(Photo PC)
De troublantes révélations sur le passé de Julie Couillard, l'ex-amie de coeur de l'ancien ministre des Affaires étrangères Maxime Bernier continuent à faire surface. Dès sa jeune vingtaine, elle a fréquenté un membre connu de la mafia montréalaise.
Photo PC
Dès sa jeune vingtaine, avant même de fréquenter les motards, Julie Couillard sortait avec un caïd de la mafia montréalaise. Alors que Stephen Harper préfère rester coi au sujet de l'ex-amie de coeur de Maxime Bernier, voilà une nouvelle qui ne manquera pas de faire jaser les partis de l'opposition.
Avant de rencontrer le ministre conservateur Maxime Bernier, Julie Couillard n'avait pas été la conjointe de seulement trois hommes liés au crime organisé, mais bien de quatre. Selon les informations obtenues par La Presse, elle a aussi fréquenté le caïd Tony Volpato, homme de confiance et grand ami de feu Frank Cotroni, chef du clan calabrais à Montréal.
Mme Couillard, qui se présente au public comme une femme d'affaires victime des médias, a fréquenté Volpato au début des années 90. Elle était alors dans la jeune vingtaine, tandis que l'influent mafioso venait de passer le cap des 45 ans. Au moment où il sortait avec elle, Volpato faisait l'objet d'une enquête pour du trafic de cigarettes impliquant des trafiquants de la réserve de Kahnawake.
La preuve contre Volpato reposait essentiellement sur l'écoute électronique. Il en ressort qu'il était le représentant «d'un groupe de financiers» auprès des contrebandiers, en l'occurrence des warriors de Kahnawake et les membres d'un réseau dirigé par Roger Ouellette, bien connu dans la région de Lanaudière. En 1997, Volpato a écopé d'une amende de 8000$ relativement à cette affaire.
La même année, Volpato a été condamné à six ans de pénitencier pour sa participation à un complot d'importation de 180 kg de cocaïne. La preuve a démontré qu'il était un intermédiaire entre le clan Cotroni et des agents doubles de la GRC qui avaient piégé l'organisation mafieuse en acceptant de s'occuper du transport de la drogue. Volpato était aussi en liaison avec le parrain sicilien, Vito Rizzuto, qui détenait le pouvoir à Montréal et ailleurs au Canada, jusqu'à son arrestation en 2001.
En 1998, à la suite de la libération de Volpato au sixième de sa peine, son nom a été évoqué à la Chambre des communes par le député John Reynolds, du Parti réformiste, qui réclamait plus de fermeté envers le crime organisé. Ce parti, auquel appartenait l'actuel premier ministre Stephen Harper, a donné naissance au nouveau Parti conservateur du Canada.
«Anthony Volpato est une des figures de proue de la mafia montréalaise. Il a été condamné à une peine de six ans d'incarcération, et il a été libéré après seulement un an. Ce genre de condamnation doit cesser», avait déclaré le député John Reynolds, en dénonçant les règles de la Procédure d'examen expéditif (PEE) liant la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). En 2001, Volpato a été ramené derrière les barreaux pour avoir manqué à sa parole en continuant de frayer avec des criminels. Il a repris sa pleine liberté l'année suivante.
Originaire de Padoue, en Italie, Volpato est arrivé au Canada en 1950, à l'âge de 4 ans. Ses parents ont passé quelques années à Hamilton, en Ontario, avant de migrer à Montréal. Il a entre autres fréquenté l'école secondaire St. Pius, avenue Papineau, où il s'est notamment illustré au football. Il était aussi très actif au sein du comité étudiant. Il y a près de 40 ans qu'il est dans l'entourage du clan Cotroni.
