André Noël et André Cédilot - Julie Couillard, ce mannequin qui a accompagné le ministre Maxime Bernier à sa prestation de serment l'été dernier et dans des activités mondaines pendant l'hiver, a continué d'entretenir des relations dans le milieu criminel bien après son divorce avec un motard en 1999, révèle une enquête de La Presse.
Cette année-là, Mme Couillard, alors âgée de 30 ans, a quitté Stéphane Sirois, membre des Rockers de Montréal, le clan guerrier des Hells Angels Nomads. En 2001, le père de Julie Couillard, Marcel, a été condamné pour avoir fait pousser de la marijuana dans une serre hydroponique créée par Sirois.
Avant Sirois, la jeune femme a été la conjointe de Gilles Giguère, bras droit de l'usurier Robert Savard, proche de Maurice Boucher, des Hells Angels. Elle a vécu pendant trois ans avec lui et allait l'épouser. Savard devait être le témoin au mariage, mais Giguère a été assassiné, en 1996.
Tout cela pouvait sembler de la vieille histoire lorsque Maxime Bernier a noué une liaison avec Julie Couillard, l'année dernière. Questionné la semaine dernière aux Communes, M. Bernier, ministre des Affaires extérieures, s'est défendu en disant que cette affaire concernait sa vie privée et que les liaisons précédentes de Mme Couillard étaient du «passé».
Mais ce passé n'est pas aussi lointain que ce qui apparaissait au départ. En 2004, Mme Couillard a vécu avec Robert Pépin, un autre individu qui avait des contacts dans le milieu interlope. Au moment où elle l'a connu, Pépin était en attente de procès à la suite du vol d'une cargaison de marchandises. Il était accusé avec trois autres individus. Il a fini par plaider coupable à une accusation de recel.
La rupture entre Julie Couillard et Robert Pépin s'est produite au début de 2005. Cette semaine, deux journalistes de La Presse ont posé des questions à Mme Couillard sur cette liaison qui a duré un peu plus d'un an. «Comment peut-on revenir avec ça? Cela fait plus de deux ans», a-t-elle dit, dépitée, en fermant la porte de sa maison. (Depuis, elle a appelé quelques médias pour leur vendre toute son histoire à fort prix.)
Robert Pépin s'est suicidé en mai 2007 dans les bureaux de son entreprise, l'Agence d'investigation et de sécurité D.R.P., à Laval. Mme Couillard a été vice-présidente et actionnaire de D.R.P. lorsque tous deux étaient encore ensemble. En 2004, elle a participé à une démarche d'affaires auprès d'un organisme fédéral intéressé dans la technologie biométrique. Une démarche qui n'a pas abouti.
Le rapport d'investigation du coroner sur le suicide de Robert Pépin indique que l'homme de 45 ans a été retrouvé, par un partenaire d'affaires, pendu dans la salle de conférence de la société. «Robert Pépin est associé dans une entreprise de sécurité, écrit le coroner. Cette entreprise est aux prises avec des difficultés importantes à la suite du retrait d'investisseurs potentiels.»
Le 20 mai 2007, Robert Pépin a reçu une assignation à comparaître devant l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'organisme qui surveille les investissements. M. Pépin s'est tué trois jours plus tard. Le coroner écrit que la convocation de l'AMF n'intéressait en rien son entreprise. Cela dit, l'AMF s'intéressait bel et bien à l'Agence D.R.P. depuis au moins un an, comme le prouve un document judiciaire.
Grand train de vie
Au moment de s'enlever la vie, M. Pépin devait environ 1 million de dollars à divers entrepreneurs et créanciers, dont au moins un important «shylock» lié aux Hells Angels. Celui-ci l'aurait déjà menacé. Robert Pépin «se tenait avec plein de monde du milieu criminel», a affirmé une de nos sources, qui le connaissait très bien. Il menait aussi un grand train de vie, notamment pendant sa relation avec Julie Couillard. Le couple sortait dans les bars à la mode et allait dans les restaurants les plus coûteux.
Julie Couillard a créé sa propre compagnie, Casting Cinq Étoiles. Selon des documents du Registraire des entreprises obtenus par La Presse, son associé était alors Robert Pépin, qui vivait chez elle, à Laval. Cette société en nom collectif, qui visait à recruter des figurants pour des films, a existé de 2004 à 2006. Le nom de Pépin a été rayé du dossier après la rupture du couple.
M. Pépin a aussi exploité une société de financement de location de voitures dans le même immeuble que l'Agence de casting Cinq Étoiles de Mme Couillard, boulevard Saint-Martin à Laval. Le commerce de voitures a ensuite déménagé boulevard Métropolitain, à Montréal. À la même adresse se trouvait la firme Zema Finances. Le loyer de Zema était payé par Rocco Di Stefano, un ancien pasteur qui se faisait passer illégalement pour un courtier en valeurs.
MM. Pépin et Di Stefano rencontraient de petits investisseurs pour les convaincre de placer leurs épargnes dans des entreprises comme Zema Finances et l'Agence d'investigation et de sécurité D.R.P. Ces entreprises n'avaient pas les autorisations requises de l'Autorité des marchés financiers pour recueillir des placements.
Des investisseurs ont porté plainte. Ils affirment avoir perdu 1,5 million de dollars en confiant leurs épargnes à Di Stefano. Depuis, l'AMF lui a interdit toute activité dans le domaine des valeurs mobilières.
La Presse a tenté d'obtenir des commentaires auprès du cabinet de Maxime Bernier, hier. Son attaché de presse, Neil Hrab, a répondu par courrier électronique: «Votre question concerne une ancienne amie (du ministre) et vous devriez la contacter sur ce sujet. C'est une question privée.»
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé