Les 30 ans de la mort de René Lévesque - Juger sur les résultats

L'héritage de René Lévesque et l'histoire d'un échec

Les revendications du Québec ne sont plus prises au sérieux par personne, ni au Canada ni ailleurs dans le monde

9bcafb4e4c9143a1099d8974a1dba8c4

Le temps est venu de tirer des conclusions de l'histoire

Avec ma troisième chronique, je continue cette série qui traite de la façon de redonner aux Québécois francophones un rapport de force favorable, condition indispensable à tout changement de statut politique.


L'HÉRITAGE DE RENÉ LÉVESQUE ET L'HISTOIRE D'UN ÉCHEC



Les revendications du Québec ne sont plus prises au sérieux par personne, ni au Canada ni ailleurs dans le monde. C'est peut-être que toute l'affaire n'a jamais été considérée comme sérieuse ? Dans le but d'alimenter le débat sur l'avenir politique du Québec, je propose une réévaluation des événements qui ont marqué un demi siècle de péquisme. Bien que cinquante ans se soient écoulés sans que le statut du Québec ne soit modifié à son avantage, il y a encore beaucoup de préjugés sur les causes réelles de cet échec qui, malgré son évidence, est encore nié par l’élite politique et le milieu universitaire. Trouver des explications appropriées à ce qui fut une dégringolade de notre potentiel d'affirmation nationale nous semble indispensable avant de reprendre l'offensive en faveur de nos droits et libertés. Voici un rappel historique chevillé aux faits et dépourvu d'esprit partisan. C'est un condensé de cinquante années de péquisme.


Les années péquistes


L'option de René Lévesque


Le Parti québécois a été fondé sur l'idée de réaliser une forme de souveraineté-association avec le Canada. Son orientation constitutionnelle aboutissait à une refonte du fédéralisme, ce que René Lévesque écrit dans son livre  Option Québec. Pour le Québec, c'était « jouir d'un minimum vital d'autonomie interne » dans le cadre d'une union monétaire et économique avec le Canada. Le pays réformé prendrait pour nom l'Unité canadienne. Cinquante ans plus tard, la confusion continue de régner sur les véritables objectifs constitutionnels de ce parti dans bien des esprits, notamment chez ses dirigeants. Il est clair pour quiconque se donne la peine de repasser le fil des événements qu'une orientation indépendantiste bien comprise, si on respecte le sens des mots, n'a jamais prévalu au sein du PQ, et ce, même du temps de Jacques Parizeau. Au moment du référendum de 1995, ce dernier pouvait compter sur les doigts de la main les appuis au sein de son cabinet. Tous les autres étaient déjà passés dans le camp de Lucien Bouchard, prêt à passer le rouleau compresseur d'une austérité bien provinciale et, surtout, à oublier les folies constitutionnelles des dernières années. C'est ce que me rappelait récemment Richard Le Hir, lequel avait été nommé ministre à la Restructuration à l'époque.


Le parcours du PQ, sous la gouverne de René Lévesque, Pierre-Marc Johnson, André Boisclair, Bernard Landry, Lucien Bouchard n'est pas, et n'a jamais été, indépendantiste ; à moins de se laisser duper par quelques déclarations patriotiques pour sauver les apparences ou se duper soi-même. Comme le fait, pour citer un exemple, cette vidéo d'Option nationale, qui commence avec cette perle : « Lors de nos deux récentes tentatives d'accéder à l'indépendance...». Ainsi, réclamer un mandat pour négocier la souveraineté-association devient, par la magie des mots, une « tentative d'accéder à l'indépendance ». Une déformation de la vérité qui sévit encore, après cinquante ans, et qui est d'autant plus révélatrice qu'Option nationale se targue d'avoir fait plus que quiconque ses devoirs sur la question nationale.


Qu'on ne soit jamais parvenu à faire consensus sur les orientations essentielles du PQ constitue une faiblesse qu'il a lui-même contribué à entretenir, une confusion sur les objectifs qui a eu les conséquences les plus graves dans les reculs successifs que ce parti ( pas à lui seul évidemment ) a fait subir au Québec depuis cinquante ans.


