Des «commandos d'enseignants» prêts à frapper

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Les enseignants entrent en résistance

(Québec) Les «commandos» vont frapper bientôt dans une école près de chez vous. Les enseignants regroupés sous la Fédération des syndicats de l'enseignement vont entreprendre des moyens de pression percutants, des journées perturbées, pour infléchir la détermination du gouvernement Couillard à sabrer dans leurs conditions de travail.
La Presse a obtenu le plan de match de la mobilisation des 70 000 enseignants pour les négociations en cours, soit une série de 32 fiches contenant autant de suggestions pour rappeler aux parents, aux directions d'école et aux commissaires scolaires les enjeux de la négociation entamée depuis le début de l'année. Pour la majorité, la participation de tous les enseignants est prévue; pour certaines, on prévoit l'intervention de «commandos» pour les appuyer.
Selon Josée Scalabrini, présidente de la FSE, des actions plus légères ont déjà été enclenchées: on a apporté des pupitres devant le ministère de l'Éducation et des groupes ont installé des banderoles ou peint des bancs de neige. Elle minimise l'expression «commando». «Parlons de "présence active" pour faire valoir nos revendications; des gens ont utilisé ça pour dire qu'ils seraient au même endroit au même moment.»
Certaines actions toucheront les classes, convient-elle. Les récréations pourraient être prolongées, les enseignants partiront tout de suite après la cloche ou entreront en classe 10 minutes plus tard. «Il y a une colère qui gronde, nos gens sont créatifs et veulent attirer l'attention sur ce qui est vécu dans notre milieu.»
«Des moyens de pression qui ne dérangent personne, je n'en ai jamais vu. Nos moyens sont respectueux des élèves. Les parents voient depuis des années leur enfant qui n'a pas les services requis. De voir qu'on bouge et qu'on veut faire cheminer ces élèves, ils vont comprendre qu'on ne veut jamais nuire à l'élève.»
Lors d'une précédente négociation, «les méchants enseignants se sont retrouvés devant le Conseil des services essentiels parce qu'ils refusaient de distribuer les berlingots de lait aux élèves. Cette année, avec les derniers 200 millions de coupes, certaines commissions scolaires ont décidé de tout simplement mettre fin aux berlingots! Et personne n'en parle!», s'insurge Mme Scalabrini.
Actions «intenses»
Chaque opération a son nom, souvent ironique. Parmi les gestes «intenses»: «Fais mon job, tu veux?», où on s'échangera les classes pendant une période. Il y a aussi l'«Opération payée à l'acte», au cours de laquelle les enseignants enverront une facture au directeur d'école pour les tâches réalisées en surplus. Avec la «Journée raccourcie», les enseignants quitteront l'école dès que la cloche sonnera, ou, «option B», ouvriront la classe 10 minutes après le début du cours.
Autres actions «intenses»: l'occupation des bureaux des directeurs de commissions scolaires - on vise ici une quarantaine d'occupations pour l'ensemble de la province. Pour nuire à ces rencontres souvent inutiles avec la direction, les enseignants feront sonner leurs cellulaires ou provoqueront une «inondation de requêtes de toutes sortes à la direction ou à la commission scolaire». À cinq reprises, on jouera dans «Au bout du rouleau»: les enseignants feront livrer à la direction «un voyage de rouleaux de papier de toilette ou d'essuie-tout vides».
Parmi les mesures d'intensité moyenne, on note des autocollants de superhéros, le regroupement des enseignants durant les surveillances, l'engorgement des boîtes de courriel; des commandos, à une quinzaine d'occasions, se chargeront de remplir les boîtes vocales à la commission scolaire et au ministère de l'Éducation. On prévoit aussi des «journées silencieuses», où aucune parole ne sera échangée avec la direction.
Un «commando par école» sera chargé de déployer la banderole de la FES; une dizaine d'opérations sont visées.
Des actions plus douces, de niveau «léger», débordent le simple port du macaron syndical, la signature de pétition et l'application de 60 000 vignettes «électrostatiques» sur la porte des classes. Par «Je suis un artiste», on voudra illustrer, en peignant la neige, la tâche effectuée en surplus par les professeurs. Les enseignants rempliront des fiches sur leur tâche, des documents qu'un commando livrera à la commission scolaire. Avec «J'existe!», l'enseignant contribuera à la construction d'une murale illustrant sa précarité d'employé.


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