2011? Une véritable descente aux enfers. L'état du Québec n'aura jamais été aussi précaire.
Au plan économique, la pente descendante s'est accentuée, en 2011.
Le Québec industriel a vu deux de ses illustres secteurs, la forêt et les chantiers maritimes, par l'action du gouvernement fédéral, amorcer leur déclin définitif. Dans le cas de la forêt, par leurs impôts au fédéral, les Québécois ont fourni davantage d'argent à l'Ontario pour qu'elle relance son secteur automobile que tout le Canada n'en a fourni au Québec pour relever son secteur forestier. Dans le cas du chantier maritime du Québec qui a la cale sèche la plus importante du Canada et du Nord-Est du continent, le fédéral a accordé 30 milliards$ de contrats à la Nouvelle Écosse et 0 cent de contrat au chantier maritime de Lévis.
En agriculture, dans sa négociation d'un traité de libre-échange avec l'Europe, le Canada abordera et abandonnera bientôt la gestion de l'offre qui, depuis des décennies, principalement au Québec, a signifié une stabilisation de plusieurs types de production .
2011 a vu les exportations québécoises ralentir. Pourquoi? Essentiellement parce que la devise canadienne s'ajuste à la réalité pétrolière de l'Ouest. Et un dollar fort exerce obligatoirement une pression à la baisse sur les exportations.
Les infrastructures du fédéral ne font pas exception. Elles se délitent aussi. Mais en 2011, nous avons appris que dorénavant certaines propriétés fédérales qui sont en territoire québécois seront payées par les Québécois uniquement et deux fois plutôt qu'une. Une fois par les 50 milliards d'impôts annuels qu'ils envoient à Ottawa et une fois par le payage direct des passages sur le pont Champlain.
Au moins si le Québec était porteur d'une vision de développement digne du 21e siècle: une économie du savoir, de l'innovation, dans un choix de créneaux stratégiques, intégrant toutes les institutions et les niveaux de pouvoirs et sollicitant pour tout de suite quelques grandes décisions structurantes comme un réseau de transport rapide reliant toutes les capitales régionales du Québec entre elles et ces dernières avec leurs principaux marchés du Nord-Est du continent. Mais non.
En lieu et place d'une vision du 21e siècle nous est présentée dans le Plan Nord une illusion géographico-fantasmique et exotico-folklorique typique des colonisés."Venez vous servir, on paie tout!." Au moins Duplessis, pour la cenne/la tonne qu'il demandait, disait aux exploitants (ou exploiteurs): "Débrouillez-vous. Vous paierez vos chemins, vos voies ferrées, vos aéroports, vos installations électriques. Je vais me contenter d'une cenne mais fichez- moi la paix pour le reste!". Charest, lui, leur dit: "Donnez-moi deux cennes mais je vous paie tout." À telle enseigne qu'il nous faudra en débourser cinq pour en récupérer deux.
Le pire n'est pas là. C'est la prise de conscience de l'état de décomposition avancée de la situation étatique qui aura marqué l'observateur moyen en 2011.
D'abord la poursuite du démantèlement du modèle québécois. Feu Québec-Inc. L'affaiblissement des capacités économiques de l'État par l'accroissement phénoménal de la dette. Et celles de ses capacités managériales par la multiplication des projets en PPP où le privé se voit confier à la fois les travaux de conception, de planification, d'exécution, de surveillance et d'évaluation. Avec en prime, à la fin de sa vie utile, l'obligation de retourner l'infrastructure désuète au patrimoine collectif. Et on recommence!
Finie la fierté à l'endroit de nos sociétés d'État. La Caisse de dépôt et de placement du Québec, après avoir mal géré les PCAA, s'est canadianisée et s'est mise à nous parler en anglais, Hydro-Québec, après avoir essayé de nous imposer le Suroît s'est commise dans celle de Bécancour qui nous coûtera, en 20 ans, trois milliards$ d'indemnités à verser à une entreprise albertaine pour qu'elle ne fonctionne pas! Et tous ces permis pétroliers d'exploration et d'exploitation qui nous appartenaient et qui valaient des milliards et qui ont été cédés pour moins d'un million à des entreprises étrangères.
Après toutes ces dilapidations jamais le Québec n'a été autant rapetissé et confiné aux salles d'urgence, aux nids de poule et à l'aide aux devoirs, sans marge de manoeuvre et toujours plus dépendant de la créature fédérale. Des missions importantes il va sans dire. À la hauteur d'une province certes mais pas à celle d'un peuple ou d'une nation qui a le devoir de planifier et de garantir son avenir.
Le plus lourd demeure la question éthique. En 2011 toutes les limites ont été dépassées. Le comportement coupable du gouvernement libéral a éclaboussé et tiré par le bas toute la classe politique. Entachant même la réputation de tout le Québec. Plus grave encore, ces accrocs systémiques à l'éthique ont singulièrement épaissi la couche de cynisme qui couvrait déjà la population en général et conduit bon nombre de citoyens à réviser leur rapport à l'État, à la nation, au collectif, à l'intérêt général.
Nous sortons "tout croche" de 2011. Souhaitons que 2012 nous redresse un peu!
Très très Bonne Année à toutes et à tous!
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