Une ambiguité constitutionnelle jamais surmontée



« Je ne blâme point ceux qui désirent dominer, mais ceux qui sont trop disposés à obéir »


(Hermocrate de Syracuse, cité par Thucydide 4, 61, 5)



L'ambiguïté constitutionnelle insurmontable du PQ s'expliquerait par deux raisons.


La première se situe dans l'opposition entre le Québec et le Canada. Le Parti libéral du Canada et les fédéralistes de tout bord n'ont jamais ménagé les efforts pour accoler au PQ l'étiquette péjorative de « séparatisss... », et de « parti qui veut briser le Canada, le plus beau pays du monde ». Cette propagande martelée sans arrêt avait pour but de préserver le statu quo en peignant le PQ sous les traits les plus repoussants. Bien que dépourvu de rigueur sémantique, ce braquage a toujours rapporté gros dans les urnes et, surtout, à l'occasion des deux référendums. Si les chefs fédéralistes à Ottawa n'ont jamais voulu d'une séparation, ils ne voulaient pas davantage d'une réforme qui aurait octroyé des droits politiques égaux aux « descendants des vaincus »,  comme George Brown, - véritable père de la Confédération (1867) – l'avait promis lors des débats parlementaires sur la Confédération. C'est par leur démagogie tapageuse contre le « séparatisme » que les fédéralistes, bien en selle à l'offensive, sont parvenus à faire oublier leurs promesses constitutionnelles mille fois brisées depuis 1867. Bien des péquistes, novices en matière constitutionnelle, se laissent prendre à ce jeu de propagande, avalant à leur tour la méprise que leur parti était prêt pour l'indépendance. Une thèse rarement démentie dans un sens ou dans l'autre, laissant commodément planer toutes les équivoques.


La deuxième raison se situe dans le camp autonomiste et, à ce titre, mérite la plus grande attention. Elle part de l'étonnante dissolution du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), une décision dans laquelle il est difficile de voir d'autre motif que celui de servir l'unité nationale. L'esprit du temps - plus optimiste qu'aujourd'hui ! - portait à une union moins partisane du camp national afin de donner plus de poids à la volonté du Québec de se réaliser selon ses propres intérêts. Cette dissolution était un moyen de dernier recours pour réaliser l'unité, suite au refus réitéré de René Lévesque de considérer tout projet de fusion entre les deux partis. Le Ralliement national (autre parti souverainiste à l'époque) avait déjà rejoint Lévesque. Alors pourquoi le RIN ne le pourrait-il pas ?


Le RIN, fondé au début des années 60, avait fait un bon bout de chemin dans sa réflexion constitutionnelle avec Marcel Chaput, lequel n'entretenait aucune illusion sur le Canada. Contrairement au PQ, il revendiquait l'indépendance pure et simple comme solution nationale. Au-delà de la question constitutionnelle, les positions du RIN sur les questions linguistique et sociale indisposaient grandement Lévesque. C'est pourquoi il ne voulait rien entendre de ce parti. Mais si, selon lui, une fusion n'était pas possible avec le RIN, comme elle l'avait été pour le RN, pourquoi fallait-il proscrire tout dialogue stratégique entre ces deux entités du camp national ? N'était-il pas hautement souhaitable de favoriser un maximum de cohésion ? Une attitude inspirée par un rassemblement purement stratégique n'aurait-t-elle pas permis de sortir de cet imbroglio par le haut, au bénéfice de l'avenir politique du Québec ? Mais l'intransigeance de René Lévesque, qui avait brillé antérieurement chez les  libéraux provinciaux, y mit un frein.


Les membres du RIN rejoignirent donc le PQ, mais un à un, amenant avec eux des convictions indépendantistes qui contrastaient avec celles des « ex-libéraux progressistes » de René Lévesque. De ce mariage forcé - désiré par Bourgault et combattu sans succès par d'autres au RIN - résulta une froide cohabitation entre des « indésirés » et des « légitimes ». Cette relation difficile éclata au grand jour lorsque l'on vit la mine déconfite d'un René Lévesque écoutant le discours de Bourgault au Congrès de 1971. À toutes fins utiles, Bourgault, qui restait un chef charismatique remarquable, ne sera malheureusement jamais accepté par la direction du parti.


On pourrait aussi y voir une affaire de personnalités : Bourgault n'avait-il pas eu la maladresse de qualifier Lévesque de « maudit épais » ? Mais c'était, bien au-delà des personnalités, l'expression la plus visible de ce qui était devenu une friction continue entre deux approches politiques face à l'avenir politique du Québec. Bref, c'est celui qui doutait de tout et de lui-même qui ouvrira la marche et mènera les troupes au combat, avec Bourgault, celui qui ne doutait surtout pas, sur le banc des punitions. À Ottawa, le général en chef s'en réjouissait.   


Une affaire bâclée aux graves conséquences


Cette affaire bâclée va marquer le PQ pour les décennies à venir. D'abord, le geste d'abnégation patriotique qu'avait été la dissolution du RIN ne fut jamais reconnu comme tel. On aurait pu le faire pour au moins tourner la page avec élégance, pour ne laisser derrière ni perdants ni victimes. Au contraire, loin de la reconnaissance attendue, on instilla le doute sur la légitimité des plus déterminés à réclamer l'indépendance. La méfiance contamina la vie du parti et rendit impossible l'ouverture de tout débat permettant de poursuivre l'oeuvre de Chaput et d'Allemagne ( André ). La fermeture d'esprit rendit impossible qu'on accède, par des délibérations sereines entre militants, à une lecture plus claire des fragilités statutaires du Canada. Le parti, privé d'unité et de l'envergure nécessaire, incapable d'élever le niveau pour aboutir à une stratégie tournée contre le talon d'Achille du Canada, opta pour l'étroitesse des ambitions. On écarta la question constitutionnelle qui se situe pourtant au cœur des intérêts fondamentaux de la nation. On la retira des délibérations politiques pour la remettre éventuellement entre les mains d'avocats comme Lucien Bouchard. Au PQ, il ne fut donc jamais question de faire feu de tout bois contre le Canada.  


Même si beaucoup l'ont oublié aujourd'hui, ou sont trop jeunes pour en avoir eu connaissance, les frictions se poursuivirent sans relâche. À titre d'exemples, rappelons les emblématiques crises du « renérendum » et du « beau risque » et, de nouveau, à chaque fois que surgissait la fort délicate question de choisir un chef capable de rallier tout le monde. Le chef est immanquablement perçu comme  « trop provincialiste » ou soit « trop indépendantiste ». En fait, ce dernier cas ne concernera que Jacques Parizeau. Curieusement, les mêmes membres choisiront tour à tour des « chefs » aussi opposés que Pierre-Marc Johnson et Parizeau. Ils seront d'ailleurs tous les deux éjectés. Au final, on peut dire que la cohabitation des provincialistes et des indépendantistes n'a jamais été résolue, si ce n'est par la prépondérance indéniable des premiers sur les seconds. En d'autres mots, l'esprit de Lévesque l'emportait toujours sur celui de Bourgault, une constante dont on peut suivre la trace jusqu'à Jean-Martin Aussant qui claqua la porte en 2011.


Résumons. Dans un combat pour les droits et libertés nationales, au sein d'un État dont les faits remontent à 1663, plus de cent ans avant la conquête anglaise, un chef issu des « descendants des vaincus », - mots de Brown - qui ne peut être qu'un chef d'état major, devrait s'efforcer de fédérer toutes les forces, travailler à bâtir la confiance entre elles pour constituer un front commun patriotique le plus large possible. Au lieu de cela, René Lévesque a maintenu nos forces dans la division. Il a décidé en catimini, avec Claude Morin - qui de son propre aveu recevait de l'argent de la Gendarmerie royale du Canada pour des rencontres clandestines - de toutes les questions décisives : question référendaire douteuse - de l'avis de tous - (1979), absence de plan pour continuer le combat, qui n'était qu'un début, en cas d'un « non » (1980), négociations constitutionnelles bâclées et catastrophiques – nous y reviendrons dans la quatrième partie - (1981), lesquelles préfiguraient la nuit des longs couteaux et le rapatriement de la constitution (1982), qu'on refusa d'ailleurs de contester, se repliant comme d'habitude dans  la soumission.


Parallèlement, notre état major, qui ne voulait pas assumer ses responsabilités, a provoqué la cristallisation des divisions internes par des parti pris de plus en plus clivant et obsessif justifiés par la hantise de l'extrémisme, une fixation de René Lévesque. Comment peut-on plaider la cause de René Lévesque et de son passif ? Je n'en sais rien. En tout cas, il est clair que l'atmosphère de méfiance rendait impossible un dialogue politique constructif chez les « descendants des vaincus ». D'où le délaissement des enjeux constitutionnels et statutaires, et, naturellement, l'absence d'approfondissement de ces questions qui demandaient pourtant qu'on s'y attarde. Plombée par ces carences, à l'opposé du camp fédéral, qui ne pensait qu'en termes stratégiques, la direction du PQ ne forma jamais un état-major politique digne de ce nom. De surcroît, chez les militants, tant membres que sympathisants, l'absence d'éducation politique de niveau acceptable vint compléter le portrait. C'est ce qui résume la vie misérable du PQ depuis cinquante ans.


Réussir partout sauf en politique


Il ne faudrait pas voir dans cette analyse un dénigrement du Québec et des Québécois. Bien au contraire. Tous savent que le Québec, fort de son identité francophone pluri centenaire, s'est distingué depuis la fin des années cinquante pour atteindre des niveaux d'excellence enviables dans le domaine des arts – cinéma, musique, théâtre – des sports, de la science et du monde des affaires. C'est en politique, domaine réputé pour être particulièrement difficile et ingrat, que le Québec a déçu toutes les attentes. En cinquante ans, nous avons réussi partout, sauf en politique ! Un constat qui s'imposa d'évidence avec la démission de Jacques Parizeau, à un moment clé d'un rapport de force tendu, certes, comme si la lutte politique avait le luxe de se payer des vacances. Déclarer si vite forfait était une capitulation inespérée qu'Ottawa n'attendait même pas. Chez les partisans, on attendait de Gaulle, on a eu la Bérézina.  


L'histoire nous apprend que, s'agissant de Lévesque, de Bourassa - et son fameux discours patriotique répercutant l'échec de l'entente du lac Meech - ou de Parizeau, effondré, et de tous les autres, le rapport de force, lorsqu'il se tend, devient vite une charge insoutenable. Or, qui ne s'accroche pas avec la dernière énergie à se défendre dans les moments difficiles, quand l'objectif devient plus palpable et concret, met à risque toutes ses ambitions. Comme le dit si bien l'expression, l'histoire ne repasse pas les plats. C'est pourtant ce que nous apprend la légendaire pugnacité des Anglais ! Ou des Juifs ! Comme l'a si bien rappelé Lionel Groulx dans des pages bien inspirées dans lesquelles il nous les proposait en exemples.


Notre histoire trébuche. Elle le fait avec une récurrente et lancinante incapacité d'agir avec fermeté au-delà du seuil qui met en cause le confort du statu quo. Nous sommes un peuple qui avait commencé d'atteindre un degré d'émancipation nationale enviable en 1663, mais sans pouvoir la consolider suffisamment avant la Conquête. Mais pour bien des Québécois qui se mêlent de politique, la modification du statut politique de la nation ne mérite pas une chicane de famille. C'est à la fois l'expression paradoxale de notre existence nationale et de sa faiblesse sur le plan politique. Il nous faut mesurer combien il est difficile de sortir du rang, de s'élever à un niveau jamais atteint, pour ceux qui n'ont jamais acquis dans leur histoire nationale la tradition d'exercer le pouvoir et de le tenir pour leur propre compte. C'est ce qu'on appelle ailleurs l'État profond, un État permanent – qui n'a pas que bon, on le sait ! - qui assure la continuité en s'affirmant dans la durée. Ce manque d'atouts peut expliquer, sans toutefois excuser, tous ces combats abandonnés prématurément, avant leur véritable dénouement, par une direction politique immanquablement ramollie. Cela doit bien compter pour une bonne moitié de nos déboires.   


