La commission Bouchard-Taylor et quelques extravagances qu'on y entend

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor

Faisons d'abord quelques mises au point, car il me semble important que le
lecteur situe correctement celui qui se commet à écrire.
1- Je suis Québécois de choix, non de souche. J'ai passé les quarante
dernières années de ma vie au Québec, et les trente et une premières au
Liban. J'estime donc faire partie du «Nous» québécois, que ça plaise ou
non. Et je n'ai jamais supporté la question rituelle : «de quelle race
êtes-vous?» (SIC).
2- Je suis autant francophone qu'arabophone depuis ma naissance, et même
avant puisqu'à ma connaissance, mes deux parents, mes quatre grands parents
et mes huit arrières grands parents l'étaient aussi. Alors, s'il vous
plaît, pour les leçons de francité, on repassera.
3- Je ne suis pas musulman. Je suis catholique, apostolique et romain. Et
même un peu plus que le pape, puisque je suis maronite.
4- Avant même d'avoir obtenu ma citoyenneté canadienne j'avais déjà opté
en faveur de la souveraineté du Québec, en partant du principe qu'il y a là
un peuple ayant une langue, des institutions, un territoire, une Histoire
qui lui sont propres. Cependant, j'admets que le détenteur d'un droit n'est
pas obligé de l'exercer.
***
Ceci dit, venons-en à quelques faits qui me heurtent sérieusement ces
jours-ci.
1- Un triste sire du village d'Hérouxville s'est taillé une aussi triste
célébrité en prétendant interdire l'excision et la lapidation des femmes
sur le territoire de sa municipalité. Et chacun d'applaudir, aurait dit ce
bon M. de la Fontaine. Mais il se fait que cela fait double emploi avec les
lois criminelles canadiennes et, qu'à ma connaissance, il ne s'est pas
produit beaucoup de cas de lapidation ces derniers temps, pas plus à
Hérouxville qu'ailleurs au Québec ou même au Canada. Je ne crois pas non
plus que les hôpitaux de M. Couillard consacrent beaucoup de temps aux
excisions.
2- J'ai vu de mes yeux et entendu de mes oreilles des ignorants et des
ignorantes s'adresser à des universitaires musulmanes de tous poils pour
leur dire que le voile leur était imposé par les hommes, qu'elles avaient
un statut d'infériorité, et que cela était intolérable au Québec. Soyons un
peu sérieux. N'est-ce pas ces ignorants et ces ignorantes qui réduisent ces
femmes à un statut d'infériorité en voulant les «libérer» malgré elles...
Et sans prendre la peine de les écouter?
Et si ces femmes, répondant à l'impudence par l'impudence, rétorquaient
que les occidentaux ne se sont jamais libérés sexuellement. Mais qu'ils ont
plutôt libéré leurs sexualité, c'est-à-dire leurs pulsions sexuelles? Ce
qui est tout à fait autre chose. Ils sont ainsi devenus les esclaves de ces
pulsions que leur raison ne contrôle plus. Voir, à cet effet, le nombre de
cas de viols, d'agressions sexuelles, de pédophilie qui emplissent nos
médias à pleines pages tous les jours. L'explosion débridée de tous les
fantasmes sur nos écrans, passée une certaine heure de la soirée... Et même
avant. Est-ce cela la libération sexuelle? Ou n'est-ce pas le débridement
de notre sexualité.
Ce n'est pas pour rien que toutes les sociétés, à toutes les époques, sous
toutes les religions, ont établi des tabous sexuels (Cf. Totems et tabous,
de Freud). Ne serait-ce pas que cette pulsion est si puissante qu'elle exige
d'être quelque peu contrôlée pour permettre une vie sociale à peu près
organisée? Et pour que notre humanité prenne, grâce à la Raison et à la
Sensibilité, le dessus sur notre animalité?
Elles pourraient ajouter, ces musulmanes voilées, que si la vue d'un voile
heurte certaines sensibilités, la leur est heurtée à bien plus juste titre
par l'étalage des fesses, des seins, des cuisses, et de tous les attributs
de la sexualité qu'elle soit féminine ou masculine, d'ailleurs. Leur voile
ne serait-il pas tout simplement l'expression symbolique, et combien
timide, d'une pudeur blessée?
Quant au fanatisme islamique qu'on nous brandit à tout instant, je me
permettrai d'apporter un petit témoignage : le mien. Ces musulmans dits
fanatiques, je les ai vus, moi, ne parler à un prêtre chrétien qu'en le
qualifiant de «mohtaram» (respectable). Je les ai vus aussi entrer prier et
allumer des lampions dans nos églises. Je les ai vus participer à des
pélerinages de prières vers nos sanctuaires. Je connais la vénération
particulière qu'ils ont pour la Vierge (oui, la Vierge) Marie : Maryam, oum
Issa, alayhissalam. (Marie, Mère de Jésus, la paix de Dieu soit sur Lui).
Face à cela, nous avons représenté leur plus grand prophète en terroriste
poseur de bombes, au nom de la liberté d'expression. Cette même liberté
d'expression que nous voulons interdire aux femmes musulmanes, afin de les
«libérer»... Malgré elles. Ça pue le colonialisme et le mépris de l'Autre.
Maintenant que j'ai vidé mon sac et mon fiel, dites-moi qui sont les
fanatiques?
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 octobre 2007

    J'aime bien l'expression "Québécois de choix" pour définir ceux qui ont immigré ici.
    Patrice