Bon. On a trop niaisé, et le Bloc n'existe ( quasiment ) plus. On appelle ça un changement de la donne.
Entre-temps, ça discute ferme dans les milieux politisés. Après l'électrochoc, le temps est propice à la récupération, aux analyses orientées, à la restriction mentale et aux demi-vérités en tout genre, autant qu'à une synthèse de tout cela ainsi qu'à des observations moins intéressées et plus pondérées. Tout un chacun prétendra savoir ce que les Québécois ont voulu faire, comme s'ils formaient une sorte de bloc monolithique.
Facal, Bock-Côté, Duhaime et Dumont diront que le Bloc était trop à gauche. Jean-Hermann Guay nous explique déjà que la " québécitude " est " ébranlée ". Le PQ dit que la souveraineté n'est pas en cause, mais continue de s'en distancer. L'ADQ est pas mal mêlée. Charest... bof, Charest... Justin Trudeau, cet inénarrable farceur, claironne la victoire du " fédéralisme ". Gilles Duceppe affirme que les Québécois ont voulu donner " une dernière chance à un parti fédéraliste ".
Certains blâmeront ce qu'ils croient être l'inconséquence des Québécois. D'autres diront, comme l'a fait mardi matin Serge Ménard, que de nombreux souverainistes ont tourné le dos au Bloc. Thomas Mulcair, Amir Khadir et une horde de militants de la gauche diront assister au triomphe de leurs idées.
Suis-je en train de dire que tout ce beau monde est dans les patates ? Certainement pas. Loin de là. Je crois, cependant, que ces diverses perspectives -- de valeur inégale, sans doute -- ne sont pas mutuellement exclusives.
Prenons par exemple le cas de ceux qui prétendent, sur Vigile, que la cheffe du PQ a elle même, directement, provoqué la défaite du Bloc. Je ne peux pas adhérer à cette lecture manichéenne des choses. Cependant, comment ne pas penser que l'incapacité du Bloc à rassembler les souverainistes n'a pas amplifié sa glissade, la faisant passer d'affaiblissement important à déconfiture totale ? Autrement dit, si l'effritement du Bloc est probablement dû à certains facteurs qui n'ont rien à voir avec le PQ, il est fort possible que le souverainisme poussiéreux et démobilisant de ce parti -- et du Bloc lui-même aussi, d'ailleurs -- ait transformé l'effritement en effondrement.
Le populaire fondateur du Bloc répète depuis des années que l'indépendance est improbable, pendant que le Parti Québécois se dote d'un programme parfaitement conforme à cette vision des choses, et propose désormais de " faire progresser " le Québec à l'intérieur du Canada. Allo ? Comment se pourrait-il que cela n'ait pas eu d'effet mesurable sur les appuis au Bloc ?
***
Au delà des interprétations, une chose incontestable ressort avec force de cet exercice électoral : les Québécois, d'une part, et les Canadians, de l'autre, ont voté de façon diamétralement opposée, et c'est le Canada qui est au pouvoir, encore plus que dans le parlement précédent. Cela survient alors qu'aux dernières nouvelles, l'indépendance recueille toujours une faveur considérable, plus élevée que les appuis de la plupart des partis politiques québécois et fédéraux.
Malgré cela, après l'avènement de Québec Solidaire, quantité de désaffections en tous genres ayant pour points culminants les déclarations de Lucien Bouchard et les actions de François Legault, et maintenant les déboires du Bloc, il devient difficile d'ignorer le long démembrement de la coalition dite souverainiste. Cela finira-t-il par toucher le coeur ou la raison de certains péquistes ?
***
En deuxième partie, je reproduis ci-après les grandes lignes d'une analyse publiée avant l'élection, en y adaptant quelques temps de verbes et quelques formules à la perspective d'aujourd'hui.
Les Québécois viennent de délaisser le Bloc pour un parti pan-canadien. Cela pourra sans doute être perçu ou décrit comme un geste d'acceptation, au moins pour un temps, du statut de repli provincial auquel les confine l'ordre canadian.