Je me demande où se cache notre meilleure source d'inspiration. Elle se trouve peut-être dans l'histoire exceptionnellement inspirante de la Nouvelle-France. Un modèle sans égal dans les annales des colonisations européennes, comme le rappelle justement Madame Morot-Sir. Une exemplarité dénigrée à tort et à travers, et qu'on a même renoncé à transmettre. Serait-ce parce qu'il s'agit là d'une rare histoire d'alliances réussies et d'intrépides gagnants ? Plus récemment, elle se trouve aussi cette inspiration, cet encouragement, dans les éclatants succès que nous avons connus dans tous les domaines. C'est pourquoi, en dépit de notre piètre performance en politique, nous ne devrions pas nous contenter de ce petit pain d'un statu quo constitutionnel qui nous a été imposé par des autorités étrangères.


Le statut politique du Québec doit changer ! Et pour le changer nous avons de nombreux défis à relever. Sans tradition d'autonomie politique et sans enracinement dans la machine d'État, il nous faut faire notre glace en patinant, innover, et, surtout, travailler à briser le funeste réflexe qui nous porte à accrocher nos patins aux premiers signes de redoux.


Le poids de l'héritage de René Lévesque


Nous vivons aujourd'hui la continuité des positions prises à la fin des années 1960 et qui n'ont jamais évolué depuis. Tous les successeurs de René Lévesque ont repris son triste héritage, comme un legs positif, sans jamais le remettre en question. La lignée se voit chez Bernard Landry, poussant Françoise David à fonder Québec solidaire (FPU) et, à son tour, chez Pauline Marois incapable de rallier l'indépendantisme de JM Aussant. Combien de fois Lévesque n'a-t-il pas poussé ses opposants vers la sortie ? Cette attitude, qui va de pair avec la valeur facultative qu'il accordait à la cause nationale, a encouragé l'institutionnalisation du PQ comme simple parti d'alternance provinciale. Les forces se sont forcément cristallisées, peu à peu, produisant une véritable division nationale des Québécois. C'est à ces résultats déplorables, c'est à ces fruits indigestes qu'il nous faut juger de l'arbre péquiste.


Oui, les Québécois ont connu de belles occasions de se réjouir et de fraterniser en cinquante ans, dont ces magnifiques fêtes nationales sur le Mont-Royal. Mais pour ce qui est du fondamental, l'avenir politique du Québec, tout ce qui a trait au domaine du pouvoir et de nos droits, nous n'aurons connu que des échecs : le Canada, d'esprit multiculturel et protestant, sec et dépourvu de magnanimité, ne nous a jamais rien cédé. Il a même durci et consolidé sa position, resserrant son emprise sur notre destinée à chaque fois qu'il le pouvait.


Parallèlement, il faut voir cette chute comme la conséquence de combats si mal planifiés qu'ils ne pouvaient conduire qu'à la défaite. Avec un bilan aussi traumatisant, pas étonnant que le Parti québécois veuille parler de n'importe quoi, sauf de souveraineté, cause pour laquelle sa cote de crédibilité n'a cessé de fléchir. Pas étonnant non plus que le discours politique sur notre destin national soit devenu si rachitique et cynique. Maintenant que le décor est planté, poursuivons dans l'exploration des causes moins évidentes de notre chute. La quatrième partie de cette série fera l'objet de ce décryptage.


_______


On peut lire la première partie de cette série ici et la deuxième partie à cette adresse.


Featured 11c309e183a1007b8a20bca425a04fae

Gilles Verrier140 articles

  • 224 993

Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Martin Pelletier Répondre

    3 novembre 2017

    Cinq gouvernements péquistes ont  fait la  preuve, hors de tout doute, que ce parti était INCAPABLE  de faire la souveraineté du Québec


    Qu'est-ce qui n'a pas marché? 


    Une fois élus, les députés péquistes ont pris goût à administrer la province de Québec et ont oublié pourquoi on avait voté pour eux. Les vrais traitres à la cause ce sont eux et non les fédéralistes comme on a toujours dit. 


    Le grand procès du PQ va avoir lieu après l'élection de 2018. Il va falloir que ce parti mange toute une volée (il pourrait perdre son  statut de parti officiel s'il obtient, comme je prédis, moins de 12 sièges)  pour qu'il cesse enfin de snober les souverainistes.  


  • André Gignac Répondre

    3 novembre 2017

    Monsieur Verrier


    Votre constat sur le PQ des 50 dernières années est très réaliste. Pour moi, présentement, ce parti est devenu un boulet, une nuisance à notre évolution collective; il rejoint le PLQ, la CAQ et QS à cet effet.  Pour sortir de ce cul-de-sac politique ou du statu quo actuel dont nous sommes embourbés sans l'espérance d'en sortir un jour à cause de ce système fédéral à sens unique, il faut que se crée le plus rapidement possible un parti résolument indépendantiste qui signifierait au gouvernement fédéral notre volonté de prise en main définitive par l'indépendance. Nous n'avons plus rien à attendre du gouvernement central d' Ottawa surtout après le rapatriement de la constitution "canadian" à sens unique en 1982 sans l'accord du Québec. Fini les référendums, deux de perdus c'est assez!



    Ce nouveau parti en prenant le pouvoir enclenche immédiatement l'indépendance et il se dote ou il écrit une constitution québécoise à être entérinée et votée par le peuple québécois au moment opportun point à la ligne! Ainsi, nous rejoindrons le concert des nations et nous aurons des relations d'égal à égal avec tous les pays du monde. Fini les relations dominants/dominés que nous subissons depuis des lustres avec le gouvernement central d'Ottawa  du pays des autres.  Avec l'assimilation en cours qui  menace dangereusement notre existence collective, nous n'avons plus de temps à perdre. Comme M. Pierre Bouchard, je suis pour un traitement choc afin de sortir le peuple québécois de sa torpeur actuelle sinon nous disparaissons. Fini la dépendance, on se responsabilise en se prenant en main avec NOTRE PROPRE PAYS, LE QUÉBEC. INDÉPENDANCE OU ASSIMILATION!



    André Gignac 3/11/17 


  • Pierre Bouchard Répondre

    1 novembre 2017

    Combien de fois avons-nous dit et entendu que le PQ doit se remettre en question, tirer leçon de ses erreurs ? Votre texte est admirable, il permet concrètement de procéder à cette introspection.


    J’apprécie beaucoup l’effort que vous mettez à nous montrer la trame des événements, à montrer d’où viennent nos prétentions à survivre et comment, aujourd’hui, nous sommes insignifiants politiquement. Lucide, vous restez optimiste, vous nous permettez d’espérer.


    Il est utile et nécessaire de comprendre ce qui se passe, c’est incontournable si on veut sortir un jour de notre torpeur. Il est légitime d’en vouloir au PQ.


    Il sera extrêmement difficile de convaincre les militants, les sympatisants et la population des torts de René Lévesque mais c’est pourtant nécessaire. Il faudrait pouvoir « démagnifier » René Lévesque et son époque, faire accepter le mal qu’il a fait au Québec dans sa collaboration avec Claude Morin et ses mauvaises décisions lors des événements cruciaux. Il faudrait, pour le mouvement et pour la population, tirer les leçons qui s’imposent. Il faudrait peut-être un documentaire choc comme L'erreur boréale.


    *******


    Nous sommes producteurs, consommateurs et bénéficiaires, nous n’avons pas de temps à perdre à jouer au citoyen de la Cité. Nous sommes comme les autres occidentaux, à la différence que notre peuple est en danger de mort. À cet égard, la santé et l’avenir de notre peuple, les Québécois restent volontairement dans le déni, comme un enfant-roi habitué à réclamer sans s’engager.


