Entamée tragiquement chez nous par le meurtre sordide de six de nos concitoyens de confession musulmane, 2017 a plongé le Québec dans le cauchemar du terrorisme haineux.
Sur une note plus lumineuse, l’année qui s’achève fut celle de la parole libérée. L’année d’un formidable ras-le-bol face aux abus de pouvoir sous toutes ses formes. Sous le mouvement #MoiAussi, la parole libérée est celle de femmes victimes d’agressions ou de harcèlement sexuels.
Du richissime producteur Harvey Weinstein à Gilbert Rozon, le baron déchu de l’humour mercantile, une vague mondiale de dénonciations prend des airs de révolution trop longtemps attendue.
En politique québécoise, la parole s’est libérée sur deux fronts majeurs. De un, de plus en plus de voix réclament la fin du « monopole libéral » incrusté au pouvoir depuis presque 15 ans. De deux, le silence face aux méthodes autoritaires du ministre de la Santé Gaétan Barrette s’est rompu. Le matamore est démasqué et plus personne n’est dupe du fiasco de ses « réformes » ultra-centralisatrices.
Écœurantite aiguë
Sur le front linguistique, le « Bonjour-Hi ! » qui pullule dans les commerces a libéré la parole de nombreux Québécois inquiets avec raison de la précarité du français. Comme quoi, dès que le vase est plein, une seule goutte, aussi anodine soit-elle, finit par le faire déborder.
Devant l’écœurantite aiguë des francophones à se faire constamment accuser de xénophobie, le gouvernement Couillard a dû reculer sur sa très controversée commission sur la « discrimination et le racisme systémique ».
En réaction à l’injustice de la « non-taxation » de Netflix par le gouvernement Trudeau, une union sans précédent d’artisans influents de la culture québécoise a fortement élevé la voix.
Les langues se sont aussi déliées pour dénoncer les crises internes qui se multiplient dans des corps policiers essentiels comme l’UPAC et le SPVM. Après l’arrestation du député libéral Guy Ouellette sans accusation, même le président de l’Assemblée nationale a dénoncé cet abus de pouvoir en sommant l’UPAC d’accuser ou de s’excuser.
Les grands disparus
Les Canadiens n’ont pas digéré non plus les vacances choyées de Justin Trudeau sur l’île privée de l’Aga Khan. Elles ont valu au populaire premier ministre sa première vraie volée de bois vert.
Au municipal, les Montréalais ont signifié clairement leur propre ras-le-bol à Denis Coderre pour son arrogance et son manque d’écoute.
Enfin, dans la catégorie « étoiles » de l’année, le monorail improvisé de Philippe Couillard mérite le prix de l’étoile filante. L’étoile montante : François Legault. L’étoile éclipsée : Jean-François Lisée. La bonne étoile : toutes et tous les Québécois qui ont résolu de s’exprimer au nom du bien commun. Le satellite disparu : Option nationale.
Le prix du « front-tout-le-tour-de-la-tête » revient sans conteste à Jean Charest pour son apparition gênante au 150e du PLQ et ses blagues de mauvais goût sur les enquêtes dont il fait lui-même l’objet.
Sur ce, je vous souhaite une année 2018 débordante de santé et de sagesse. À quelques mois des élections, nous en aurons tous grand besoin.