Après sa rupture avec lui, Julie Couillard a vécu quelques années avec Gilles Giguère, décrit comme le bras droit de l'usurier Robert «Bob» Savard, associé du chef des Hells Angels, Maurice Boucher. Surnommé l'Indien, Giguère s'occupait de collecter les mauvais payeurs. Outre le prêt usuraire, il trempait dans le trafic d'armes et de marijuana. Il a été assassiné en avril 1996, une semaine avant son mariage, parce qu'on le croyait devenu informateur de police. Son corps troué de balles a été trouvé dans un fossé de L'Épiphanie, en banlieue de Montréal. Il avait 46 ans.
Après ce drame, Julie Couillard s'est tournée cette fois vers Stéphane Sirois, un membre des Rockers de Montréal, inféodé aux Hells Angels. Sirois portait encore son dossard quand il s'est marié avec elle. Devant le tribunal, il a raconté avoir quitté le club à la demande de Maurice Boucher, qui n'appréciait pas sa liaison avec l'ancienne flamme de Volpato et Giguère. Sirois est devenu délateur après son divorce, en 1999. Il a joué un rôle clé dans l'arrestation de ses anciens «frères» motards.
Dans le milieu, on laisse entendre que Sirois a été écarté parce que son commerce de drogue dans le secteur de la rue Panet commençait à péricliter depuis qu'il n'avait d'yeux que pour sa nouvelle flamme. Il devait aussi beaucoup d'argent à l'organisation. Avant de s'éclipser, il avait vendu une portion de son territoire aux Italiens, comme cela a été rapporté au cours du superprocès des motards.
En 2004, deux ans après avoir déclaré faillite, Julie Couillard a vécu avec un autre individu lié au monde interlope, Robert Pépin, qui venait de fonder l'entreprise de sécurité D.R.P. Avant de décrocher un contrat du gouvernement québécois, cette société avait été mêlée à des histoires de prêts usuraires dénoncées par l'Office de la protection du consommateur. Criblé de dettes, Pépin s'est suicidé dans ses bureaux de Laval, en 2007.
Mme Couillard a déclaré la semaine dernière avoir rencontré Maxime Bernier alors qu'elle avait été contactée par les conservateurs pour devenir candidate. Leur liaison amoureuse a commencé au printemps 2007. Julie Couillard a participé à quelques rencontres officielles du ministre des Affaires étrangères avant que le scandale éclate et force la rupture du couple. Le député de la Beauce a démissionné de ses fonctions ministérielles pour avoir oublié un document classé secret à la maison de Mme Couillard, à Laval.
Sa démission a été annoncée par le premier ministre Harper quelques heures avant la diffusion d'une entrevue choc que Julie Couillard a accordé à TVA, il y a une semaine. Elle s'est aussi confiée au magazine 7 Jours, propriété de Publications TVA, autre entité médiatique de l'empire Péladeau.
Luc Lavoie présent à l'entrevue de TVA
Fait inusité, le vice-président aux Affaires corporatives du Groupe Quebecor et ancien porte-parole de Brian Mulroney, Luc Lavoie, était présent lors de l'entrevue que le journaliste Paul Larocque a réalisée avec Julie Couillard sur les ondes de TVA, la semaine dernière.
Selon plusieurs sources qui ont parlé à La Presse hier, la présence de l'homme d'affaires aux côtés des journalistes lors de cet entretien en a fait sourciller plus d'un.
Avant d'aller à TVA, Mme Couillard avait demandé 50 000$ au Toronto Star, mais ce quotidien a refusé. Hier encore, la porte-parole du réseau TVA, Nicole Tardif, a répété qu'aucun cachet n'avait été remis à Julie Couillard, ni par TVA ni par 7 Jours. Le magazine à potins qui appartient au groupe Quebecor a aussi publié une longue entrevue avec Mme Couillard.
Nicole Tardif a confirmé la présence de Luc Lavoie lors de l'entrevue, mais elle n'a pu dire pourquoi il était là. «Il était présent, mais je ne peux dire pourquoi, il faut lui demander.» Pour sa part, Luc Lavoie n'a pas répondu aux appels de La Presse. Il a par ailleurs été impossible de joindre Julie Couillard à sa résidence de Laval.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé