Le « désert législatif » en matière d’accommodements religieux perdurera encore des mois. À moins d’un coup de théâtre, le projet de loi sur la neutralité religieuse de l’État sera soumis aux voix seulement à l’automne prochain, a indiqué le leader parlementaire, Jean-Marc Fournier, mercredi.
Le premier ministre, Philippe Couillard, a demandé à la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, de consacrer toutes ses énergies à « bonifier » le projet de loi visant à faciliter l’intégration des immigrants au marché du travail afin qu’il soit adopté d’ici juin. « Le [projet de loi] 98, on le remet à l’avant-plan parce qu’il parle d’inclusion. […] Il y a certainement un enjeu d’accès aux professions. Alors, on s’attarde là-dessus », a souligné M. Couillard plus de deux semaines après l’attentat terroriste à la grande mosquée de Québec.
Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, s’est réjoui de voir le gouvernement libéral « comprendre l’urgence de légiférer pour offrir à des Québécois d’origines diverses un meilleur accès aux professions », et ce, près de trois ans après s’être vu confier les commandes de l’État.
Il suggère d’ajouter au projet de loi 98 — qui est « très, très limité » dans sa forme actuelle, selon lui — une série de « mesures robustes » afin d’intensifier la lutte contre le « racisme ordinaire et extraordinaire » et la « discrimination » au Québec.
Le PQ propose notamment d’interdire aux employeurs d’exiger comme condition d’embauche une expérience de travail au Canada. Il préconise également de sévir — à coups d’amendes notamment — contre les employeurs ou les propriétaires « pris en flagrant délit de discrimination » respectivement à l’embauche ou encore au logement. « On peut très bien envoyer des inspecteurs qui se font passer pour des chercheurs d’emploi pour démontrer la discrimination, comme le ministère de la Santé envoie des jeunes femmes qui ont l’air d’avoir 24 ans, mais qui en ont 17, pour prendre des dépanneurs en flagrant délit de vente d’alcool ou de cigarettes », a expliqué M. Lisée.
M. Couillard a invité le chef de l’opposition officielle à lui « présenter » ses « suggestions ». « Je le rassure, s’il y a des idées qui viennent de lui, on le dira », a-t-il précisé dans un point de presse en fin de journée.
Le chef libéral avait adopté un tout autre ton durant la période des questions mercredi matin lorsqu’il a durement égratigné le projet de charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois. « Je ne voudrais pas revenir sur les événements malheureux dont ce parti a été l’auteur, qui ont mené effectivement à une augmentation… », a-t-il déclaré avant d’être interrompu par les hauts cris de l’opposition officielle.
M. Couillard a par la suite dit ne pas avoir cherché à tisser implicitement de lien entre « la charte » et l’attentat terroriste du 29 janvier dernier. « [L’épisode de la charte] a augmenté la tension entre les communautés », a-t-il soutenu.
Projet de loi 62 : plus petit dénominateur commun ?
L’étude détaillée du projet de loi 62, qui obligerait les Québécois à donner ou recevoir un service de l’État à visage découvert, est mise en veilleuse jusqu’à l’été prochain, a annoncé M. Fournier.
Il a aussi évoqué la possibilité que le gouvernement soumette aux voix le projet de loi sans avoir l’assurance que des élus péquistes, caquistes ou solidaires se lèvent pour l’appuyer. « On a encore du temps pour espérer voter ensemble sur ce qui fait consensus. [C’est le] plan A », a-t-il toutefois martelé.
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