L’évacuation de la « Jungle » de Calais, vaste bidonville de milliers de migrants dans le nord de la France, a commencé lundi « dans le calme » selon le gouvernement français qui a déployé un important disposif logistique sous haute surveillance.
Emmitouflés dans leur manteau, valises en main, les premiers candidats à la réinstallation se sont présentés dès l’aube pour monter à bord des autocars qui assurent les évacuations vers 451 centres d’accueil, répartis sur tout le territoire français.
Au total, 6000 à 8000 migrants doivent être acheminés durant toute la semaine, les autorités espérant vider totalement le camp pour le démanteler.
Hommes, femmes ou enfants, ils patientaient depuis des mois dans ce campement boueux face aux côtes anglaises, avec, pour la plupart, l’espoir de traverser enfin la Manche pour commencer une nouvelle vie.
« C’est une opération dont on souhaite qu’elle se déroule dans le calme et dans la maîtrise. C’est pour l’instant le cas », s’est félicité à Paris le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Dans le premier groupe à partir, 50 hommes, tous Soudanais. « Ca fait sept mois que je vivais sur la “Jungle”, j’en avais marre », explique Rahim. « N’importe où en France » sera mieux que les tentes du camp, sourit Bachir, 25 ans, dans son sweat à capuche orange.
À l’écart, Mohammed, un Éthiopien, regarde la file se former avec scepticisme. « Je veux passer en Grande-Bretagne, les bus ne m’intéressent pas », dit-il avant de faire demi-tour vers le campement.
Quelque 1250 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour cette opération qui a suscité des heurts sporadiques dans la nuit, avec quelque 120 grenades lacrymogènes tirées.
« Si on arrive à orienter 2000 à 2500 personnes lundi, c’est très bien », a estimé lundi Didier Leschi, directeur général de l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration).
Tout en se félicitant de la « sérénité » des premiers départs, Christian Salomé, de l’Auberge des migrants, se dit pour sa part « beaucoup plus inquiet pour la fin de la semaine, quand il ne restera que les gens […] qui persistent à vouloir rejoindre l’Angleterre ». Ils seraient 2000 dans ce cas, estime-t-il.
«La pire crise migratoire»
Insécurité, exaspération des populations locales, le camp de Calais était devenu un abcès, empoisonnant le débat autour de l’immigration à six mois de l’élection présidentielle. Il symbolisait aussi l’impuissance de l’Europe à faire face à la pire crise migratoire depuis la seconde guerre mondiale.
Fin septembre, le gouvernement socialiste a annoncé le démantèlement en le présentant comme une opération « humanitaire ». Les autorités disent avoir prévu 7500 places d’hébergement dans différentes localités, ce qui a suscité des réactions parfois très virulentes dans les communes d’accueil. Les pelleteuses devraient commencer dès mardi à déblayer tentes et baraquements.
L’évacuation annoncée n’a pas clos le débat politique. Des membres de l’opposition de droite craignent désormais une multiplication de « mini-Calais » dans toute la France, l’extrême droite prône de les renvoyer dans leur pays d’origine.
« Accueillir dans des villes 30, 40 personnes […] ça me paraît être la moindre des choses », a répliqué dimanche le ministre de la Ville Patrick Kanner, en réclamant « respect » et « humanité » pour les migrants.
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