On critique, on critique mais la Loi sur la nébulosité religieuse de l’État parvient à nous faire oublier les pervers du showbiz local. Elle s’inscrit aussi dans l’actuelle «transformation» du Québec.
On ne la sent pas tous les jours, cette transformation. C’est comme un gaz pernicieux, une sorte de chloroforme destiné aux résistants... À ceux qui refusent la modernité absolue.
On ne l'explique guère, non plus. Comme la «rénovation» qui a apparemment modifié l'ordre des choses mais sans toucher aux acquis, aux privilèges et aux abus.
C’est sans doute parce qu’on regarde devant, là où naît habituellement l'espoir. Mais c’est derrière qu’il faut regarder.
Comme l’a dit Stéphanie Vallée, la boniface du ministère de la Justice, on est comme dans un gros autobus : on avance en arrière! Visage découvert ou pas.
De toute manière personne ne pipera mot, surtout pas les chauffeurs du SCFP, tous d'un naturel enrobé et conciliant...
On devrait d’ailleurs en faire un slogan en remplacement du «Je me souviens»sur nos plaques d’immatriculation. «Je me souviens» a quelque chose d’identitaire. «Avancer en arrière» conviendrait mieux à notre époque, à cette métamorphose qui s’impose insidieusement dans l’espace public comme dans nos têtes.
D’après ce que l’on voit ces jours-ci, surtout à Montréal, transformer le Québec, c’est le faire revenir au temps des soutanes, des prédicateurs et des presbytères. Avec Coderre dans le rôle du bedeau.
On a beau avoir faire vœu de laïcité, on doit désormais apprécier sans mot dire les voilettes de l’islam, les imams barbus et les sympathiques mosquées. Dans la Grosse Poire, on prie Allah à genoux sur le trottoir...
Ainsi entrons-nous dans la modernité, cet état d’esprit si cher à la gogauche anti identitaire et aux contrôleurs cosmopolitiques de l’opinion pudique.
C’est peut-être ce qui explique pourquoi Québec solidaire fait si bonne impression à la Presse et à Radio-Canada. La gauche, c’est le côté du cœur, ailleurs que des cons...
Espérons tout de même qu’on n’use pas inutilement nos neurones à comprendre où veut en venir notre libéral gouvernement.
«Transformer» le Québec me semble être un défi tellement colossal que je me demande s’il ne faudrait pas se mettre à genoux immédiatement.
Pour prier le ciel, Jésus, Marie, Joseph, Justin, Stéphanie et Mélanie, et tous les dieux qui nous font marcher sur la tête depuis la nuit des temps.
Pour «transformer» le Québec, ça prendrait un thaumaturge. Quelqu’un pour mijoter des miracles et autres opérations du Saint-Esprit. Un saint ou quelque être similaire.
Mais pour qu’un Messie survienne, il faudrait pouvoir y croire. Ce qui n’est plus très facile de nos jours. Les Québécois ne croient qu'à eux-mêmes, individuellement, et qu'une fois sur Instagram.
Ça cogne à la porte, quelle coïncidence, deux Témoins de Jéhovah, les yeux brillant de foi:
- Comment voyez-vous l’avenir?
- Euh... Avec Stéphanie Vallée, ça devrait bien aller...
- Laissez-moi vous lire un passage de la Bible. C’est dans Ésaïe, ça dit : Et les peuples de la Terre seront égayés...
- C’est ce que je disais : Ça va bien aller... Surtout dans les autobus...
Parce que c’est super simple, vous savez! Si après dix ans de débat, le libéral gouvernement de Philippe Couillard a accouché d’une loi qui, ma foi, se compare à une paire de vieilles gencives ramollies, c’est parce qu’il se subordonne à Ottawa. De là l’embrouillamini. Les nuances qui n'en sont pas. Les diktats contradictoires. Le Jell-O législatif...
Parce que le gouvernement des Québécois ne peut pas répondre à la volonté de la majorité de la population. Pourquoi? Parce que le Québec est une province.
Il ne peut pas contrevenir trop ouvertement à la Charte fédérale des droits et libertés. La liberté de religion, c’est sacré ailleurs au Canada. Et tout est centré sur l’individu.
L’original chef du NPD, Jagmet Singh, a parfaitement résumé l’attitude qui prévaut dans le ROC : «Je suis pour les droits de la personne. N’importe quel droit»...
Alors, portez-les si vous voulez, vos voiles, vos sandales et vos djellabas. Faites comme chez vous. Dans ce pays, tout est permis... Ce qu'en pense la majorité des Québécois n'a aucune importance.