Grâce à l'indulgence du gouvernement, le narcotrafiquant international Morris Mayers dispose de 323 ans pour payer l'amende de 775000$ qui lui a été imposée en 2002 pour des importations totalisant 10 tonnes de haschisch.
À la suite d'une entente récente avec le percepteur des amendes du palais de justice de Montréal, Mayers doit rembourser l'imposante amende qui lui a été infligée en septembre 2002, à raison de 200$ par mois.
En costume-cravate, l'homme de 58 ans s'est présenté en Cour du Québec, hier, afin de déposer un reçu attestant qu'il a remis 1200$ pour payer le solde des six derniers mois. À l'issue de l'audience, le juge Jean B. Falardeau, visiblement contrarié, a expliqué que la loi le forçait à se plier à la décision des fonctionnaires.
En vertu d'un jugement rendu le 6 septembre 2002, Mayers avait un an pour payer l'amende de 775 000$. Sinon, il devait purger trois ans de pénitencier. Étonnamment, son dossier s'est perdu dans les limbes bureaucratiques et personne ne s'est soucié de le collecter jusqu'à ce qu'il se présente lui-même au palais de justice en compagnie de son avocat, Me Jeffrey Boro. La cause est revenue devant le tribunal en janvier 2007.
Mayers a alors expliqué qu'il avait fait faillite et qu'il lui était impossible d'acquitter l'amende de 775 000$. Avec sa femme, il était à la tête d'une petite entreprise sur Internet qui lui rapportait de trop modestes revenus. Après avoir examiné son bilan financier, le percepteur des amendes avait accepté qu'il verse 200$ par mois jusqu'à nouvel ordre. L'entente est sujette à révision tous les six mois. Hier, aucun employé du bureau n'a voulu dire combien Morris Mayers a remboursé jusqu'à maintenant.
En juin 2005, à la demande du procureur général du Canada, la Cour supérieure avait déclaré Morris Mayer, le failli, seul et unique propriétaire d'une maison de campagne de la rue Du Domaine, à Wentworth, près de Lachute, et de deux résidences, au 45, rue Joseph-Paiement, à Dollard-des-Ormeaux, et au 4920, rue Nancy, à Pierrefonds.
Avec deux autres membres de la communauté juive de Montréal, Mayers était l'homme clé d'un vaste réseau spécialisé dans l'importation de haschisch au Canada et en Europe. Il était dans le collimateur des policiers canadiens et européens depuis plus de 10 ans quand il a été arrêté par la GRC, en mai 1997. En quatre ans, l'enquête a permis la confiscation de cinq chargements totalisant plus de 10 000 kg de cannabis.
Ce n'est qu'en septembre 2002 que Mayers a été condamné à Montréal. Dans l'intervalle, il avait passé trois ans en taule pour une affaire de contrebande de 300 kg de haschisch en Suisse. En mars 1999, alors qu'il était en liberté sous caution, il avait obtenu la permission du tribunal québécois de se rendre en Israël pour préparer sa défense. Il s'est retrouvé en prison en Suisse après avoir été interpellé en France, lors d'un transfert de vol vers son pays d'origine.
À son retour au pays, à la suite d'une entente avec la Couronne fédérale, Mayers s'était empressé de plaider coupable à une simple accusation d'avoir blanchi 44 millionsde dollars dans le monde, entre 1992 et 1997. Il avait écopé d'une peine avec sursis de trois ans et d'une amende de 75 000$. Il s'était aussi engagé à verser au tribunal une «amende compensatoire» de 700 000$, l'équivalent de sa part des profits engrangés par les trafics.
Morris Mayers, un des barons montréalais de la drogue. (Archives La Presse)
Morris Mayers, un des barons montréalais de la drogue.
Archives La Presse
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