Quand Péladeau fait de l'ombre au PQ

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Rira bien qui rira le dernier

(Québec) Pour l'opposition péquiste, la rentrée parlementaire ne se passe pas au Parlement, justement. La course à la succession de Pauline Marois occulte quotidiennement les efforts honnêtes de Stéphane Bédard et de ses troupes pour attaquer le gouvernement Couillard.
Ce n'est pas Pierre Karl Péladeau qui s'en préoccupera. L'automne dernier, il avait choisi le jour précis où sa formation déposait une motion de censure envers le gouvernement - un temps fort, normalement, dans la stratégie parlementaire - pour aller confirmer à Montréal qu'il entrerait dans la course. On lui demanda de surseoir à son projet, en vain. Le soir, aux bulletins de nouvelles, c'était silence radio sur la stratégie parlementaire du PQ.
Cette semaine, le favori de la course à la succession de Pauline Marois donnait, et pour longtemps, des munitions aux adversaires libéraux et caquistes. Profil bas sur le référendum, mais il laisse tomber sur son site web, sans hésiter: «C'est pourquoi, lors des prochaines élections, je souhaite obtenir le mandat de réaliser concrètement l'indépendance du Québec.»
Les adversaires libéraux se sont frotté les yeux, n'en espérant pas tant. Eux qui avaient tant bien que mal fait recette avec «les cinq années de perturbations» postréférendaires, échappées durant la course de 2005, par Pauline Marois. Cette seule phrase du futur chef les met en position de ressortir l'épouvantail d'une élection référendaire.
Son appel pour «une toune en français» au spectacle de Groenland, en Abitibi, fin janvier ne lui aura pas valu beaucoup de sympathie. Même dans le Journal de Montréal, la chroniqueuse Lise Ravary y voyait «un message d'intransigeance en matière de langue». L'Infoman Jean-René Dufort, cette semaine, couplait l'appel de Pierre Karl Péladeau en spectacle aux imprécations tout aussi stridentes d'un enquêteur de l'Office de la langue, personnifié par le comédien Yves Jacques, il y a des années. Rien pour attirer les jeunes au PQ.
Faible appui chez les jeunes
Les sondages de Jean-Marc Léger, membre du conseil d'administration de TVA, martèlent l'avance insurmontable de Pierre Karl Péladeau sur ses adversaires. À chaque sondage, les Drainville, Cloutier et Ouellet forment un second peloton compact où personne ne se démarque. Un chiffre frappe dans ces coups de sonde: le PQ ne récolte plus que 17% d'appui chez les 18-24 ans, bien moins que les 25% que, sans chef, il est capable de récolter au niveau provincial. À titre de comparaison, Québec solidaire n'a que 9% d'appuis en général, mais récolte celui de 20% des jeunes.
Conscient que la partie est jouée, Jean-François Lisée a décidé de jeter l'éponge. Bernard Drainville, plus stratège, a entamé un rapprochement avec le chef en devenir. Le député de Marie-Victorin, qui insiste pour que les candidats ne se «maganent» pas entre péquistes, a proposé une déclaration commune à M. Péladeau pour critiquer Philippe Couillard. Un drapeau blanc pour préparer le lendemain du vote.
Alexandre Cloutier et Martine Ouellet ont jusqu'ici un parcours sans fautes. Le premier a récolté l'appui, considérable, de Véronique Hivon. La seconde s'en est fort bien tirée au débat devant les étudiants et surtout à Tout le monde en parle. En Chambre, ses prestations tombent toujours dans le mille, bien loin des interventions empesées et grandiloquentes de Pierre Karl Péladeau. Péniblement, le magnat de la presse s'est dégoté cinq appuis au sein du caucus, le même nombre que Bernard Drainville. Une performance surprenante pour un candidat qui, dans les sondages, domine ses adversaires.
La course à la direction du PQ tiendra le haut de l'affiche à Québec au moins jusqu'au dépôt du budget de Carlos Leitao, dans la dernière semaine de mars. Encore là, ce ne sera qu'une éclipse bien éphémère, le PQ et sa direction monopoliseront les feux de la rampe jusqu'à la mi-mai, le nouveau chef n'aura que quelques jours pour se faire valoir avant l'ajournement pour l'été.
La CAQ cherche un filon
Personne ne se souvient que, sans une performance remarquable de François Legault aux débats télévisés, au printemps 2014, la Coalition avenir Québec aurait probablement disparu des écrans radars. À l'Assemblée nationale, François Legault est à la tête d'un parti qui cherche visiblement le filon qui lui permettra d'être de nouveau en phase avec l'opinion publique.
Un jour, on fait dans l'identitaire et préconise que la Charte québécoise des droits puisse servir à traquer les musulmans intégristes. Le lendemain, on revient sur l'économie et réclame que Transports Québec s'occupe des projets de transport collectif que Québec a envoyés dans la cour de la Caisse de dépôt. Toutefois, on ne précise pas si le gouvernement doit alourdir en conséquence son service de la dette. Les caquistes ont eu aussi un peu de fil à retordre pour expliquer leur opposition à l'abolition des régies de la Santé, dont ils réclamaient pourtant la disparition depuis des mois.
François Legault doit composer aussi avec des ego compliqués. Sylvie Roy, l'ancienne vedette de l'ADQ, désespère à force de jouer les seconds violons. Christian Dubé, la caution économique est parti, remplacé jusqu'à un certain point par François Bonnardel. Gérard Deltell prépare sa campagne avec les conservateurs de Stephen Harper et ne sort plus guère de sa circonscription.


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