    Je pense que les Québécois, en majorité ou pour une grande part, voudraient une réforme constitutionnelle plutôt qu’une séparation pure et simple du Canada, mais ils refusent en même temps ce que ça implique, soit qu’il faut d’abord se séparer quand même.


    En 1995 la moitié des Québécois, 60 % des Canadiens-français ont dit non au Canada tel qu’il est et pourtant, rien n’a changé, le Canada continue son travail de sape et nous continuons à disparaître petit à petit. On aurait pu s’attendre, au contraire, à une certaine compréhension et à une évolution positive. Non, on nous ignore.


    Il faut d’abord se séparer pour espérer ensuite être entendu, pour forcer le reste du Canada à écouter ce que nous avons à dire. Pour l’instant et depuis plusieurs années, nous ne comptons plus dans ce pays, tout se passe au-dessus de nos têtes.


    La société québécoise est fortement conditionnée à rejeter ceux qui s’indignent et qui font des histoires, tout doit être simple. La chicane est formellement interdite et si, pour ça, il faut s’empêcher de débattre, eh bien on ne débattra pas. On est comme ça.


    J’ai grandi avec cette façon bien à nous d’envisager les problèmes : on endure, ce n’est pas grave si on fait tout le boulot, si on paye tout, après ça ira mieux et il n’y aura plus de problème. C’est ça l’important. Ça ne dérange pas d’en faire plus que les autres pour le moment, après ça ira mieux et on n’en parlera plus.


    C’est comme ça qu’on pense. On cherche à éliminer le problème rapidement peu importe comment, on cherche la paix inconditionnellement. On cherche la paix même si pour l’atteindre, comme peuple, on se meurt encore un peu plus.


    Cette recherche impérative de paix et de tranquillité entraine une certaine insouciance au regard de l’avenir de la communauté, du peuple. À mes yeux c’est grave.


    La majorité des Québécois ne comprennent pas ou refusent qu’il faut « faire la guerre », qu’il faut bousculer les choses pour changer ce qui ne va pas. Nous sommes les descendants des vaincus et encore aujourd’hui, puisque que le dominant continue à nous dominer, notre esprit demeure colonisé.


    *******


    Imaginons que le PQ met fin à l’ambiguïté et s’affiche ouvertement confédéraliste par exemple, et non plus indépendantiste ou souverainiste. S’il est sérieux et conséquent, s’il s’adresse principalement à nous (enfin) et cesse de favoriser notre lente mort dans le multiculturalisme canadien, et si ça permet de rassembler enfin tout le monde, allons-y, je voterai PQ.


    Cessons de nous battre à côté du champ de bataille, cessons de laisser le champ libre à ceux qui refusent toute réforme constitutionnelle et refusent même d’en parler.


    Nous n’avons pas signé cette Constitution, cela devrait se traduire par des actes concrets. Si nous devons absolument faire comme si nous avions signé, et c’est bien ce que nous avons toujours fait, à quoi sert donc cette signature ?


    Que le mouvement national québécois se donne enfin un objectif clair et compris par tous, qui permet de rassembler le plus grand nombre, et qu’il affronte enfin le Canada. Pas le PLQ, la CAQ ou QS. Le Canada et ses institutions qui nous empêchent de vivre et d’évoluer normalement.


    Que le PQ soit indépendantiste ou confédéraliste, ou qu’il meure et que d’autres partis surgissent, il faut être minimalement nationaliste, on n’en sort pas. Et il faut du courage. Vous avez raison de souligner que « le rapport de force, lorsqu'il se tend, devient vite une charge insoutenable. Or, qui ne s'accroche pas avec la dernière énergie à se défendre dans les moments difficiles, quand l'objectif devient plus palpable et concret, met à risque toutes ses ambitions. » 


    Je pense que les élus du PQ et les autorités du parti ont complètement intégré la culture du dominant, ils sont devenus multiculturalistes eux-aussi et ainsi, ils ont perdu de vue l’objectif, soit assurer notre pérennité, la pérennité du peuple Canadien-français. Ils en sont rendu à vouloir un État politique indépendant pour reproduire le Canada au Québec.