Sur les ondes de Radio VM, l’ancienne chef du Bloc Québécois, Martine Ouellet croise le fer avec le chroniqueur Mathieu Bock-Côté à l’occasion d’un débat enlevant autour d’une question encore non-résolue chez les indépendantistes québécois : près de 25 ans après le référendum de 1995, que faire, politiquement parlant, pour favoriser l’avènement d’un Québec libre ?
– Cette discussion mérite d’être écoutée jusqu’au bout.
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Source : Radio VM, émission « Sociétés » animée par Nic Payne, diffusée le 4 novembre 2019.
D’un côté, MBC estime qu’au regard du contexte actuel, un certain « détour autonomiste » permettra de réunir les conditions gagnantes pour ramener l’horizon indépendantiste à l’ordre du jour politique. Il s’agit d’exposer (de nouveau) au grand jour les limites du régime canadien. En faisant l’expérience concrète de ces limites, plaide-t-il, les Québécois retrouveront naturellement leur appétit souverainiste. Par ailleurs, il y a lieu, selon Bock-Côté, de craindre les conséquences d’une nouvelle défaite référendaire, d’où l’idée d’emprunter une voie moins « frontale », et d’éviter le piège du « souverainisme incantatoire ».
Martine Ouellet opte quant à elle pour une posture « pariziste ». Cette approche consiste à articuler une offre politique claire et franche en faveur de la réalisation de l’indépendance nationale, en dépouillant le leadership souverainiste de ses errements attentistes qui, objectivement, n’ont rien donné depuis 25 ans. À l’instar de monsieur Parizeau, madame Ouellet insiste également sur la nécessité de préparer sérieusement l’accession du Québec au statut d’État. En s’appuyant sur plusieurs précédents historiques, elle fait remarquer qu’à elles seules, les « crises de régime » ne suffisent pas à stimuler l’aspiration à la liberté. Selon elle, l’ingrédient clé, c’est la volonté politique. Ainsi, sans le courage et le volontarisme d’un Parizeau, l’échec de l’accord du lac Meech, ce pari provincialiste, n’aurait jamais conduit à une vague indépendantiste. À l’inverse, l’incapacité du Parti Québécois à traduire en « conditions gagnantes » les crises ou controverses politiques majeures liées au rapatriement de 1982, au vol référendaire de 1995, à la Loi sur la clarté, au scandale des commandites, etc., s’explique par l’absence, à ces différentes époques, d’un engagement indépendantiste sérieux.
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Sur le fond, les arguments de madame Ouellet nous semblent difficiles à contredire, au même titre que ceux que nous répétait monsieur Parizeau, mais que la plupart de nos chefs de file, hélas, ont fait mine d’écouter sérieusement. Nous vous invitons d’ailleurs à réécouter l’intervention magistrale de celui qu’on appelait « Monsieur », enregistrée à l’occasion du congrès Destination en 2014.
De toutes les « conditions gagnantes », la première et la plus importante n’est-elle pas justement l’engagement des forces indépendantistes à réaliser l’indépendance ?