Parce qu’elle touche à notre porte-monnaie et qu’elle est omniprésente dans l’actualité, l’économie est certainement de toutes les disciplines la plus vulgarisée. Mais comme elle est aussi très technique et largement empirique l’économie est hélas un terrain propice à toutes les mystifications. Invité par Alain Finkielkraut dans son émission fétiche « Répliques », l’économiste Olivier Pastré n’a eu de cesse de répéter que l’immigration créait de la richesse et qu’elle était même la [seule] solution au problème de la croissance en Europe, ajoutant « il n’y a pas photo ! » (sic).
Commençons par préciser une chose. Puisqu’elle est supposée vertueuse, la croissance ne peut signifier autre chose que l’augmentation moyenne de la richesse individuelle donc du PIB divisé par le nombre d’habitants et non –comme on nous la présente habituellement – l’augmentation brute du PIB. Première mystification.
Historiquement, l’immigration a été intimement liée à la croissance économique mais corrélation ne signifie pas nécessairement relation de cause à effet. Au XIXème et au XXème, les USA et l’Europe recelaient un potentiel de développement de leurs infrastructures et d’exploitation de leurs ressources minières sans commune mesure avec ce que leur propre population pouvait produire. Nous n’en sommes plus là. Le chômage est omniprésent et ce qu’il reste de croissance est presque exclusivement alimenté par de la dette publique. La relation immigration/croissance s’est même inversée. Entre 1995 et 2014, le nombre de nouveaux immigrés légaux en France a doublé alors qu’au cours de la même période l’augmentation annuelle du PIB/h n’a cessé de baisser jusqu’à devenir négative après 2008. A contrario, l’Asie a connu une forte croissance sans recourir à l’immigration. Analysée finement, l’immigration n’est donc pas le moteur de la croissance mais un catalyseur parmi d’autres. Deuxième mystification.
Enfin, de quel type de croissance parlons-nous? Une économie qui croît sans déficits publics ou bien en les accumulant année après année, est-ce la même chose? Bien évidemment non. D’où la question, l’immigration, mais pour quel type de croissance?
Statistiquement, un immigré contribue au PIB dès le passage de la frontière, via le travail du douanier. Davantage encore s’il est accueilli dans un logement mis à disposition par l’Etat ou bien dans un hôpital pour se faire soigner. S’il parvient à percevoir une allocation de type RMI et à scolariser ses enfants, le PIB du pays d’accueil grimpe toujours avant qu’il ait pu produire quoi que ce soit. Qu’il trouve enfin un emploi, ce qui n’est évidemment pas garanti, encore faut-il que cela ne soit pas au détriment d’un salarié mieux payé. Ajoutez-y qu’une part importante de son salaire ne sera pas consommée mais transférée vers son pays d’origine et vous comprenez que l’immigration prônée par nos élites ne produit de la croissance qu’à travers la dépense publique.
Sans même avoir besoin d’évoquer les conflits de type identitaire, le lien entre croissance et immigration est un leurre, pire un piège mortel pour les générations futures.
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