Brexit, or not Brexit, that is the question?

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Autre pays, autre référendum, même scénario qu'en 1995

C’est un avis personnel et parfaitement subjectif : le prochain référendum sur la sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’Union européenne (23 juin 2016) sera, pour l’ensemble de l’Europe, le vote le plus important depuis le traité de Maastricht en 1992. Deux raisons à cela : d’une part le score sera serré, c’est à peu près certain, d’autre part les répercussions pour nos amis anglais, mais aussi pour nous autres Européens du continent, seront considérables.
Je ne vais pas, ici, discuter des arguments de la quasi-totalité de l’establishment, qui prédit une catastrophe économique, ce serait du temps perdu car il n’y a aucune raison objective pour que cela soit le cas, déjà du simple fait que le Royaume-Uni n’est pas membre de la zone euro. Mais, en revanche, s’il y a Brexit et si une catastrophe s’ensuit, c’est que certains l’auront bien voulu, car lorsque l’on contrôle et les médias et les cordons de la Bourse, il est très facile de provoquer un krach : c’est ce que j’appelle la politique de la terre brûlée, la politique des idéologues pour qui la patrie ne compte pas.
À la place, je voudrais revenir sur un propos de Nigel Farage, qui est passé inaperçu mais qui me semble de première importance. Le leader de l’UKIP et chef de file du camp du Brexit a déclaré, récemment, que même si le « non » l’emportait – non au Brexit, s’entend –, David Cameron serait obligé de consulter le peuple anglais à nouveau dans un délai d’un à trois ans. Son argument étant que l’étroitesse de la victoire des « européistes » serait telle que le Royaume-Uni en sortirait profondément divisé, au point de rendre impossible la formation d’une majorité durable aux prochaines élections.
Dans un premier temps, je me suis demandé quelle mouche avait piqué Nigel Farage. Car il est bien évident que cette proposition pourrait être renversée en cas de courte victoire du camp en faveur du Brexit. En effet, quel meilleur argument pour David Cameron que celui offert par son adversaire pour se justifier de ne pas traduire dans les faits – du moins dans l’immédiat — une victoire du Brexit le mois prochain ? Ajoutez la pression terrible que ses partenaires européens ne manqueraient pas d’exercer sur lui et c’est le scénario irlandais (« non » au traité de Lisbonne en 2008 et « oui » en 2009) qui pourrait bien recommencer. En d’autres termes, si le camp du Brexit perd, le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne, et s’il l’emporte, David Cameron, arguant de l’étroitesse de la victoire, temporise avant de procéder à un nouveau référendum en 2017 ou 2018.
Puis j’ai essayé d’imaginer quel effet produirait ce déni de démocratie – car, indéniablement, c’en est un – sur l’opinion publique anglaise. J’ai interrogé une dizaine de ressortissants britanniques de mon entourage. Tous, sans exception, m’ont répondu que si Cameron s’amusait à ce petit jeu, cela se retournerait contre lui et son camp, les partisans de l’Europe mais aussi le Parti conservateur. Alors, Nigel Farage a-t-il commis une bourde ou, au contraire, tendu un piège diabolique à David Cameron ? Réponse dans quelques semaines.


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