Mais il y a lieu, tout de même, de relativiser un peu. S'il y a remise en question, dans ce résultat électoral, ce n'est pas tant de l'indépendance ni même du nationalisme québécois, que de l'idée du Bloc, comme opposition fédérale défenderesse des intérêts du Québec à Ottawa. Et ce, du moins, pour le moment, puisque rien ne dit qu'après avoir été déçus une ennième fois par les partis canadian, les Québécois ne pourraient pas de nouveau, un jour, se tourner vers les souverainistes pour les représenter au Canada.
Quoi qu'il en soit, le Bloc n'a jamais vraiment mené une campagne indépendantiste. Il s'est plutôt employé à relayer, tantôt l'opposition, tantôt la colère, tantôt l'indifférence des Québécois. Il l'a fait, bien sûr, sous la marque de commerce " souverainiste ", mais sans plus d'initiative indépendantiste. C'est d'ailleurs cette même mise-en-marché que le Parti Québécois, d'une certaine façon, a éventuellement importée au Québec, tant et si bien que depuis un bon moment déjà, le souverainisme est une sorte de langage codé pour consommation interne, trop ampoulé et parabolique pour rejoindre l'électorat en dehors des cercles très militants et partisans du PQ et du Bloc.
L'indépendance du Québec, reportée à l'infini par les souverainistes eux-mêmes, n'est donc plus à l'ordre du jour, depuis bien avant la campagne de 2011. Évidemment, cela ne peut pas avoir aidé le Bloc qui, devant la fuite d'appuis qu'il avait conquis à titre de simple caution fédérale, a manifestement mal réussi à retenir un vote souverainiste peu mobilisé.
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Pour la suite des choses, maintenant, cette élection soulève l'interrogation suivante : Serions-nous devant le prélude à d'éventuelles difficultés du même genre pour le PQ ? Voilà une question que les péquistes se dépêcheront probablement de ne pas se poser, si on se fie à leur attitude des dernières années. Encore grisés par les grands sparages de leur récent congrès, ils préféreront se dire que la cuisante défaite du Bloc a été provoquée par les médias, les sondages, une mauvaise campagne, une mode ou l'inconséquence de l'électorat. Mieux encore, les uns diront que le Bloc était trop à gauche, et d'autres, trop à droite.
Imaginons tout de même une prochaine élection québécoise où le PQ, aussi uni soit-il, continuerait de vendre à temps partiel son souverainisme dilatoire et incohérent, face à une quelconque figure soudainement montante qui canaliserait une forte envie de changement. À la lumière de ce qui vient de se passer fédéral, comment ne pas penser que cela pourrait constituer un épineux problème pour les péquistes ?
À ce jour, en tout cas, le souverainisme-démissionnaire officiel ne bronche pas. Il faut continuer de se tirer furieusement dans le pied. Être souverainiste en 2011 doit absolument vouloir dire : faire semblant de rien, désirer l'indépendance mais dire ne pas vouloir la faire tout en essayant quand même de la faire sans le dire. Ou quelque chose comme ça.
Il est possible que la conjoncture actuelle soit exceptionnelle. Va, aussi, pour le légendaire biais du journal La Presse, véritable et redoutable adversaire politique des indépendantistes. La Presse fait de la politique, c'est entendu. Quant à Radio-Canada, c'est plus complexe, mais on ne peut ignorer les déclarations de son ancien président sur son rôle en regard de l'Unité Canadian, ni la propension de cette maison à distiller du Canada à tours de bras.
Mais, tout cela ne devrait pas nous dispenser, nous, indépendantistes, de faire notre propre examen de conscience, en portant notamment un regard lucide et objectif sur ceux qui prétendent nous représenter.
Sans blague, qui pensons-nous convaincre avec nos discours, disons-le, contradictoires et vaseux ?
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Explorons maintenant une autre hypothèse.
