposé de la façon dont ils auraient voté sur chaque cas pris séparément...
Les mêmes considérations s'appliquent exactement au domaine monétaire. Si chaque cas est considéré selon ses mérites, il est probable, que pour un grand nombre de cas, on prendra la mauvaise décision, parce que les decision makers n'examinent qu'un domaine limité et ne tiennent pas compte des conséquences cumulatives de leurs politiques dans son ensemble. D'autre, part, si une règle générale est adoptée pour un groupe de cas pris comme un tout, l'existence de cette règle a sur les attitudes, les opinions et les attentes des gens des effets favorables que n'aurait pas l'adoption discrétionnaire de la même politique lors d'une série d'occasions séparées. » (pp. 73-75)

Alors, revoyons. En vertu de la liberté de parole, monsieur X peut défendre la contraception, monsieur Y, le communisme et mademoiselle Z, le végétalisme. Donc, la Réserve fédérale aurait besoin d'une norme générale lui permettant de faire un peu ce qu'elle veut? Non. Friedman aurait d'abord été favorable à l'adoption d'une règle lui imposant une cible précise au titre de la stabilité des prix, mais, il s'est ravisé:
«Il est indéniable qu'il existe un rapport étroit entre les actions monétaires et le niveau des prix. Mais, ce rapport n'est ni si étroit, ni si invariable, ni si direct que l'objectif d'un niveau stable des prix soit un guide approprié pour les activités au jour le jour des autorités monétaires.» (p. 75)

Alors, mieux vaut prendre le risque de laisser s'installer l'inflation que de se fier à la Réserve fédérale pour la contenir? Exactement. D'ailleurs, une inflation contrôlée n'est pas nécessairement une mauvaise chose pour l'économie:
«Dans ce but, je définirai la masse monétaire comme la somme des dépôts bancaires et du numéraire qui se trouve à l'extérieur des banques. Le Système de la Réserve fédérale devrait veiller à ce que la masse monétaire ainsi définie augmente mois après mois, voire, dans la mesure du possible, jour après jouir, à un taux annuel de X %, X étant situé entre 3 et 5. La définition précise que l'on adopte de la monnaie, ou le taux précis de croissance choisi, fait beaucoup moins de différence que le choix défini d'un taux de croissance particulier.
Dans l'état actuel des choses, cette, règle, tout en restreignant drastiquement le pouvoir discrétionnaire des autorités monétaires, laisse encore trop de liberté d'action à la Réserve fédérale et au Trésor...» (pp. 75-76)

Mais, n'est-ce pas là ignorer les effets cumulatifs d'une augmentation annuelle de la masse monétaire au taux de 3 % à 5 %? Dans sa guerre au New Deal, Friedman se mettait souvent en délicatesse avec la logique et la réalité. Entre autres choses, il donnait ici une définition beaucoup trop étroite de la masse monétaire, comme l'avenir allait le démontrer.
À tout événement, les néolibéraux ont fini par s'installer à Washington, où ils ont mis de l'avant la libre circulation des capitaux, l'abdication réglementaire et la déréglementation. Ils ont même pris le contrôle de la Réserve fédérale, avec Alan Greenspan et Ben Bernanke. Leurs politiques ont directement conduit à la débâcle de 2008-09. L'ont-ils mieux géré que les New Dealers de Roosevelt ont géré celle de 1929? Nous le verrons la prochaine fois.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2011

    Merci Monsieur Côté, ce travail est fondamental!
    Je commente ce billet car pourriez-vous vérifier les décalages vers la droite des citations? Il y en a beaucoup qui n'ont pas cette indentation vers la droite, et cela rend difficile de savoir ce qui est de Friedman et ce qui est de vous.