Il est possible qu'après avoir appuyé un parti canadian à Ottawa, les Québécois soient naturellement portés vers le caractère revendicateur du PQ à Québec. On peut aussi imaginer ces revendications trouvant une certaine sympathie de la part d'un Mulcair, par exemple, dont on remarque depuis son passage au NPD les efforts d'ouverture envers un certain nationalisme Québécois.
Ce scénario serait d'une logique implacable : retour à la soumission fédérale, et donc, des réflexes auxquels cela nous condamne : Nationalisme défensif -- d'autres diraient : affirmation nationale --, quémandage, et observation fréquente de notre nombril. Voilà justement ce à quoi nous convie le PQ avec son programme, d'abord autonomiste.
Évidemment, autant dans cette éventualité que dans celle où le PQ serait battu par un phénomène plus ou moins inattendu, l'indépendance n'est pas au menu dans un avenir prévisible. Encore ici, la logique triomphe : L'indépendance ne reviendra probablement pas dans l'actualité politique sans que quelqu'un, quelque part, agisse en ce sens.
Nic Payne
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
3 mai 2011A.Q.I.N. = QS + PQ + BQ
http://www.facebook.com/pages/AQIN-Pour-que-le-Qu%C3%A9bec-ait-un-avenir/198445146857976
Si les gens encouragent l'union des trois partis, alors ces partis n'auront pas le choix de suivre.
Alliance québécoise pour l'indépendance du Québec
Le 2 mai 2011, les Québécoises et les Québécois ont voté en masse pour le Nouveau parti démocratique (NPD), ce qui a eu pour effet de renvoyer le Bloc québécois au Québec.
Pour différentes raisons, les Québécoises et les Québécois avaient envie de changement. Pour plusieurs, le but était d'empêcher un gouvernement Harper de devenir majoritaire. Pour d'autres, c'était pour le changement, peu importe le changement. Quoi qu'il en soit, nous avons maintenant un gouvernement Harper majoritaire et le NPD a remplacé le Bloc à Ottawa.
Plusieurs disaient que le Bloc n'avait pas de pouvoir à Ottawa. Malheureusement, ces personnes vont se rendre compte assez vite que le NPD n'aura pas plus de pouvoir à Ottawa, et fort probablement moins que le Bloc. Ce ne sont pas les députés du NPD nouvellement élus, dont trois ne peuvent pas s'exprimer en français, qui pourront être à l'écoute de la nation québécoise et encore moins en mesure de la défendre.
Plusieurs personnes, maintenant, se rendent compte que ce fut une erreur, d'autres vont s'en rendre compte dans quelques jours ou quelques semaines.
Le Bloc québécois est d'une certaine façon "mort" à Ottawa. Toutefois, ce parti possède toujours une machine bien huilée avec des gens qui ont beaucoup d'expérience en politique.
Le Québec, de toute évidence, ne partage pas du tout les valeurs de la majorité canadienne anglaise. Au niveau provincial, le Parti libéral du Québec de Jean Charest ne représente pas plus les valeurs de la nation québécoise. Les Québécois veulent construire le Québec, pas le déconstruire et offrir ses ressources naturelles aux plus offrants.
La situation est urgente. A.Q.I.N. est l'acronyme pour L'Alliance québécoise pour l'indépendance du Québec. Si l'on veut construire un Québec fort, il faut une fondation forte, et ça commence par l'État québécois.
A.Q.I.N. n'existe pas. C'est à vous de le créer. La suggestion est que le Bloc québécois serve de noyau sur lequel viendrait se former UN SEUL parti indépendantiste. Ainsi, le Parti québécois et Québec solidaire, et chacune et chacun des Québécois sont invités à former ce parti.
Si nous ne faisons pas un effort, en tant que citoyens, pour unir nos forces, il est dangereux que la division du vote lors des prochaines élections vienne empirer la situation, soit de faire réélire le Parti libéral du Québec.
Cinq ans avec Harper et un éventuel nouveau mandat de cinq ans avec le Parti libéral du Québec serait dévastateur pour la nation québécoise.
Il faut passer à l'action, pour que le Québec ait un avenir!